L’ambivalence de la présence russe dans le Caucase

À propos de l’auteur : Michael Lambert est le directeur du projet Caucasus Initiative et expert en Affaires européennes, management des conflits et guerre hybride. Il termine son doctorat sur les Stratégies de mise en place du soft power de l’Union européenne dans les États du Partenariat oriental à l’Université Paris-Sorbonne.

Le retour de la Russie sur la scène internationale ne saurait s’abstraire d’une hégémonie de cette dernière dans sa proche périphérie, à l’image du Sud Caucase. Historiquement, Moscou a toujours exercé une influence culturelle, économique, politique et religieuse dans cette région souvent caractérisée comme « zone tampon » entre Russie et Empire ottoman, puis entre Union soviétique et Turquie. Abstraction faite du souhait d’expansion territoriale propre à l’esprit impérial, les trois États du Sud Caucase que sont la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, représentent un enjeu de taille pour les grandes puissances. En effet, s’assurer d’un contrôle de ces derniers revient à accroître son influence en mer Noire et en mer Caspienne, contrôler les ressources gazières et minières, et naturellement exercer des pressions sur la Russie et la Turquie.
Les pays du Caucase.
C’est la raison qui pousse les États-Unis, l’Union européenne mais aussi la Chine à entrer en compétition avec la Russie et la Turquie pour accroître leur influence juste après la chute de l’URSS, celle-ci laissant le Caucase accessible à ces dernières. Si le souhait d’influence des États-Unis passe par le rapprochement avec l’OTAN, l’Union européenne adopte pour sa part une vision plus culturelle, avec l’idée d’une intégration des trois États comme en atteste le lancement du Partenariat oriental en 2008. Pour la Chine, qui reste essentiellement absente au début des années 1990, l’influence passe par le renforcement de la puissance commerciale, notamment avec l’achat de vin géorgien et arménien.
Face à l’implication grandissante de ces nouveaux acteurs, la Russie peine à regagner son influence en raison du contexte de crise économique. Elle conserve cependant sa présence avec des stratégies singulières et ce dès la fin de la guerre froide. La première repose sur les régions séparatistes, en usant du « droit à l’autodétermination » comme argument pour s’immiscer dans la vie politique des États.
La Géorgie et ses républiques autonomes.
Le Kremlin assoit ainsi son hégémonie militaire dès 1992 lors de la guerre entre la Géorgie et les deux régions d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Ces deux territoires sont historiquement autonomes pendant la période soviétique, et la culture abkhaze différente du reste de la Géorgie. La langue abkhaze était ainsi écrite en alphabet latin, alors même que les Géorgiens disposaient de leur propre alphabet, ce qui enterre l’argument d’une construction fantoche par la Russie de cette langue aujourd’hui écrite en cyrillique. La région dispose également d’un microclimat tropical, ce qui explique la présence de stations balnéaires pendant la période soviétique, actuellement prisées par la population russe. À cela s’ajoute une nourriture différente avec plus d’agrumes et de fruits tropicaux en raison d’un climat plus propice à leur culture, une architecture avec des bâtiments blancs et des maisons en bois moins massives que celles que l’on trouve en Géorgie, toujours en raison du climat. L’Abkhazie produit également du thé et du tabac, ce qui influence les traditions culinaires du pays qui se représente comme une « Suisse dans le Caucase ». La culture abkhaze a presque totalement été détruite en raison du choix de Staline d’inciter les populations du reste de la Géorgie à peupler cet espace pour acculturer la région, ces mêmes colons dont les descendants subiront les répressions des Abkhazes et seront expropriés arbitrairement de leurs biens après la chute du système communiste lors de leur expulsion en 1992, puis en 2008 à la suite du deuxième conflit avec la Géorgie.
L’Abkhazie et sa situation démographique.
