Attentat à Londres - "We all knew something like this was bound to happen"

Il ne fallait pas trop se faire d'illusion à ce sujet. Un jour ou l'autre, ça allait arriver. C'est arrivé. Un individu de 48 ans a foncé sur la foule aux abords de la mosquée londonienne bien connue de Finsbury Park. Un groupe de personne était en train de secourir un homme qui avait fait un malaise dans un bus peu de temps avant quand le van est arrivé et a fauché les passants : 1 mort (dont on ignore si le décès est directement lié à l'attaque), 8 blessés pris en charge et 2 blessés mineurs. A ma connaissance c'est le premier cas d'un tel acte visant spécifiquement les musulmans sur le sol européen. L'homme a pu être maîtrisé et selon les témoins il aurait crié : "I'm going to kill all Muslims". Le conseil musulman britannique a condamné cette attaque islamophobe et demande davantage de sécurité autour des mosquées, ce à quoi s'est engagé le responsable de la police. Mais la polémique a également enflé aux abords des autres mosquées où plusieurs personnes s'étonnent que les autorités ne parlent pas assez vite d'une attaque terroriste. Le lieu est évidemment symbolique. Cette mosquée est devenue célèbre dans les années 90 comme base arrière du fondamentalisme terroriste avec notamment les prêches du fanatique Abu Hamza (entre 1997 et 2003), aujourd'hui en prison pour perpétuité pour ses liens avec le terrorisme. Est-ce que le « padamalgame » fonctionnera dans ce cas ? Je sais, cette question est indécente après un tel acte. Mais pas davantage que les réactions des autorités musulmanes après des tueries perpétrées par des musulmans et visant des européens non-musulmans. Car il convient de rappeler (ne pouvant compter sur les médias pour le faire) que les premières victimes des actes terroristes islamistes en Europe sont très majoritairement des non-musulmans blancs (policiers, militaires, dessinateurs, public de concerts, enfants, prêtre, patron d'entreprise, juifs, badauds). Alors n'a-t-on pas le droit nous aussi d'être dans le déni et prononcer la phrase magique d'usage « padamalgame » quand un acte meurtrier est commis par un type issu de notre « communauté » ? Ah oui, j'avais oublié, nous n'avons de communauté... Difficile de ne pas faire le parallèle avec ce qui s'est passé au début de l'année au Québec : un terrible attentat a été commis dans une mosquée avec le bilan lourd de 6 morts. La presse, les milieux universitaires du Canada (anglais surtout) s'étaient empressés de trouver un coupable idéal, outre le jeune assassin lui-même : les débats sur les accommodements raisonnables, le multiculturalisme, l'identité, l'immigration à limiter en fonction des capacités d'accueil, toutes ces discussions qui avaient animé la société québecoise durant les années précédentes. Dans une sorte de culpabilité par association il fut évident, pour certains qui en appelèrent ouvertement à la purge des critiques du multiculturalisme, que ces derniers avaient armé idéologiquement le jeune Alexandre Bissonnette et l'avait conditionné à commettre son acte fou. Si la retenue, les appels (sensés bien évidemment) à ne pas faire d'amalgames ont été respectés globalement, il y a bien eu un mouvement pour faire voler en éclat ce principe. Le jeune homme, introverti et décrit comme un asocial avait des idées identitaires, pro-Trump, pro-Israël et même abonné à la page FB de Marine Le Pen incarnait la dérive de ces idées, cet ignoble repli sur soi et il n'en fallait pas moins pour certains pour faire le lien : les idées identitaires et les critiques du projet diversitaire pouvaient mener à des tueries de masse. Dés lors il convenait de les supprimer et en premier lieu les porteurs de ces idées abjectes. Logique, non ? (lire cet article). Pourtant si on appliquait cette même logique, on pourrait partir du constat réel que l'Islam radical mène à des tueries de masse dans les pays occidentaux et conclure que le plus logique serait de le supprimer, non ? Nos médias parleront-ils d'un « camion fou » ? Cette expression, assez folle elle-même, avait été employée dans de nombreux médias pour qualifier plusieurs attentats de ce type. Le fou, l'assassin, n'était plus le con-ducteur, mais le véhicule lui-même, évoquant étrangement une célèbre Plymouth Fury rouge du nom de « Christine », même si le nom de cette héroïne aussi chromée que vicieuse de Stephen King pourrait paraître incongru en regard des auteurs de ces attentats. Non, il est plus vraisemblable que nous aurons droit à un traitement à la québecoise : « voyez, bande de haineux racistes, voyez comment l'islamophobie tue. Alors de grâce, ne contestez plus les fondements de la religion d'amour et de paix sous prétexte que quelques fous de Dieu l'interprètent de travers, ne discutez plus des échecs du vivre-ensemble. Votre peur irraisonnée, votre racisme entretenu par des obsédés grands remplacistes et autres critiques multiculti, mènent directement à cela. CQFD. » La France épargnée mais pour combien de temps ? Rien que de poser la question mérite une mise au point immédiate : voir des gens détruire la vie d'innocents (de même que la leur et celle de leur famille par la même occasion) n'est aucunement souhaitable quand bien même la violence des islamistes pourrait susciter de sinistres vocations. Pour l'instant, mis à part des dégradations matérielles, les français (et à ma connaissance les européens continentaux) de confession musulmane n'ont fort heureusement pas eu à déplorer de victimes au sein de leur communauté. Je ne voudrais pas jouer les oiseaux de mauvais augure mais comme pour l'Angleterre, il ne faut hélas guère se bercer d'illusions. Comment imaginer qu'il n'y aura jamais de réponse haineuse et imbécile à l'imbécillité et la haine exprimée d'une part par une partie de la jeunesse en perdition (qui, elle, ne s'en prive pas, bien encouragée par des médias complaisants) à l'égard des « français » comme ils les appellent et d'autre part par certains radicalisés, les premiers étant le vivier des seconds, avec la prison, les caves et certaines mosquées comme chambres d'incubation ? Comment ne pas redouter l'acte d'un loup solitaire se vengeant des « islamo-racailles », pour reprendre l'expression de Soral, dans la chambre duquel on retrouverait un poster de Louis Alliot, un DVD de Dieudonné et des livres de la maison d'édition Kontre Kulture ? Oui, je paraphrase Soral, mais si les prédictions politiques du prophète de la dissidence laissent souvent à désirer, cette fois-ci l'adage banlieusard « soral a réson » (sans que l'on sache à quelle heure ni à propos de quoi) tagué sur certains murs présente une probabilité non nulle d'être matérialisé un jour. Il serait illusoire que de penser que les paumés et manipulés ne seraient qu'issus des minorités, même si ces dernières en produisent pour l'heure le plus gros contingent. Mais que les musulmans se rassurent : notre culture d'essence catholique et désormais laïquarde tend à nous enseigner la tolérance des autres, même si cette tolérance se heurte à l'intolérance de certaines religions, qui contrairement aux cheveux (aux barbes devrais-je dire) coupent* l'humanité en 4 : les hommes qui en sont, les femmes qui en sont, les hommes ni n'en sont pas, les femmes qui n'en sont pas. Mais nul doute que si tels actes survenaient malheureusement malgré tout, il n'y aurait pas de « camion fou », pas de « loup solitaire », pas de « padamalgame ». Non le camion aurait retrouvé toute sa tête et la dangereuse secte d'extrême-droite composée des critiques du multi-culturalisme deviendrait les prêcheurs de haine à dissoudre en priorité. Qui sait, les génies qui nous gouvernent seraient bien capables de racheter les armes à leurs alliés pour se faire, des alliés précieux (pour eux) comme les monarchies du Golf... * « Tranchent » serait plus juste mais ça me bousille mon parallèle.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/attentat-mosquee-londres.jpg

Source