Le désastre argentin ignoré par les médias français. Par Pablo Rotelli

Source : LVSL, Pablo Rotelli, 14-01-2019


Le déroulement du G20 à Buenos Aires aurait pu constituer pour la presse française l’occasion d’exposer l’Argentine sous un autre angle que celui du football ou des scandales de corruption. En effet, si ce pays sud américain est surtout connu pour ses stars du ballon rond, ses sites touristiques et ses pistes de tango à l’ambiance tamisée, il est aussi en proie à une crise économique et sociale d’une grande ampleur, amorcée par les mesures néolibérales prises par le gouvernement de Mauricio Macri dès son arrivée au pouvoir en décembre 2015 à la tête de la coalition Cambiemos. Les résultats sont pour le moins catastrophiques. Asphyxiés par une inflation galopante –dont le taux avoisine les 50% cette année – les Argentins ne peuvent pas compter sur les services publics pour s’en protéger. Suite à la décision du gouvernement de mettre fin aux subsides destinés aux transports, au gaz, à l’eau et à l’électricité, les compagnies privées qui en gèrent l’exploitation ont reporté ce manque à gagner sur les prix finaux dont la hausse atteint jusqu’à 930% en trois ans. Puisque les salaires nominaux ont augmenté moins vite que les prix depuis 2015, il s’en est mécaniquement suivi un appauvrissement général de la population : le taux de pauvreté s’élève actuellement à 33,6% avec plus de 2,2 millions de nouveaux pauvres pour la seule année 2018.
L’Argentine avait pourtant connu des années fastes après s’être relevée de sa terrible crise de 2001 et avait enregistré des taux de croissance proche de 9% jusqu’en 2008. La crise des subprimes fut responsable d’une récession passagère en 2009 (-5.2%) de laquelle le pays se remit dès l’année suivante (+10.1%) pour voir ensuite son taux de croissance se stabiliser autour d’une moyenne de 1.5% sur la période 2011-2015. Malgré l’amoindrissement de sa croissance depuis le début de la décennie, l’économie argentine semblait avoir atteint une stabilité suffisante pour faire oublier à la majorité des Argentins les séquelles de la crise de 2001. La situation actuelle est malheureusement bien différente : selon les estimations du FMI, le PIB argentin enregistre une chute de 2.5% pour l’année 2018 et continuera à diminuer l’an prochain selon les prévisions du gouvernement.Lire la suite

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