Source : 17-12-2016
A quelques mois des élections fédérales, les politiciens allemands veulent imposer des amendes allant jusqu’à 500 000 euros à Facebook, si ce dernier ne supprime pas dans les 24h les intox ou posts douteux traitant de politique.
Le président du Parti social-démocrate allemand (SPD), Thomas Oppermann, a affirmé que les géants des réseaux sociaux comme Facebook doivent être obligés de retirer les fausses informations et les posts illégaux dans les 24 heures sous peine d’amendes allant jusqu’à 500 000 euros.
«Facebook n’a pas eu l’occasion de régler efficacement la question de la gestion des plaintes elle-même», a déclaré Thomas Oppermann dans une interview accordée au Spiegel le 16 décembre. Par conséquent, «il est nécessaire que les plates-formes dominantes sur le marché, comme Facebook, aient un bureau de protection juridique en Allemagne, disponible 24/7 et 365 jours par an», a-t-il ajouté.
Les politiciens allemands craignent en effet qu’un certain discours «haineux» et des fausses informations puissent influencer l’opinion publique avant les élections fédérales de l’année prochaine, les partis d’extrême droite gagnant en popularité sur fond de mécontentement croissant vis-à-vis de la politique migratoire d’Angela Merkel.
Le parti des chrétiens-démocrates (CDU) de la chancelière Angela Merkel a reconnu dans une déclaration que, bien que les plateformes de réseaux sociaux offrent des «possibilités complètement nouvelles de communication politique», elles comportent également des dangers.
La CDU a fait savoir le 16 décembre qu’elle estimait que Facebook et d’autres réseaux sociaux étaient devenus «de véritables plates-formes de diffusion de fausses informations» et de messages de haine, qualifiant d’«immense danger», la manipulation des discussions politiques sur le web.
«Les entreprises sont responsables de ce qui se passe sur leurs plateformes. C’est la raison pour laquelle elles doivent réagir», a souligné Volker Kauder, membre de la CDU.
La loi obligerait ainsi les réseaux sociaux à créer des bureaux pour répondre aux plaintes de personnes qui se sentiraient «outrées» par des messages haineux. «Des sanctions élevées» seraient imposées aux entreprises qui n’assumeraient pas leur responsabilité, a averti Volker Kauder.
Le 15 décembre, Facebook avait signalé dans un communiqué que, tout en restant persuadé qu’il fallait «donner la parole aux gens», la firme de Menlo Park travaillait actuellement sur des mesures sérieuses pour empêcher la propagation de fausses informations sur sa plateforme, y compris «plusieurs façons de rendre plus facile le signalement d’une intox».
«Nous avons concentré nos efforts sur les canulars identifiés le plus clairement et propagés par les spammeurs pour leur propre intérêt, ainsi que sur l’engagement à la fois de notre communauté et des organisations tierces», a déclaré la compagnie.
Cependant, parmi ces «sociétés tierces» que Facebook a dénoncées à la police pour des «canulars» et la propagation d’informations fausses, on trouve notamment le prestigieux Washington Post, qui a récemment admis avoir publié un article basé sur de fausses sources. Deux groupes ukrainiens ouvertement et violemment russophobes ont également été signalés par Facebook aux autorités allemandes.
Le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, a déclaré qu’à l’heure actuelle, le gouvernement surveillait de près l’efficacité avec laquelle Facebook supprimait les contenus jugés «illégaux». Selon lui, si les taux de suppression ne progressent pas, des «conséquences juridiques urgentes» pourraient intervenir.
«Nous attendons des améliorations importantes dans la politique de suppression des posts douteux de la part de Facebook», a déclaré Heiko Maas au quotidien Süddeutsche Zeitung le 16 décembre.
Plus tôt cette semaine, le Comité international d’Auschwitz, organisation de mémoire de l’holocauste, a accusé Facebook d’avoir «empoisonné le climat sociétal» en Allemagne et à l’étranger, avertissant que le traitement bien trop doux infligé au réseau social et l’arrogance des discours haineux en ligne sont «de plus en plus intolérables et dangereux».
Le discours de haine, y compris les commentaires en ligne, sont punissables en vertu de la loi allemande, qui stipule que la diffusion d’informations qui encouragent la violence contre les personnes en raison de leur origine ethnique ou religieuse est passible de trois ans de prison.
Source : 17-12-2016
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