Le dimanche 06 octobre, la Ministre de la Santé, Agnès Buzyn faisait état de résultats "très rassurants" pour les dioxines, évoquant des analyses au sol attendant d'être complétées par d'autres analyses au sol une semaine plus tard. Pourtant, aucun résultat de l'analyse de l'air aux dioxines sur le passage du panache de fumée n'avait été publié par la préfecture, avant le 08 octobre, et celle de l'association AtmoNormandie, qui confirme et démontre expérimentalement par des mesures effectuées dans la ville de Préaux "au moment de l'incendie", que la catastrophe de Lubrizol a bien créé des quantités importantes de dioxines, polluants persistants et cumulatifs, (POPs), et faisant état dans les médias pour ces échantillons de niveaux "quatre fois supérieurs à la normale". Mais en réalité, Atmo Normandie n'a pas mesuré la teneur en dioxines dans l'air, mais dans l'eau de pluie, relevant ainsi des taux de dioxines particulièrement anormaux. Ainsi, en seulement un jour, les dioxines de Lubrizol, qui sont bien connues pour être insolubles dans l'eau, rendant de ce fait leur présence dans l'eau de pluie particulièrement difficile, présentent des teneurs plus de quatre fois supérieures à celles de référence sur deux mois d'eau de pluie...
Au sujet des dioxines-furanes. Ces composés ont été recherchés dans les pluies durant une journée, du 26 au 27 septembre sur 5 sites localisés sous le panache de Lubrizol. Un des prélèvements, celui situé sur la commune de Préaux, présente une valeur (12,66 pg/m2/jour I-TEQ) qui apparaît inhabituelle. [...] En l'absence de réglementation sur les dioxines dans les pluies, Atmo Normandie se réfère à son historique de mesures sur 208 échantillons de pluie en Normandie entre 2009 et 2017. Cette mise en regard des valeurs est faite à titre indicatif car ces mesures de référence sont effectuées sur 2 mois en moyenne. Atmo Normandie, Dossier de presse
Ces mesures sont en effet un indicateur d'une très forte pollution de l'air par les dioxines, car la contamination par les dioxines dans l'eau est habituellement considérée comme négligeable, du fait de leur insolubilité, comme l'indique l'Agence de Protection Environnementale américaine (EPA) :
12,66pg par m2 par jour dans l'eau de pluie représentent une valeur très élevée, qui indique que la contamination de l'air par les dioxines est très importante, et qui, en étant quatre fois plus importante que les mesures habituelles, est également très alarmant pour l'état normal de l'air en Seine-Maritime, étant donné que les dioxines sont insolubles dans l'eau et ne devraient y être présentes qu'à l'état de trace, comme l'indique la contamination négligeable par l'eau dans le graphique de l'EPA pour une consommation moyenne de 1 à 2 litres d'eau par jour pour un adulte. Pourtant, interrogée à ce sujet par France Info, la Ministre de la Santé, qui ne manque pas d'air, a affirmé que "cela reste sous les seuils de toxicité", alors que comme le rappelle Atmo Normandie dans son communiqué, il n'existe "aucune réglementation" concernant les taux de dioxines dans l'eau de pluie, et que ces mesures dans l'eau de pluie suggèrent, au contraire, un taux de contamination de l'air très alarmant.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/intox-ministre_sante.jpg