Bachar al-Assad : la Syrie de demain sera résolument tournée vers l'Orient

Discours du Président de la République Arabe Syrienne Bachar al-Assad le 20 août 2017, devant les membres du corps diplomatique syrien

Voir la transcription du discours complet : http://reseauinternational.net/aout-2017-discours-du-president-al-assad-devant-le-corps-diplomatique-syrien/

Traduction : Mouna Alno-Nakhal

Sous-titres : http://sayed7asan.blogspot.fr Transcription :
[...] Quelles sont les orientations futures de la politique syrienne ? Nous commencerons par la règle classique que nous avons adoptée depuis les premiers jours de la guerre, laquelle repose sur deux points. Le premier : continuer à combattre et à écraser les terroristes, partout où ils se trouvent,en coopération avec les Forces alliées et les amis. Le deuxième : poursuivre la réconciliation nationale, partout où il le faut, car elle a fait preuve de son efficacité de différentes manières et c'est en ce qui nous concerne une chance pour arrêter l'hémorragie et reconstruire le pays.

Le troisième point est l'amélioration de nos contacts extérieurs. Le fait est que l'opinion publique occidentale a beaucoup changé. Et vous, au ministère des Affaires étrangères, vous êtes les mieux placés pour en suivre les détails. Ce n'est pas seulement l'opinion publique occidentale qui a changé, mais l'opinion publique mondiale, et en particulier l'occidentale. Elle a changé surtout parce que (les populations) ont découvert, après des années, que le récit (de propagande) n'était pas bien ficelé. Sept ans qu'on lui raconte le même mensonge à propos de l'État qui tue son peuple, du monde qui soutient le peuple contre l'Etat, lequel est resté debout. C'est un discours inconsistant voué à l'échec et illogique même pour des enfants.

Les populations ont découvert que leurs responsables mentaient et que leurs médias traditionnels étaient eux aussi associés aux mensonges des responsables et de l'État. Aujourd'hui, les populations ont découvert que l'histoire racontée est fausse, cela ne signifie pas nécessairement qu'elles connaissent la vraie histoire ; cette tâche est de votre ressort et au cœur de votre travail de diplomates. Maintenant que les portes de la vérité ont été ouvertes, nous devons la présenter à l'opinion publique mondiale et plus particulièrement à celle de l'Occident.

Le quatrième point est la promotion de l'économie, d'autant plus que votre congrès coïncide avec la « Foire internationale de Damas », laquelle donne un grand signal dans cette direction. Promouvoir les opportunités économiques déjà disponibles et celles qui pourraient l'être dans un proche avenir. À ce stade, permettez-moi de dire que l'économie syrienne est entrée dans une phase de reprise, lentement mais sûrement, bien que nous soyons en état de siège presque total. Cela aussi fait partie des missions essentielles de la diplomatie syrienne.

Le cinquième point est très important : nous devons nous orienter politiquement, économiquement et culturellement vers l'Orient (l'Est). L'Orient étant pris surtout au sens politique, et également en partie au sens géographique. Cet Orient aujourd'hui, sans définir les pays qui le composent, ce qu'en tant que diplomates vous définissez parfaitement, l'Orient possède tous les éléments du développement. Il n'est plus dans le « Second monde » comme par le passé, mais fait partie du « Premier monde » dans tous les sens du terme,du moins en ce qui concerne nos besoins en tant que pays en développement. Il n'est pas nécessaire de rechercher le dernier cri en matière de sciences, mais pour tout ce qui est essentiel, l'Orient possède avec certitude tous les biens et toutes les capacités dont nous avons besoin. Cet Orient possède donc les éléments de science et d'économie, il possède les éléments de civilisation (qui font défaut à l'Occident), nous traite d'égal à égal avec respect, sans diktats, sans orgueil et sans arrogance.

Autant de comportements pratiquement absents du côté de l'Occident, lequel ne nous a rien offert même dans les meilleures périodes. Les choses les plus simples, telles les missions scientifiques (nous ont été refusées). Ainsi, quand il pense qu'une spécialisation pourrait avoir un impact significatif sur le développement en Syrie, il nous interdit d'y inscrire nos étudiants. Par conséquent, nous ne devons pas compter sur l'Occident. Je parle d'une expérience de plus de quatre décennies, et notamment depuis la Guerre d'Octobre en 1973.