Si l’Abkhazie dispose de sa propre identité, celle-ci est ouvertement niée par les puissances occidentales, notamment par l’OTAN, les États-Unis et l’Union européenne. La raison de cette position diplomatique inflexible se retrouve dans un constat géopolitique simple, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ne prétendant pas à une ligne diplomatique pro-occidentale, la Géorgie est le seul ancrage dont disposent les Occidentaux dans le Caucase, ces derniers sont donc prêts à accepter de nier l’existence d’un pays de petite taille pour s’approprier les faveurs de la Géorgie. La Russie n’incarne pas pour autant le rôle de puissance protectrice des « petits » en Géorgie, et si le Kremlin joue sur la sensibilité identitaire du peuple abkhaze, l’idée est essentiellement d’obtenir l’approbation de la population pour avancer ses troupes dans le Caucase.
La Russie ne joue pas moins avec une certaine ambiguïté en Abkhazie, avec d’une part la mise en place de bases militaires, de systèmes anti-missiles, de chars et d’avions de chasse, mais aussi la construction d’infrastructures pour le tourisme, de nouvelles routes qui servent également à la population locale, et une flexibilité pour le déplacement de ces derniers sur l’ensemble du territoire russe. À bien des égards, on pourrait avancer l’idée selon laquelle Moscou n’est pas uniquement présente sur un plan militaire, et si le gouvernement russe concentre son attention sur cet aspect, la population russe voit pour sa part en l’Abkhazie un territoire voisin et poétique, avec un style de riviera soviétique déchue mais en pleine reconstruction.
Ossétie du Sud (revendiquée par la Géorgie) et Ossétie du Nord (en Russie).
L’Abkhazie n’est pas le seul territoire du Sud Caucase sous influence directe de la Russie, on retrouve également l’Ossétie du Sud. Comme son nom l’indique, le territoire est la partie sud d’une région située en Russie — l’Ossétie du Nord — qui s’apparente aux autres régions de la Fédération. Les deux territoires d’une même entité ne furent pas en proie aux tensions dans la mesure où les habitants pouvaient voyager librement au sein de l’URSS. Mais après la fin de la guerre froide, la Géorgie s’est accaparé la région sud, et la Russie la partie nord, divisant un seul et même peuple. Naturellement, ni la Russie ni la Géorgie n’envisagent la possibilité d’une création d’un nouvel État dans le Caucase, et aucun n’est prêt à réduire la taille de son territoire national. En conséquence, la Russie a simplement occupé l’Ossétie du Sud pour permettre aux Ossètes de pouvoir transiter librement sans frontière d’une région à l’autre. Le Kremlin ne voit pas dans ses actions un souhait humanitaire, mais encore une fois un avantage militaire indéniable : pouvoir positionner des troupes à quelques dizaines de kilomètres de la capitale géorgienne, et exercer par la même occasion des pressions sur l’Azerbaïdjan dont les pipelines passent à proximité du territoire. Le peuple ossète est pourtant victime de cette situation, avec la Géorgie qui nie son identité, et la Russie qui refuse de lui concéder plus d’autonomie. Les habitants ont pour habitude de profiter de vacances dans la partie sud, ou les familles disposent de maisons de vacances dans les régions montagneuses. Le nord du pays concentre des industries en pleine restructuration mais toujours aptes à produire des biens de première nécessité, suffisant à faire de l’oblast l’un des plus prospères de la Fédération.
Si la Russie a reconnu en 2008 ces deux régions sans l’avoir fait depuis 1992, date où elle commence à mettre en place des « peacekeepers » qui ont essentiellement pour charge de geler le conflit, en entraînant pour la Géorgie une impossibilité de prétendre à une adhésion au sein de l’UE et de l’Alliance, elle ne l’a pas envisagé dans une logique du « droit à l’autodétermination ». Au contraire, le choix de reconnaître ces deux territoires revient à montrer aux Occidentaux, qui reconnaissent le Kosovo à cette même période, qu’une future initiative diplomatique sans concertation avec la Russie reviendrait à une action similaire.
Comme pour l’Abkhazie, les Occidentaux soutiennent la Géorgie, n’envisageant aucune alternative au rattachement pur et simple de la région, alors même que celle-ci n’aurait aucune perspective économique sans l’Ossétie du Nord.
Commémoration de la Grande Guerre patriotique (nom donné par l’Union soviétique au conflit qui l’opposa à l’Allemagne entre 1941 et 1945, dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale) à Yerevan, en Arménie.
