Manifestations… Les masques tomberont avec les casques

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Alors que s’est élancée mardi dernier la douzième et dernière des manifestations anti « Loi Travail »… Alors que Manuel Valls a décidé, une fois de plus, de passer en force à grands coups de 49.3… Alors, enfin, qu’aucune motion de censure n’aura finalement été déposée, ni à droite, ni à gauche… Nous avons voulu revenir sur trois faits marquants de cette longue séquence de bras de fer.
Nous allons tout d’abord mettre l’éclairage sur un scène passée bien trop inaperçue (mais pourtant très lourde de sens), avant de revenir, à l’inverse, sur deux évènements montés en épingle dans nos médias dans le but manifeste d’orienter l’opinion publique.

La nécessaire convergence des luttes

Capturée par le périscopeur Sam Smith, cette première séquence s’est déroulé le 26 mai dernier, place de la Nation, lors de la dispersion de la manifestation du jour. Alors qu’ils réalisaient un barrage, des militaires ont été interpellés verbalement par plusieurs syndicalistes de la CGT. Loin des images relayées en boucle sur les grands médias, nous assistons ici à un dialogue étonnant.

Dialogue, pas tout à fait, évidemment, puisque les gendarmes resteront sans réponse, soumis à leur devoir de réserve. Sans réponse, oui, mais pas sans réaction. Manifestement trop « réceptif » aux yeux de sa hiérarchie, l’un des gendarmes (que Sam Smith, témoin de la scène, décrira comme « souriant et cordial ») devra être remplacé (à 3 min 30). Preuve s’il en est que la jonction peut se faire entre manifestants et forces de l’ordre. Mais preuve aussi, évidemment, que ce risque (pour le système) est identifié par les autorités, et que probablement, des ordres sont donnés pour s’en prémunir.

Séquence extraite du périscope de Sam Smith du 26 mai 2015, place de la Nation. 
On ne peut que regretter que jamais encore les forces de l’ordre, en France, aient imité leurs collègues italiens ou brésiliens, qui se sont illustrés ces précédentes années par leurs actes de résistance. Ainsi, de nombreuses vidéos les montrent tombant les casques pour venir grossir les rangs des manifestants. C’est cette convergence là… celle entre le petit peuple ouvrier et le petit peuple des militaires et des forces de l’ordre qui pourrait faire tomber les masques.

(Cette scène s’est produite en 2014, et non récemment comme le laisse penser l’auteur de la publication Facebook)
Mais malheureusement, nos médias ont préféré braquer leurs caméras ailleurs. Et notamment sur d’autres évènements, beaucoup plus clivants, mais aussi beaucoup moins représentatifs du mouvement en cours.

La voiture de police incendiée quai de Valmy

Analysons tout d’abord l’incendie de la voiture de police, survenu quai de Valmy, le mercredi 18 mai dernier. Vidéo diffusée en boucle sur nos petits écrans, policiers décorés en mondiovision, tout à été fait pour marquer les esprits. Et évidemment, instaurer l’idée d’une violence extrême de la part des manifestants. Et pour cause, cette agression était inacceptable.

Les auteurs des faits

Seulement voilà, l’assimilation de cet évènement aux manifestations anti « Loi Travail » était malhonnête à deux titres. Tout d’abord car les faits ne se sont pas déroulés durant l’une des manifestations contre la loi El Khomri, mais en marge d’une manifestation « contre les violences à l’encontre le police » (ironie du sort). Et ensuite, du fait même de l’identité des personnes mises en cause.
Il est dommage en effet que les médias n’aient pas poussé plus loin leurs investigations. On les a connus plus prompts à jeter en pâture les noms fournis de source judiciaire dans d’autres circonstances plus douteuses. Seul Russia Today semble s’être intéressé à l’identité des mis en examen (à lire ici). On y découvre ainsi le nom d’Antonin Bernanos, figure de l’« Action antifasciste Paris-banlieue ». Proche de Clément Méric, on pouvait le reconnaître sur cette vidéo de L’Express (à 0 min 40).
Russia Today rapporte également la présence d’un citoyen américain parmi les mis en examen. Que n’aurait-on dit s’il s’était agit d’un citoyen russe ? Ou si un français était impliqué dans une tentative d’homicide sur des policiers américains ? Citoyen américain ou miliciens « antifa », une chose est sûr, ni les uns, ni les autres n’ont à voir avec le mouvement citoyen contre la « Loi Travail ». Prétendre le contraire est au mieux, une erreur coupable, au pire, une tentative de manipulation.

