Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 04-12-2017
« Nous entrons dans l’avenir à reculons » (Paul Valéry). Telle pourrait être la conclusion logique à laquelle parvient l’observateur attentif du monde d’aujourd’hui, de ses spasmes, de l’explosion du phénomène du terrorisme islamiste. Après chaque attentat, c’est le même phénomène de sidération. Après chaque attentat, nos dirigeants – pourtant les mieux informés des citoyens français – ; nos experts – nombreux et auto-désignés qui n’en savent pas plus que vous et moi sur le sujet – ; nos médias – atteints au minimum de panurgisme et de psittacisme – nous resservent le même brouet insipide, démontrant ainsi qu’ils n’ont toujours rien compris au phénomène du terrorisme.
Certes, il n’y a pas de réponses simples aux questions complexes. Mais, on peut, à tout le moins, esquisser quelques pistes de réflexion et d’action pour le court, le moyen et le long terme à la lumière de l’expérience acquise au cours des dernières années. À l’intention de nos élites omnipotentes et omniscientes, nous dédions ce petit madrigal que nous avons baptisé : « terrorisme pour les nuls ». Pour leur en facilité la lecture, nous l’avons organisé autour de douze rubriques simples présentées de façon alphabétique. Une sorte de douze travaux d’Hercule pour les nuls.
TERRORISME ET AUTRUCHE
On n’a jamais résolu les problèmes les plus sensibles en faisant comme s’ils n’existaient pas, en se mettant la tête dans le sable. Les multiples causes du terrorisme (économique, sociétale, éducationnelle1, générationnelle, religieuse…) sont parfaitement documentées par d’authentiques experts qui ont posé le diagnostic juste, il y a déjà plusieurs années2. Citons à titre d’exemple bien connu l’ouvrage intitulé : « Les territoires perdus de la République »3. Encore, faut-il que soit administré le remède qui s’impose. Et c’est là que le bât blesse : alors qu’il y a urgence, on ne fait rien ou presque rien au motif qu’il ne faut pas stigmatiser telle ou telle communauté, que l’on ne dispose pas de moyens humains et financiers suffisants, qu’il vaut surtout mieux remettre au lendemain ou au surlendemain ce que l’on peut faire le jour-même. Posée rapidement après chaque attentat terroriste, la question est immédiatement mise sous le boisseau, évacuée en un tournemain pour cause de politiquement incorrect.Lire la suite
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