Interview de Bachar al-Assad avec la chaîne TV russe NTV, 24 juin 2018.
Source : https://sana.sy/en/?p=140830
Traduction : Sayed Hasan (abonnez-vous au Blog et à la Page Facebook ; pour contribuer à la traduction et à la diffusion des articles/vidéos, contactez-moi.)
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Transcription : [...] Journaliste : Qu'attendez-vous de la Russie à cet égard ? Vous avez tant d'acteurs (présents en Syrie) à propos desquels vous avez affirmé qu'ils devraient tous quitter la Syrie, et que la nation syrienne demandera un jour à tout le monde de quitter ce terrain. Qu'attendez-vous de la Russie à cet égard ? Parce que nous sommes des alliés, nous sommes amis depuis...
Président Assad : L'amitié entre la Syrie et la Russie est ancienne, elle date de six décennies, mais nous avons conclu une alliance militaire depuis plus de quatre décennies.
Nous avons deux raisons : premièrement, la Syrie et la Russie ont un intérêt à combattre et à vaincre le terrorisme, en Syrie, en Russie, partout dans le monde. C'est donc la première attente et le premier but.
La seconde attente est sur le long terme. La Russie est très importante pour l'équilibre du monde, que nous avons perdu depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Ainsi, avoir la présence de la Russie, militairement et politiquement, en Syrie, au Moyen-Orient et dans le reste du monde, est très important pour cet équilibre. Ce n'est pas seulement important pour la Russie elle-même et pour les autres grandes puissances, c'est très important pour les pays plus petits comme la Syrie d'avoir cet équilibre. Donc c'est ce que nous attendons de la Russie aux deux niveaux : combattre le terrorisme et avoir un équilibre global.
Journaliste : Je suis allée dans la Ghouta orientale et j'ai vu à quel point elle est détruite, l'ampleur (colossale) des destructions, et d'après ce que je sais, vous avez besoin de 400 milliards de dollars pour reconstruire le pays. Mais l'Occident affirme qu'ils ne donnera pas un centime tant que vous serez au pouvoir. Que pouvez-vous faire dans cette situation ? Parce que vous devez reconstruire tout le pays.
Président Assad : Franchement, c'est la meilleure déclaration occidentale dans toute cette guerre, le fait qu'ils disent qu'ils ne participeront pas à la reconstruction en Syrie, parce que très simplement, nous ne leur permettrons pas d'y participer, qu'ils viennent avec de l'argent ou pas, qu'ils proposent un prêt, un don, ou une subvention, peu importe ; nous n'avons pas besoin de l'Occident. L'Occident n'est pas honnête du tout : il ne donne pas, il ne fait que prendre. Tout d'abord, nous n'avons pas construit la Syrie à travers l'histoire avec de l'argent étranger ; nous l'avons construite avec notre argent, avec nos ressources humaines. Malgré la guerre, nous avons toujours les ressources humaines pour reconstruire tous les secteurs de notre pays. Nous ne sommes pas inquiets à ce sujet.
En ce qui concerne l'argent, avant la guerre, nous n'avions aucune dette, parce que nous avons construit notre pays avec les prêts de nos amis. Donc nous n'avons pas d'argent [de dette]. Vous pouvez avoir des prêts de vos amis, vous pouvez avoir de l'argent des Syriens vivant à l'étranger, des Syriens vivant à l'intérieur et de l'argent du gouvernement. Donc nous ne sommes pas inquiets à ce sujet. Cela peut prendre plus de temps, mais nous ne sommes pas du tout inquiets au sujet de la reconstruction de la Syrie. N'oubliez pas que la reconstruction après la guerre, quand vous parlez de 400 milliards, plus ou moins – c'est approximatif –, c'est toute une économie, tout un marché, tout un investissement. Donc lorsque les Européens parlent de venir participer à la reconstruction, ils ne viennent pas pour aider la Syrie ; ils viennent pour prendre de l'argent. Et de nombreuses entreprises européennes sont en train de prendre contact avec nous pour qu'on leur permette de venir investir en Syrie.
