Arabie Saoudite : Les ruses de l’affaire Khashoggi… Par Richard Labévière

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 26-11-2018
La CIA a conclu que le prince héritier saoudien Mohammad ben Salman (MBS) a, bel et bien commandité l’assassinat du « journaliste » Jamal Khashoggi à Istanbul le mois dernier, rapportait vendredi dernier le Washington Post, citant plusieurs sources directement associées aux investigations. Cette information divulguée par le journal où collaborait régulièrement le « journaliste » – opposant à Riyad – contredit frontalement les récentes affirmations du royaume saoudien et de la Maison Blanche qui ont totalement dédouané le prince héritier Mohammed ben Salman. Il est d’abord assez curieux, sinon inhabituel de voir ainsi le principal service de renseignement d’un pays contredire à ce point frontalement le pouvoir exécutif qu’il est censé servir, sans même parler du devoir de réserve des fonctionnaires…
Si l’agence américaine de renseignement refuse de commenter, plusieurs des sources de prochetmoyen-orient.ch confirment que la CIA a bien laissé fuiter ses conclusions qui chargent MBS… « une vieille habitude, mais qui est cette fois-ci est inédite en intensité », commente un espion français en poste à Washington. Toujours est-il que cette affaire rocambolesque n’a pas dit toutes ses ruses, tant elle provoque une véritable onde de choc dans plusieurs directions, dont au moins cinq entraînent des conséquences géopolitiques majeures.
REVOLUTION DE PALAIS INACHEVEE
L’affaire Khashoggi s’inscrit dans la longue histoire des assassinats politiques, avec quelques particularités particulièrement morbides : découpage du cadavre à la scie à métaux, dissolution des morceaux dans un acide fort et humiliation répétée de la famille de la victime… Cet assassinat s’inscrit lui-même dans une vieille tradition de la GID (services spéciaux saoudiens), d’enlèvements à l’étranger et de disparitions organisées d’opposants à la monarchie wahhabite. Chacun se souvient que c’est bien au services saoudiens (avec l’aide de leurs homologues américains et pakistanais) que l’on doit la formation d’Oussama Ben Laden et la montée en puissance de la Qaïda (dont Jamal Khashoggi était un pur produit), durant la décennie 1979 – 1989 qui vit la confrontation armée entre nombre de jihadistes alliés aux puissances occidentales contre l’armée soviétique engagée en Afghanistan.Lire la suite

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