L'Occident d'aujourd'hui est atteint de paranoïa. S'il parle de Communauté internationale, il parle de lui-même, le reste du monde étant probablement composé pour eux de troupeaux de bétails et non de sociétés. S'il coupe ses relations avec nous, il pense nous avoir coupé l'oxygène. Et s'il ferme ses ambassades, il dit que nous sommes isolés même si nous avons conservé nos relations avec des dizaines d'autres pays. Nous sommes donc un pays isolé, mais combien de nos ambassadeurs à l'étranger sont aujourd'hui présents dans cette salle, et combien d'ambassadeurs de l'étranger sont présents en Syrie ? Nous ne sommes pas isolés comme les Occidentaux le croient. C'est leur arrogance qui les amène à penser de cette façon.

Dernièrement, nous avons commencé à entendre parler de la possibilité de réouverture des ambassades de certains pays occidentaux qui se sont comportés en ennemis de la Syrie et qui se sont tenus du côté des terroristes. Certains disent qu'ils ouvriront leurs ambassades en échange de notre coopération en matière de sécurité, ou prétendent que nous n'accepterions la coopération sécuritaire qu'à condition qu'ils ouvrent leurs ambassades ; en dépit du fait qu'il ne nous a pas été demandé si nous accepterions la réouverture de ces ambassades. Ce discours suggère que nous attendrions ce jour avec impatience, comme si nous étions assis sur le côté de la route attendant le jour de la délivrance où ces ambassades étrangères nous ouvriraient leurs portes ; et sinon toutes, au moins une. Alors, peut-être que nous pourrions nous sentir en notre être, peut-être que nous pourrions ressentir notre légitimité perdue du fait de leur absence, et plus encore, peut-être que nous éprouverions le sentiment d'avoir retrouvé notre honneur et notre dignité nationale lorsqu'ils rouvriront leurs ambassades en Syrie. C'est ainsi qu'ils pensent.

La vérité est que n'avons jamais évoqué ce sujet de cette façon. Nous n'avons jamais dit que nous acceptons une coopération en matière de sécurité en échange de l'ouverture des ambassades. Nous disions qu'aucune relation n'était possible, y compris en matière de sécurité, qu'en cas de « couverture politique », laquelle suppose une relation politique saine, rendue impossible tant que les pays en question soutiennent le terrorisme. C'est pourquoi nous serons clairs : il n'y aura ni coopération sécuritaire, ni réouverture des ambassades, ni même de rôle pour certains pays ayant récemment commencé à dire qu'ils voudraient participer à la résolution du problème en Syrie, tant qu'ils n'auront pas coupé leurs relations avec le terrorisme et les terroristes, de manière claire, explicite et sans ambiguïté. Ce n'est qu'alors qu'il sera possible de parler de l'ouverture des ambassades.

Cette stupidité occidentale n'est pas nouvelle. J'ai toujours en mémoire le sujet des désertions que je n'ai jamais évoqué dans mes discours et lequel a juste fait l'objet d'une question à laquelle j'ai répondu. Ce sujet étant désormais tombé dans l'oubli, il est bénéfique de le rappeler, d'autant plus que nous avions dit qu'il n'était pas d'une grande importance pour nous, alors qu'il l'est véritablement. En effet, (concevez que) des dizaines – certains diront des centaines, peu importe – de personnes dépourvues de sentiment national, à la solde de l'étranger, étaient dissimulées dans les différents services de l'État, que nous ne savions rien à leur sujet, et ne pouvions distinguer ceux qui sont attachés à la patrie et ceux qui ne le sont pas,sans que nous ayons le moindre indice. Concevez que pendant toutes ces années, ces personnes se trouvaient au cœur des organisations, jouant le rôle de la cinquième colonne et complotant pour les intérêts de ces Etats. Quelle était donc la situation ? En toute certitude, la situation était très difficile. Comment aurions-nous pu leur dire : vous êtes des non-patriotes indignes de confiance, sortez (des services) de cet État pour que nous puissions travailler correctement (alors que nous ignorions leur identité) ?