La surveillance policière

Le média russe précise par ailleurs que « Les suspects ont été identifiés grâce au témoignage (…) d’un policier infiltré sur place ». La présence sur place d’au moins un policier infiltré confirme une fois de plus l’idée selon laquelle ces groupes sont de longue date sous la surveillance complaisante des autorités qui les laissent agir dans une quasi totale impunité.
L’existence factuelle d’au moins un policier « infiltré » permet d’éclairer un autre détail troublant des faits. De nombreux observateurs ont en effet loué le courage d’un bon samaritin venu au secours de la passagère du véhicule. Visible sur la vidéo ci-dessus (à 0 min 20) collé à la voiture de police, c’est lui qui aidera quelques instants plus tard la policière à sortir de son véhicule. Étonnamment, alors qu’il a probablement sauvé la vie de cette dernière, quasiment personne n’a évoqué ce geste de bravoure.
Seuls les journalistes de l’Obs semblent avoir remarqué ce témoin privilégié (voir la vidéo ici, à 0 min 36). Photographié de dos, on ne peut par contre pas le reconnaître. Pas plus que sur cette autre vidéo de BFM où il a été curieusement flouté, non seulement à 0 min 8, lorsqu’il aide la policière à sortir mais aussi, très furtivement, à 0 min 18 quand il repasse dans le champ de la caméra. On peut s’intérroger (*) sur les raisons qui ont poussé BFM a flouter uniquement le visage des deux policiers et de ce troisième homme.

Ce qu’il en ressort…

Mais que cet homme soit un policier en civil, ou pas… Qu’il y ait eu, pendant les faits, au sein du groupe, des policiers en civil, ou pas… Cela aggrave peut-être la responsabilité de l’État, mais ne change pas les faits. Incapable d’assurer la sécurité des manifestants et des forces de l’ordre, l’État préfère monter les uns contre les autres. Il sait que ce clivage est sa première sécurité.

La soi-disant « attaque » de l’hôpital Necker

Le deuxième fait divers mis sous le feu des projecteurs fut présenté comme « l’attaque » de l’hôpital Necker. Frédéric Valletoux (Président de la Fédération hospitalière de France), ira jusqu’à déclarer sur BFM : « Un hôpital c’est un sanctuaire, un sanctuaire républicain. On n’attaque pas un hôpital ». Toute la classe politique s’engoufrera dans la brèche, Manuel Valls en tête, qui fera même un déplacement sur place (c’est ici) avec force caméras pour immortaliser son discours.

Manipulation mentale

Seulement voilà, là encore, les médias ont pris quelques libertés avec la réalité. Comme d’habitude, le flou persiste entre facilité, incompétence ou manipulation, mais une chose est sure, la distance est grande entre les faits et le discours médiatique. La scène a en effet été presque intégralement filmée par le périscopeur Pierre Trouvé (Le Monde) et disponible ici. Cette vidéo nous permet (à partir 3 m 50) d’avoir une idée très précise de ce qui s’est passé. Elle permet aussi de prendre la pleine mesure du décalage entre la réalité et ce que les médias et les politiques en ont rapporté :

Ce que les médias ont dit :
  • les manifestants se sont attaqués à un hôpital
  • pire encore, à l’hôpital Necker, un hôpital pour enfants
  • hôpital où se trouvait l’enfant des policiers assassinés la veille à Magnanville
  • les blocs opératoires ayant même directement été menacés
La réalité :
  • un individu isolé
  • a donné huit coups en 10 secondes dans la verrière de parement de l’hôpital
  • et étoilé autant de vitres
  • stoppé dans son élan par les manifestants
  • armé d’une masse (en plein milieu d’une manifestation)
  • le tout, à 10 m des CRS

Cette courte séquence a fait l’object de beaucoup de discussions (2)(3) sur les réseaux sociaux. Le propos n’est pas ici de savoir si ce casseur est un militant écervelé (travaillant contre son propre camp), un milicien antifa (à la botte, peut-être inconsciemment là encore, du pouvoir) ou un appariteur (cher à Coluche). Mais bien de faire le constat de ce procédé malsain de nos politiques, aidés en cela des médias, consistant à manipuler sans cesse les consciences pour monter les français les uns contre les autres.

Ironie du sort

Ironie du sort, ceux-là mêmes qui crient au scandale aujourd’hui étaient les premiers à soutenir les coupes budgétaires hospitalières hier. Ainsi la Cour des comptes préconisait-elle, il y a tout juste deux ans, de « s’attaquer à l’hôpital » (comme le relatait Le Figaro). Il s’agissait à l’époque de réduire de 10 milliards d’euros (rien que ça) le budget de la santé sur trois ans.

Il est grand temps que la population ouvre les yeux. Il est grand temps que les forces de l’ordre ne soient plus dupes. Et alors oui, à l’évidence les masques tomberont avec les casques, et peut-être, même, avec eux… les têtes suivront.
Nico Las (TDH)

(1) Non reconnaissable sur les vidéos de l’Obs et de BFM, l’homme est par contre visible sur cette dernière vidéo relayée par un média étranger. Si vous vous reconnaissez sur cette vidéo, n’hésitez pas à nous le faire savoir ici.
(2) Certains observateurs se sont étonnés de l’attitude indifférente du photographe au premier plan durant les faits. Contacté pour la rédaction de cet article, le photojournaliste confirme s’être reconnu sur cette vidéo (comme il l’avait déclaré au Monde).
(3) Une seconde vidéo a également beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Elle montrait un autre journaliste donnant un talkie-walkie à un CRS (vidéo disponible ici). Mais aussi troublante que soit cette très courte séquence, une autre vidéo, plus complète, montre clairement (à partir de 4 min) qu’il s’agit bien d’un talkie-walkie retrouvé à terre puis rendu aux forces de l’ordre.
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