Source : monnaieprix.hypotheses.org, 05-06-2019
On reparle donc en Italie de la question des mini bons du trésor ou mini-bots après le vote d’une motion de l’Assemblée appelant à permettre leur utilisation pour payer les dettes des administrations[1]. Cette motion relance donc la question des mini-bots comme étant un possible instrument de sortie de l’euro de l’Italie[2]. Il faut donc s’intéresser de près à la nature de cet instrument, afin de comprendre la stratégie possible dans laquelle ils peuvent être employés, les risques afférents à cette stratégie et les moyens de s’en prémunir.
La nature des mini-bots
En premier lieu il convient d’observer que les mini-bots sont fondamentalement des promesses de paiement que l’Etat italien donnerait aux acteurs à qui il doit de l’argent. Ils sont donc des promesses d’euros, des créances que possèderaient les différents acteurs qui en obtiendraient. Cela peut sembler une précision anodine, et les mini-bots eux-mêmes peuvent apparaître comme un expédient inefficace, un simple moyen supplémentaire d’accroître la dette italienne mais il n’en est rien. Comme je tâche personnellement de le montrer dans ma thèse et comme le montre l’histoire économique et bancaire, la créance est un concept financier ambivalent, ou instable, qui possède sous certaines conditions la capacité de se transformer en monnaie. En fait, on peut même dire que toute monnaie est à l’origine une créance, parce que toute monnaie est originellement une promesse d’argent ou de marchandise, autrement dit une promesse de valeur. Ce qui transforme une telle créance en monnaie officielle, c’est d’abord le fait qu’elle se mette à circuler entre les acteurs comme un moyen de paiement, puis qu’elle soit reconnue et garantie par l’Etat comme un moyen de paiement libératoire. C’est ce phénomène qui a permis par exemple l’émergence de la monnaie de crédit moderne à partir de la circulation des lettres de change médiévales, devenues progressivement des billets de banque, puis enfin notre monnaie scripturale actuelle sous l’effet de l’expansion de la comptabilité en partie double.Lire la suite