Eh bien, ces responsables occidentaux, dans leur stupidité, l'ont fait. Ils ne les ont pas simplement sortis des services de l'État, mais de toute la patrie. Autrement dit, ils ont fait une opération de nettoyage, sans précédent, que nous aurions été incapables de mener à bien. Comme quoi, quels que soient les points de divergence entre les personnes et entre les pays, il y a toujours des points de convergence. C'est pourquoi je peux dire que l'Occident soutenait ces désertions, et que nous aussi les soutenions et convergions avec lui sur ce point ! Nous ne divergeons pas sur tout, et nous sommes d'accord sur ce point.

Bien sûr, il y a également les sanctions contre la Syrie, même si elles sont secondaires. L'Occident a aussi voulu punir la Russie par des sanctions, mais a perdu plus qu'elle n'a perdu. Au final, cette grande puissance a immédiatement compensé ses pertes par ses relations avec d'autres pays et l'augmentation de sa production locale grâce à son économie diversifiée, à son vaste territoire et à la grande variété de ses ressources naturelles. C'est donc la Russie qui a gagné.

C'est ainsi que depuis au moins une vingtaine d'années, l'Occident n'a cessé de témoigner de sa stupidité, conséquence de l'arrogance qui le caractérise. Il dispose d'énormes ressources et d'excellentes capacités dans tous les domaines, mais son manque de sagesse fait qu'il n'en tire pas profit. C'est pourquoi il passe d'une erreur à l'autre, d'un problème à l'autre, d'une impasse à l'autre, et se couvre avec des mensonges. Il semble que le système politique occidental ne soit plus capable de produire des hommes d'État.

Quant à la société occidentale, il est indéniable qu'elle est riche, en avance dans tous les aspects de la vie. C'est un fait que nous ne nions pas. Et elle est capable de produire (davantage encore). Mais son système politique qui n'autorise qu'à ceux qui servent les élites politiques, économiques, financières ou autres, d'accéder aux commandes. D'où les résultats que nous constatons aujourd'hui.

Quelles sont les bases sur lesquelles repose la politique syrienne et particulièrement à cette étape, l'étape de la guerre ?

Premièrement : Tout ce qui concerne le destin et l'avenir de la Syrie dépend à 100% des Syriens, pas 99% et des poussières, 100%. Même nos amis adoptent clairement ce discours. Nous acceptons les conseils d'où qu'ils viennent, mais la décision finale ne peut-être que syrienne.

(Deuxièmement) : L'unité territoriale de la Syrie fait partie des évidences qui n'admettent absolument aucun débat ou discussion.

(Troisièmement) : L'identité nationale syrienne est incontestable, mais l'essence de cette identité est l'arabité dans son sens civilisationnel fédérateur de tous les enfants de la patrie et de toutes les franges de la société.

Quatrièmement : Nous ne permettrons en aucune circonstance aux ennemis, aux adversaires ou aux terroristes d'obtenir, par le biais de la politique, ce qu'ils n'ont pu accomplir sur le terrain par le biais du terrorisme.

Le dernier point : La guerre ne modifiera en rien nos principes. La cause palestinienne est toujours essentielle à nos yeux, Israël est toujours l'ennemi qui occupe nos territoires et nous soutenons toujours toute résistance dans la région à partir du moment où elle est vraie et non falsifiée, comme c'est le cas de certaines résistances.

Mesdames et Messieurs,

Dans cette guerre que nous menons sur plusieurs fronts et dans plusieurs domaines afin de défaire le projet terroriste et de rétablir la paix et la sécurité en Syrie, nous devons réaliser que sa prolongation est, d'un certain côté, liée à la crainte de nos ennemis et adversaires de voir la Syrie se relever beaucoup plus forte qu'elle ne l'était avant la guerre. C'est pourquoi nous devons dès à présent travailler sérieusement à la construction de la Syrie de l'avenir sur des bases solides : une Syrie libre, forte, indépendante, où le terrorisme, l'extrémisme, les traîtres et les agents de l'étranger n'ont pas leur place. Et, c'est pourquoi nous devons réaliser que ce travail accompli sera le gage de notre fidélité aux valeurs, aux traditions et aux intérêts de la Syrie et des Syriens.

Je vous souhaite tout le succès dans vos missions et pour votre congrès.

Que la paix soit sur vous.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/assad-05-2.jpg

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