Le Gouvernement géorgien présente souvent la présence russe comme une entrave à la reprise économique dans ces deux régions, mais dans la pratique cet argument semble incohérent car les touristes occidentaux ne sont pas aussi intéressés par la possibilité d’aller faire du ski en Ossétie du Sud et profiter des plages d’Abkhazie que ne le sont les Russes. Rien qu’en 2016, ce sont plus de 6 millions de Russes qui ont visité la capitale abkhaze, et on imagine mal les conséquences économiques d’une fermeture de la frontière avec la Russie. La Géorgie n’est pas la seule partie du Caucase Sud où la Russie joue un rôle ambigu, qui mélange intérêts militaires de Moscou et curiosité nostalgique des citoyens.
L’Arménie, l’Azerbaïdjan et le Haut-Karabakh.
Entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se retrouve également un territoire, le Haut-Karabakh, disputé entre les deux pays. Le conflit du Karabakh remonte pour l’essentiel à la période soviétique, Staline décide de rattacher cette enclave peuplée d’Arméniens à l’Azerbaïdjan. Les deux cultures sont antagonistes, avec pour les habitants du Karabakh un attachement à la chrétienté, une tradition culinaire qui use du porc et sans tradition halal. Qui plus est, la région présente de nombreux bâtiments dans un style architectural arménien. Contrairement à l’Abkhazie qui souhaite être reconnue par la Communauté internationale pour pouvoir bénéficier de son indépendance totale, le Karabakh souhaite être reconnu par les puissances occidentales et la Russie afin de pouvoir mener légalement un référendum sur son rattachement au sein de l’Arménie, le schéma est donc tout autre. Le souhait de Staline de rattacher ce territoire à l’Azerbaïdjan repose sur une logique simple et similaire à celle de la Transnistrie en Moldavie. Avec cette minorité chrétienne dans un pays musulman, le Gouvernement soviétique de Bakou ne pouvait pas envisager d’avoir plus d’autonomie vis-à-vis de Moscou, au risque de voir naître des tensions séparatistes sur son territoire, ce qui sera le cas après la chute du communisme. Idem pour Yerevan puisque si l’Arménie souhaite plus d’autonomie elle pourrait perdre définitivement la possibilité de recouvrer ce territoire. Staline a donc dû jouer sur le rattachement du Karabakh au sein de l’Azerbaidjan, mais en conservant une ambiguïté sur celui-ci pour ne pas froisser les Arméniens, et leur faire croire qu’un retour était toujours possible. C’est la raison pour laquelle il a rattaché de facto le Karabakh à l’Azerbaïdjan, mais sans jamais ratifier le document, pour conserver cette ambiguïté qui anime toujours les tensions entre les deux pays.
En effet, la fin de la Guerre froide ne fut pas vécue comme un soulagement dans le Sud Caucase, du moins pas sur le plan diplomatique, où la situation se dégrade dès 1992 avec la guerre d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Un conflit éclate dans le Karabakh entre les troupes arméniennes et celles du Karabakh avec l’Azerbaïdjan. La guerre de 1994 entraînera le statu quo qui est toujours le même à ce jour, avec un refus de la part des puissances occidentales de reconnaître le Karabakh comme une partie de l’Arménie. Le choix des puissances occidentales est simple, elles ne voient aucun intérêt à relancer un conflit gelé sachant qu’elles ne peuvent pas intervenir dans la région, mais aussi aucun intérêt à rattacher une région au sein d’un pays — l’Arménie — qui entretient des relations privilégiées avec la Russie, desservant leurs intérêts dans cette partie du monde. Pour la Russie, la non-reconnaissance prend son sens dans le fait que l’Arménie est déjà une puissance amie dans le Caucase. Au contraire, reconnaître le Karabakh permettrait à Yerevan de librement décider de son avenir géopolitique en se rapprochant de l’Occident, il semble donc plus pertinent de faire miroiter aux Arméniens la possibilité de reconnaître un jour le Karabakh comme une partie de leur territoire.
Emblème de l’Union économique eurasiatique (UEE).