Journaliste : Cela se fait en privé ?
Président Assad : En privé, bien sûr. Mais bien sûr, avec le soutien de leurs gouvernements. Donc ils ont besoin de ce marché, ils sont dans une situation désastreuse sur le plan économique depuis 2008, la plupart des pays européens. Ils ont besoin de nombreux marchés. La Syrie est l'un d'entre eux, et nous n'allons pas leur permettre de faire partie de ce marché, tout simplement.
Journaliste : Quand nous parlons de la reconstruction de tout le pays, cela signifie le rétablissement de la confiance et de l'amitié entre les Syriens, parce que nous pouvons voir la situation en partie comme une guerre civile, lorsque le frère tire sur le frère, à cause des différentes religions ou de toute autre considération. Dans ce cas, vous commencez par un comité constitutionnel. L'opposition a fait sa liste pour le comité constitutionnel. Vous présenterez-vous au prochain mandat présidentiel ? Comment restaurer cette structure politique de votre pays ?
Président Assad : Tout d'abord, nous n'avons pas de guerre civile, parce que la guerre civile est basée sur des lignes sectaires, des lignes ethniques, des lignes religieuses, et ainsi de suite. Nous n'avons pas cela en Syrie. Vous pouvez aller partout, en particulier dans les zones sous le contrôle du gouvernement, et vous pouvez y voir le spectre complet de la richesse/diversité de la société syrienne existante, et les gens qui vivent ensemble et coexistent.
En fait – et ce n'est pas une exagération, c'est un fait –, la guerre a été une leçon très importante. Ainsi, cette société diversifiée est devenue beaucoup plus unifiée qu'elle l'était avant la guerre, parce que nous avons appris une leçon. Alors que si vous allez dans les zones sous le contrôle des terroristes, ils ne représentent aucune couleur de cette société ; en réalité ils ne reflètent que leur incubateur, et les gens qui n'ont pas d'autre choix que de vivre dans ces zones, qui n'ont pas d'autre choix. Donc nous n'avons pas à nous inquiéter d'une (pseudo) guerre civile. Ce ne sont pas des gens qui se tirent dessus ; ce sont des mercenaires, ce sont des terroristes. Vous avez des terroristes dans votre pays, en Russie, et ils sont Russes, mais ils ne représentent pas une partie de la société, ils représentent leur propre idéologie. Nous avons la même situation en Syrie. Donc en ce qui concerne l'unification du peuple, elle ne pose aucun problème.
En ce qui concerne la présidence, il y a deux facteurs : le premier est ma volonté, et elle reposera sur le deuxième facteur qui est la volonté du peuple syrien. Nous avons encore trois ans. À ce moment-là, en 2021, le peuple syrien sera-t-il prêt à accepter cette personne, ce Président, oui ou non ? Si ce n'est pas le cas, qu'est-ce que je pourrais faire à la Présidence ? Je ne pourrais rien faire, je ne pourrais pas réussir, je ne pourrais rien apporter à mon pays, donc la réponse sera non. Si le peuple syrien souhaite ma présence, j'y réfléchirai, mais il est encore tôt, nous avons encore trois ans jusqu'à ce moment-là.
Journaliste : Mais qu'en est-il de toutes ces réformes constitutionnelles qui ont été demandées par les Nations Unies ?
Président Assad : Nous avons fait des réformes en 2012, et maintenant nous avons la conférence de Sotchi, ils vont en discuter. Toute réforme constitutionnelle n'est pas liée au Président, elle n'est pas liée au gouvernement, elle est liée au peuple syrien, donc il doit y avoir – si nous devons procéder à n'importe quel amendement ou changement ou quoi que ce soit –, cela se fera par référendum, un référendum national. S'il y a un référendum national et que le peuple soutient une nouvelle Constitution, bien sûr que nous allons le faire, mais ce n'est pas lié à la volonté des Nations Unies ou des pays étrangers, ce n'est pas le cas. Ce processus sera complètement syrien. Si les Syriens ne veulent pas de changement, il n'y aura absolument aucun changement. [...]
A suivre...
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