Source : Le Canard Enchainé, 03-01-2018
SOUVENT critiqué pour « être trop timide face aux contenus malveillants, Facebook a durci le ton », assurait « Le Monde » (19/12) dans un article au titre évocateur : « Face aux fausses informations, le discret ménage de Facebook ». L’enthousiasme du quotidien se comprend : c’est lui-même qui, dans le cadre d’un partenariat avec Facebook, a été mandaté par le réseau social (revendiquant 33 millions d’abonnés en France) pour épousseter ses pages.
Mais un lien d’une autre nature rend encore plus prégnante l’empathie entre le journal et la plateforme américaine. Julien Codorniou, le vice-président de Facebook chargé des partenariats, qui vit à Londres, est membre du… conseil de surveillance du « Monde » ! Grand ami de Xavier Niel — le coproprio du quotidien —, Codorniou figure aussi depuis peu à son côté au conseil de surveillance de Mediawan, le fonds d’investissement cofondé fin 2015 par un certain Niel Xavier. Le monde des géants est petit.
L’idylle entre la presse et les caïds du Web ne date pas d’hier. Pour quelques millions — une paille, comparé à ses milliards de revenus — versés à un « fonds d’innovation », Google s’est ainsi assuré la bienveillance de nombreux médias.
La romance entre Facebook et « Le Monde », elle, a réellement démarré en février 2017. Plusieurs confrères du quotidien sont alors sollicités par le mastodonte du Net pour l’aider à traquer les infos bidon sur ses écrans. Ce n’est pas qu’elles le dérangent tant que ça : en fait, elles assurent même son fonds de commerce en générant un gros trafic sur le réseau. Mais, depuis la présidentielle américaine, les fake news — ces bobards balancés par des plaisantins ou des escrocs — font tache sur le blason du fondateur, Mark Zuckerberg.Lire la suite
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