Iran : révoltes et réseaux sociaux, par François-Bernard Huyghe

Source : François-Bernard Huyghe, 02-01-2018
Des morts dans les manifestations en Iran, des photos d’héroïnes qui font le tour du monde, un pouvoir qui s’affole face aux réseaux sociaux , cela ne vous rappelle rien ?
En 2009, après l’élection d’Ahmaninejad (89% des voix !), la « vague verte » avait envahi les rues de Téhéran pour protester contre un scrutin truqué, et il y avait eu aussi des morts.
À l’époque aussi, les médias célébraient la jeunesse protestant contre un régime autoritaire et avaient trouvé leur icône : Neda Agha Soltan, tuée pendant une manifestation ; son image filmée sur un téléphone mobile avait fait le tour du monde. Déjà, on célébrait le pouvoir libérateur des réseaux sociaux : Twitter avait permis de diffuser l’image de la martyre et éveillait la conscience mondiale. « Iran, la révolution Twitter ? » se demandait Libération du 15 Juin 2009 et le New York Times déclarait au même moment« La révolution ne sera pas télévisée (allusion à la Roumanie et à la chute du Mur), elle sera twitérisée ». Le régime iranien, après avoir pratiqué la censure, l’expulsion de correspondants étrangers, agité le spectre du complot des services de renseignement étrangers, après avoir coupé Internet aux moments les plus sensibles, se découvrait incapable de contrôler les télévisions par satellite, les radios sur Internet, les téléphones cellulaires, les fichiers numériques, les réseaux sociaux, les SMS… Il allait tomber.
Il fallut en rabattre : la vague verte a échoué, Neda a été oubliée. Une étude de Sysomos révélait peu après que seulement 0,027 % de la population iranienne était inscrite sur la plate-forme de micro-blogging avant les élections : s’il y avait eu propagation de l’indignation et de la colère, c’était auprès des populations persophones de la Diaspora. Du reste, utilisateurs de smartphones, surtout jeunes, urbains et anglophones, ne représentaient pas toute l’opposition et moins encore toute la population.Lire la suite

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