Cette logique de l’attente et de l’ambiguïté s’est retrouvée au moment de l’intégration de l’Arménie dans le projet d’Union eurasiatique (de son nom complet Union Économique Eurasiatique ou UEE) en janvier 2015. Sur le principe, une intégration au sein de l’UEE enterre définitivement la possibilité de rejoindre l’Union européenne et l’OTAN. En rejoignant ce format d’intégration, les Arméniens se retrouvent dès lors dans un contexte de relations diplomatiques quasi exclusives avec la Russie, ce qui les isole dans le Caucase. Le choix de Yerevan ne prend donc son sens que dans la mesure où Moscou est actuellement la seule puissance apte à protéger le pays d’une intervention de l’Azerbaïdjan dans le Karabakh. En faisant ce choix, les Arméniens attendaient cependant un mouvement de la part du Kremlin, en particulier une reconnaissance du Karabakh comme étant membre de l’Union eurasiatique, et donc un rapprochement avec l’Arménie. Au lieu de cela, le Karabakh ne fut pas reconnu comme une partie de l’Arménie, ni même de l’Union eurasiatique, et la résurgence du conflit en avril 2016 ne montra aucun souhait de la part de Moscou d’intervenir militairement. Le choix des Arméniens, qui perturbe pourtant l’ensemble de l’équilibre dans le Caucase et renforce les tensions avec la Turquie voisine, n’aura donc eut aucun effet sur la reconnaissance. Au contraire, face à l’inaction de Moscou, la Géorgie a commencé à montrer de plus en plus de scepticisme sur le rapprochement avec Moscou dans la mesure où une intégration dans l’UEE et l’abandon des relations avec le monde occidental n’auront pas nécessairement d’influence sur le rattachement de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.
Union économique eurasiatique.
Au regard de l’ensemble de ces éléments, que pourrait-on dire de la position des Occidentaux et des Russes dans le Caucase ? Dans un premier temps, qu’il n’est question pour aucun des deux de pratiquer une approche « humanitaire » ou même relevant du « droit à l’autodétermination », mais qu’il est au contraire question d’intérêts géopolitiques qui supplantent parfois même les intérêts économiques. Chaque pays du Sud Caucase a fait le choix de se tourner vers une puissance externe ; l’Azerbaïdjan n’étant en rien une exception car reposant sur la Turquie pour assurer sa sécurité. Les États-Unis souhaitent intensifier les relations entre la Géorgie et l’OTAN, au prix d’une négation pure et simple de l’existence de l’Abkhazie alors même qu’un simple séjour sur le terrain amène explicitement à reconnaître sa singularité. L’approche américaine pourrait même s’avérer négative sur le long terme car d’une part elle entraînera surement un rattachement de l’Abkhazie au sein de la Fédération russe, mais qui plus est la Géorgie ne pourra jamais devenir membre de l’OTAN sans disposer de son intégralité territoriale. Au contraire, une approche américaine qui viserait à reconnaître l’Abkhazie pour ensuite faire de celle-ci un État prospère dans le Caucase et à terme possiblement envisager son rapprochement avec les Occidentaux semble plus pertinent. Naturellement, une telle perspective reste virtuelle dans la mesure où la reconnaissance de l’Abkhazie entraînera une intégration de la Géorgie dans l’UEE, et donc par effet domino de l’Abkhazie, la non-reconnaissance semble dès lors le moins pire des choix à envisager par Washington.
Salle du ministère de la Justice de Géorgie.
