Il faut bien reconnaître que l'industrie du cinéma américain, machine à pondre du succès & navet à outrance, laisse parfois filtrer des œuvres remarquables, l'une d'entre elles, transformée d'un court métrage, traite de la relation d'un jeune musicien ambitieux et un prof de musique obsessionnel non sans rappeler le fameux Srg Hartman. Afin de mieux appréhender le contexte de cet extrait, en voici le pitch pour les non-initiés : le professeur de Jazz aux pratiques rustre est contraint de quitter son poste suite à une plainte anonyme pour harcèlement, afin de briser définitivement la carrière de son délateur présumé, il décide de le piéger en l'invitant à un concert rassemblant les personnalités les plus influentes dans le domaine du Jazz pour le ridiculiser définitivement. On peut en effet un peu mégoter sur la forme, car le gamin semblait avoir déjà abandonné l'idée de faire carrière dans la musique, ou bien est-ce l'effet inverse que le professeur escomptait provoquer ? (aucun batteur remplaçant ?). Bref, le gamin se pointe et s'aperçoit qu'on ne lui a pas donné volontairement la bonne partition, le piège se referme, maladroit, couvert de honte, il s'en retourne à sa vie insignifiante réconforter par la figure paternelle conciliante (cette petite musique durant cette scène ne vous rappel rien ? Le confort d'une vie simple ?), puis le chef d'œuvre qui nous donne matière à réfléchir... commence. Surpris, en colère, puis enthousiasmé jusqu'à la révélation, le statut du batteur évolue au fil de la prestation dans les yeux de son coach, subtilement, on sent jaillir l'engouement du maître. Rétrospectivement, le professeur semble antipathique au premier abord, pratiquant une méthode basée sur l'injure et l'humiliation, il passe rapidement pour un salaud en première lecture, mais sa position reste défendable, il prétend lui-même ne pas pouvoir se contenter d'un travail dit « convenable », le résultat n'offrant aucune perspective de voir éclore un jour, un nouveau prodige. Avec recul, on s'aperçoit de l'ampleur du message véhiculé par ce film qui je pense déborde même la pensée de son auteur. La figure du père ébaubie marque la rupture entre deux manières de concevoir la société. Le nivelage via l'égalitarisme (puis le médiocre) d'un côté sclérosant toutes initiatives versus un processus plus libre, plus sauvage, poussant certain dans leur retranchement et d'autres par-dessus bord. Doit-on attiser l'obsession d'un artiste jusqu'au point de rupture pour aboutir à sa libération ? Sans réelles contraintes, est-il possible de réellement se surpasser ? Mais surtout, derrière nos écrans, sommes-nous le père ou le fils ? Sur ces interrogations, je vous laisse visionner ce 1/4h d'anthologie : Voici aussi l'une des sources d'inspiration de l'auteur : Une autre scène illustrant la méthode pédagogique controversée en question : Darwinisme social ou égalitarisme aseptisant, l'un produit plus de génie que l'autre, c'est certain.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/whiplash-darwinisme.jpg
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