Cité de la gastronomie dijonnaise : le dossier brûlant de la vente de l'hôpital

Fin septembre 2013, la ville de Dijon lance un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) pour la réalisation d'un complexe touristique, la cité internationale de la gastronomie (le futur projet du maire François Rebsamen), ainsi qu'un écoquartier de près de 650 logements. Un projet gigantesque dont le coût est estimé à plus de 200 millions d'euros. Le site retenu pour le projet, est l'ancien site de l'hôpital général. Un site de 6,5 hectares construit il y a plus de 800 ans, avec deux chapelles, la Chapelle Sainte-Croix-de-Jérusalem (qui date du 12 ème siècle) et la Grande Chapelle (qui date du 16 ème siècle). Deux candidats répondent à cet appel : Eiffage, le poids lourd des ponts et chaussées et Seger, un promoteur immobilier local. Les deux candidatures se distinguent. Le premier propose un projet qui allie forme futuriste et patrimoine, le second axe son travail sur une reconstitution de l'histoire, avec la création d'un château fort. Mais surtout le prix diffère ! Eiffage propose 12 millions d'euros pour l'acquisition du site, Seger quant à lui propose 20 millions d'euros. Malgré la proposition plus généreuse de Seger, la candidature du promoteur local n'a pas été retenue par le maire. Et c'est bien là le problème. Car l'hôpital, qui croûle sous les dettes, liées à des emprunts toxiques (contractés lorsque François Rebsamen était président du conseil de surveillance du CHU), mais aussi liées à la construction du nouvel hôpital François-Mitterrand, qui aurait coûté quasiment trois fois plus cher que prévu, selon les syndicats (et réalisé par Eiffage), ne souhaitait justement pas vendre à Eiffage. Surtout à un prix presque deux fois moins important que ce que proposait l'autre candidat ! Mais François Rebsamen qui a multiplié les réunions avec les instances du CHU, a fait comprendre à tout le monde que cela serait comme çà et pas autrement. Allant même jusqu'à déclarer qu'il irait jusqu'à préempter le bien pour le revendre à Eiffage. (Une collectivité peut faire jouer son droit de préemption sur une vente d'un bien d'Etat). Cérise sur le gâteau, à cause du projet du maire et de ce déménagement forcé, le CHU de Dijon perdrait plus de 100 lits selon les syndicats, même avec la construction du nouvel hôpital. Concrètement, si l'hôpital n'était pas endetté jusqu'au cou, la direction n'aurait pas vendu son site. Alors pourquoi le maire ne laisse-t-il pas la direction du CHU faire ce qu'elle veut de son bien ? De surcroît pour le revendre au moins offrant ? La question épineuse ne trouvera jamais de réponse. Sommes-nous ici dans un délit de favoritisme voire un trafic d'influence ? En effet, Eiffage semble être généreux avec la collectivité, son ancien président M.Roverato aurait offert des dons au musée, comme une magnifique statut d'Henri IV enfant, qui aurait été remise solennellement à la ville il y a quelques années. Selon une source proche du dossier, il y aurait eu un “sceau de bonnes paroles” entre le maire et Eiffage. Il est vrai que le groupe se voit délivrer beaucoup de marchés publics, comme la réalisation du tramway, la construction du nouvel hôpital, la création de logements hlm et la rénovation de beaucoup d'entre eux. Quoiqu'il en soit, c'est encore Eiffage qui a été sélectionné suite à l'AMI lancé par la ville, pour réaliser le futur complexe touristique. Seger qui se sentait lésé, avait entamé un recours devant le Tribunal Administratif pour faire annuler le conseil municipal, qui a validé le projet d'Eiffage. Selon Hubert Rouy, le DG du groupe Seger, sa candidature aurait été "saquée" lors de la présentation des projets devant le conseil municipal, la mairie lui reprochant de ne pas avoir assez travaillé son projet par rapport à Eiffage. Toujours selon le promoteur, Eiffage aurait présenté son projet, ce qui n'était pas demandé dans le cahiers des charges de l'AMI. (Ce que j'ai pu vérifier). Il y aurait donc eu une différence de traitement entre les deux candidats. Alors que le recours devant la justice du groupe Seger n'était pas encore passé, François Rebsamen a acté la vente de l'hôpital en février dernier. Il semble qu'à Dijon, le maire fait ce qu'il veut. Le jugement qui a finalement été rendu en juin dernier, n'a pas annulé la décision du conseil municipal, mais a requalifié le contrat de vente. Le contrat relève du droit public. Une opération d'une telle envergure aurait normalement dû déboucher sur un appel d'offres. Le 16 juillet dernier, suite au décès inopiné d'Hubert Rouy (mort d'un accident de tondeuse), nous ne savons pas pour l'instant, si ses successeurs vont poursuivre la procédure lancée par le directeur général, qui ne comptait pas en rester là. Pour l'heure, le site sera donc vendu à Eiffage et le CHU va perdre près de 8 millions d'euros. Et peut-être bien plus ! Car après avoir donné une fourchette de prix, l'estimation définitive du site par les Domaines, se fait en fonction des projets retenus. France Domaine, qui a finalement estimé le site à 14,2 millions d'euros, a donc uniquement pris en compte le projet d'Eiffage, pour fixer son prix d'acquisition. Selon les syndicats, le site a été sous estimé. Comparativement, un site d'une même ampleur a été vendu près de 30 millions d'euros, à Clermond-ferrant. Alors que la presse nationale passe l'affaire sous silence, j'ai décidé de publier ici en exclusivité l'Interview que j'avais réalisé fin 2015 avec Hubert Rouy, afin que toute la lumière soit faite sur ce dossier, pour le moins brûlant. Contacté à plusieurs reprises, le maire de Dijon n'a pas donné suite à ma demande d'interview. CM Note : L"information concernant l'architecte consultant de la ville de Dijon qui serait le même que celui du groupe Eiffage sur ce projet (dénoncé par Seger dans l'ITW), n'a pas pu être vérifiée.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/2014-03-municipales-meeting-rebsamen-candidat-JJ-miroir-201.jpg

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