Pour ce qui concerne l’Union européenne, celle-ci semble avoir du mal à mettre en place une stratégie coercitive pour contrer celle de Moscou, la principale raison étant son absence d’armée commune. Elle ne peut donc exercer aucune influence si ce n’est celle de son soft power. Malheureusement, le soft power de l’UE semble peiner dans une région du monde plus conservatrice, aux valeurs parfois antagonistes, et qui ne conçoit pas l’Europe comme un projet visant à concerter les peuples et mettre en place une Communauté de valeurs, mais comme un instrument des États-Unis pour accepter leur influence. L’Union européenne semble en effet réduite pour beaucoup d’habitants du Caucase à une coquille vide, une rhétorique héritée directement de la période soviétique et qui n’a naturellement aucun sens au regard des divergences profondes entre les États-Unis et l’Union européenne en matière de diplomatie internationale. L’UE est littéralement bloquée dans le Caucase, où elle sait pertinemment qu’il lui est impossible d’étendre son influence par rapport à celle de la Russie et de la Chine tant qu’elle n’aura pas intégré l’Ukraine pour établir un pont entre le continent et le Caucase. L’UE s’est également paralysée elle-même en voulant envisager l’intégration de l’ensemble des États du Partenariat oriental (EaP) — plus de 75 millions d’habitants — alors même qu’elle n’en a objectivement pas les moyens. Elle doit dès lors décider de perdre progressivement son influence dans tous les pays de l’EaP, ou bien d’abandonner certains pays dont elle sait qu’ils ne pourront pas intégrer l’UE — la Biélorussie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan — pour se recentrer sur les trois prioritaires que sont la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie.
La Russie dispose donc de plusieurs avantages, notamment depuis le lancement de l’Union eurasiatique qui décuple son soft power et ses options, un thème étonnement absent des discussions à Bruxelles. La Russie mène une diplomatie ambiguë en Abkhazie et Ossétie du Sud, où elle reconnait les États mais seulement pour servir ses intérêts militaires ; la population russe jouant cependant un rôle essentiel et favorable à l’émancipation de ces deux régions. Son approche en Géorgie est explicitement celle d’une attente pour voir les évolutions futures, la Russie n’ayant aucune crainte sur un rapprochement de la Géorgie avec l’OTAN et l’UE. Pour ce qui concerne la nouvelle politique du Kremlin en Arménie, celle-ci semble pertinente au regard de l’intégration dans l’Union eurasiatique, elle dispose donc de tous les avantages en Arménie, et a en plus préservé l’ambiguïté sur le rattachement du Karabakh comme l’avait fait Staline. Pour ce qui concerne l’Azerbaïdjan, la Russie sait pertinemment que l’avenir des relations bilatérales dépendent de celles entretenues avec la Turquie, qui sont redevenues cordiales ces derniers mois. En conséquence, on peut avancer l’idée selon laquelle le Kremlin est en position dominante dans un espace en pleine mutation.
On constate cependant l’absence de réflexion des Occidentaux, des Russes et des habitants du Caucase sur plusieurs alternatives géopolitiques, la première étant la possibilité d’un jour créer une Union du Caucase sur un modèle similaire à celui de l’Union européenne, qui réglerait toutes les problématiques relatives à la liberté de circulation, l’utilisation d’une devise commune, et l’autonomie vis-à-vis des puissances externes en créant une armée commune dans le Caucase. Comme pour l’Union européenne, cette approche semble la plus pertinente mais ne sera jamais mise en place en raison du nationalisme fort qui anime les peuples de cette région du monde. Reste alors à noter qu’un acteur extérieur pourrait débloquer la situation, il est ici naturellement question de la Chine, dont l’importance grandissante dans le Sud Caucase pourrait un jour permettre de concurrencer l’influence des Occidentaux et des Russes. La Chine est encore trop absente de cette partie du monde, qui pourtant attend la venue de celle-ci pour jouer un véritable rôle de médiateur entre les puissances déjà présentes sur place.
Michael Lambert
Caucasus Initiative : Le projet de recherche Caucasus Initiative a été lancé en avril 2016 et rassemble plusieurs chercheurs en Europe et à l’international. Le projet se propose d’analyser les mutations géopolitiques, juridiques et migratoires dans le Caucase Sud (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Abkhazie, Ossétie du Sud et Haut-Karabakh) où s’affrontent États-Unis, Union européenne, Russie et Turquie pour accroître leur influence dans cette région stratégique pour le contrôle de la mer Noire et des ressources en hydrocarbures de la mer Caspienne.
L’équipe a mené pendant plusieurs semaines une suite d’enquêtes sur le terrain avec les représentants des think-tanks, des organisations internationales, ONGs et membres des gouvernements en vue d’appréhender l’avenir de cette région depuis le lancement du projet d’Union eurasiatique en janvier 2015 par le Kremlin, et qui a récemment abouti à la résurgence du conflit entre Arménie et Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh.
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