Ce jeudi 26 octobre 2017, Emmanuel Macron est en voyage en Guyane. Six mois après les mouvements sociaux survenus dans le département d’outre-mer en pleine campagne présidentielle, le dauphin de François Hollande va devoir assumer les promesses sans garantie de son prédécesseur, formulées dans le « pacte d’avenir » signé par Ségolène Royal le 17 mars 2017.
Comme se le demandaient même les commentateurs les plus consensuels à l’époque :
« que vaut la parole d’un gouvernement qui a à peine deux mois d’espérance de vie ? »
L’île de Guyane, exercice de pensée complexe …
Emmanuel Macron s’était distingué par la manifestation de sa grande culture d’énarque au moment de ces mobilisations sociales d’envergure, en affirmant que la Guyane était une île… Il avait tenté de se dépêtrer de cette fâcheuse confusion par la suite, dans une pénétrante manifestation de « pensée complexe » :
« Alors bien sûr, je n’ai jamais pensé que la Guyane était une île […] même s’il y a parfois beaucoup d’une île dans votre réalité »
La triste réalité de la Guyane aujourd’hui
Une réalité qui, manifestement, lui échappait quelque peu, à lui, comme aux journalistes de Valeurs Actuelles, qui publient sur leur site, ce jeudi 26 octobre 2017, un article dans lequel il est précisé que
« La visite de deux jours du président de la République en Guyane ne suscite pas l’enthousiasme sur l’île », et qu’ « Emmanuel Macron ne rencontrera pas les maires de Guyane lors de sa visite de deux jours sur l’île »
Le 27 mars dernier, Valeurs Actuelles moquait Macron sur la Guyane …
… Mais reproduit aujourd’hui son erreur en déclarant qu’il s’agit d’une île
Une erreur d’autant plus curieuse que Valeurs Actuelles avait moqué « la grosse bourde de Macron » dans un article daté du 27 Mars 2017.
Si cette délicate confusion géographique peut sembler risible au premier abord, elle témoigne de l’ignorance gravissime de nos oligarques politiques et médiatiques en général, et concernant la situation catastrophique de la Guyane.
La ville de Cayenne bat depuis des années le triste record du nombre d’homicides tous territoires français confondus, quatre fois plus qu’à Marseille. Les réseaux de prostitution, le trafic de drogue et les activités des orpailleurs clandestins contribuent également à miner la vie quotidienne des Guyanais, dans l’indifférence manifeste des pouvoirs publics. La pression migratoire génère la prolifération de bidonvilles, notamment à Cayenne, où ils sont traversés par les serpents et les rats en période d’inondation. Les promesses des gouvernements successifs et de leurs représentants, de Nicolas Sarkozy à Bernard Cazeneuve, sont restées sans effet.
En 2010, il était estimé dans un article de la revue Santé Publique que 30 000 personnes n’avaient pas accès à l’eau potable en Guyane. Ces difficultés d’accès à l’eau potable augmentent considérablement le risque de contraction de maladies infectieuses entériques, notamment par les enfants. La mortalité infantile, notamment par maladies infectieuses et parasitaires, est la plus élevée de France dans le département de Guyane. En 1991, la Guyane connaissait encore une épidémie de choléra. La mortalité périnatale et la mortalité maternelle y dépassent également les taux des autres départements d’outre-mer. Comme à Mayotte, on dénombre en Guyane des milliers d’enfants qui n’ont pas accès à la scolarité.
L’accueil réservé à Macron par les Guyanais
Les Guyanais n’ont aucune illusion concernant la venue d’Emmanuel Macron en Guyane. Le gouvernement ne s’intéresse à la Guyane que lorsque les perspectives du Centre spatial guyanais (le CSG : le port spatial de l’Europe depuis que De Gaulle y a fait déplacer les installations initialement positionnées au Sahara en 1964) sont menacées. Les Guyanais l’ont bien compris. C’est en barrant la route d’accès au CSG et en provoquant le report du lancement d’un tir de lanceur Ariane 5 qu’ils sont en partie parvenus à faire pression sur le gouvernement en mars 2017.
Lassés par des décennies de promesses non tenues, de condescendance et de mépris, les Guyanais ont décidé d’accueillir à leur manière Emmanuel Macron. Le collectif Pou Lagwiyann Dekole a organisé mercredi 25 octobre 2017 une grande marche afin de protester contre les conditions de sa venue. Les maires de Guyane, quant à eux, ont décliné l’invitation d’Emmanuel Macron à un « dîner républicain », dans la mesure où ils jugent que les conditions d’une discussion sur « les thèmes des Accords de Guyane, du plan d’urgence de 2,1 milliards supplémentaires, ou encore de la suppression des contrats aidés » ne sont pas garanties par l’ancien Ministre de l’économie. Ils ont également décliné son invitation à venir l’accueillir docilement à son arrivée en Guyane.
Le projet d’orpaillage « Montagne d’or » s’apprête à saccager l’Amazonie
Pendant ce temps, un projet d’orpaillage franco-canadien connu sous le nom de « projet montagne d’or », mené par la société Nordgold, soutenu par Macron, Attali et Juppé s’apprête à ravager l’Amazonie et le mode de vie des tribus amérindiennes de Guyane.
La lutte des Amérindiens contre le projet :
Le soutien de Macron au projet :
Galil Agar
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