Source : Truthdig, Chris Hedges, 02-12-2019
M. Fish / Truthdig
Les forces de police des banlieues déshéritées, équipées d’armement militaire et habilitées à harceler et à tuer, en général, à volonté, ainsi que les incarcérations massives, sont les principaux outils de contrôle sociétal des pauvres. A peine y a-t-il un semblant de justice et encore moins de protection et de sécurité. L’État au service des grandes entreprises et les oligarchiques qui nous dirigent craignent un retour de bâton de la part de ceux qu’ils ont abandonnés dans les enclaves désindustrialisées du pays, lieux que Malcolm X nommaient nos « colonies internes ». La violence et la terreur quotidiennes maintiennent les pauvres en esclavage, surtout les racisés. En moyenne, plus de 1 100 personnes, soit une toutes les huit heures, quasiment toutes désarmées, sont tuées chaque année par la police aux États-Unis. Ces meurtres ne sont pas des accidents. Ils ne sont pas le fruit d’un système qui a échoué. Le système fonctionne exactement comme il est conçu pour fonctionner. Et tant que le pouvoir systémique des entreprises ne sera pas anéanti, rien ne changera pour les pauvres, ni pour le reste des Américains.
Toutes les réformes de la police depuis des décennies, dont les garanties prévues par la loi, les droits Miranda et les protocoles de dépôt d’accusations, n’ont fait qu’accroître le pouvoir et les moyens de la police. Notre débat national focalisé sur les questions raciales et le criminelles, en refusant de dénoncer les systèmes économiques, sociaux et politiques d’exploitation et de suprématie des Blancs, a été un véritable fiasco. Les masses de chômeurs et de travailleurs précaires, surtout parmi les gens de couleur, font partie intégrante du modèle prédateur du capitalisme des multinationales. Tout comme les institutions, en particulier la police, les tribunaux, les prisons et les établissements pénitentiaires, chargés de maintenir le contrôle sociétal sur les oubliés du système.
Les élites sont parfaitement conscientes de l’intense agitation sociale qui régnerait sans la terreur policière et le système carcéral américain, qui maintient en détention 25 % de la population carcérale mondiale. L’indignation suscitée par les assassinats par la police de Michael Brown à Ferguson (Missouri), Eric Garner à New York, Walter Scott à Charleston (Caroline du Sud), Tamir Rice à Cleveland (Ohio), Freddie Gray à Baltimore (Maryland) et Laquan McDonald à Chicago – attisée par les enregistrements vidéo et la diffusion sur les réseaux sociaux – a peut-être conduit à la montée de groupes tels que Black Lives Matter, mais cela n’a rien fait et ne fera rien pour mettre un frein aux violences policières. Davantage de formation, des caméras individuelles, la police de proximité, l’embauche comme agents de police de plus de personnes issues des minorités, un meilleur service de probation, des amendes équitables et des unités spéciales pour enquêter sur les violences policières sont des gadgets de communication. Personne au pouvoir n’a l’intention de desserrer l’étau. Les autorités ont trop peur de ce qui pourrait advenir.Lire la suite
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