Valdaï : pourquoi et en quoi assistons-nous au retour d'une vision réaliste et westphalienne des relations internationales ?

Le forum international du Club Valdai, qui s'est tenu à Krasnaya Poliana, à côté de Sotchi, a été consacré aux désordres dans la mondialisation. Sont invités aux « chroniques de Jacques Sapir » pour en discuter, l'historien Laurent Henninger, chargé d'études à la Revue "Défense Nationale" et membre du comité de rédaction de Guerres et Histoire et Pierre Gentillet, président du Cercle Pouchkine. Vladimir Poutine est l'un des dirigeants qui a tiré les leçons avec le plus de cohérence sur la période qui va de 1991 à 2005 et qui a vue s'avorter le siècle américain que l'on annonçait alors à la suite de l'effondrement du bloc soviétique. Jacques Sapir commence par aborder la question de l'éloignement de la Russie de la CPI. Rappelons que plusieurs pays africains (Gambie, Afrique du Sud et Burundi) avaient auparavant annoncé quitter la CPI, faisant notamment écho aux critiques récurrentes sur le continent de persécution à l'encontre des Africains. La Russie a porté un nouveau coup à la Cour pénale internationale en annonçant son intention de retirer sa signature du traité fondateur reprochant à cette juridiction de ne pas être "véritablement indépendante" et de ne pas avoir été à la hauteur des espoirs suscités. Sur le continent africain, le Kenya, la Namibie et l'Ouganda, grands détracteurs de la Cour pénale internationale, pourraient suivre dans un "effet domino", cependant que le Soudan a lancé fin octobre un appel à tous les pays africains à quitter la CPI. Comment apprécier la sortie de la Russie du statut de Rome ? Cette décision hautement symbolique fait écho aux propos tenus par le président Russe au forum de Valdaï : Le président Russe a énoncé les principes que les grandes puissances devraient respecter dans leurs relations. Il en a déduit l'importance de l'existence de principes permettant d'organiser les relations internationales sur une base westphalienne. Cette déduction découle du constat de la différence radicale des valeurs pouvant exister dans chaque pays et de l'absence d'une base morale et éthique commune qui fait que les relations internationales ne peuvent être organisées que sur le principe d' un droit international qui devient la règle d'unanimité et de respect des souverainetés nationales. Poutine dans son discours va déplorer le fait que les Etats unis tendent à transformer leur droit interne en droit international alternatif au mépris des souverainetés nationales. La cour pénale internationale est d'ailleurs comme le montrent certaines enquêtes un outil politique au service de certaines puissances. Ce retrait Russe du statut de Rome sonne le glas d'une politique internationale fondée sur des valeurs (perception qui a émergée à la fin de la seconde guerre mondiale) pour laisser la place à une politique internationale restreinte à un corps de principes organisateurs réalistes. Réalisme qui pourrait définitivement triompher avec l'élection de Donald Trump et la nomination de la personne pressentie pour occuper le poste de conseiller à la sécurité nationale, le général Michael Flynn dont Laurent Henninger dressera le portrait pendant l'émission. Est ensuite envisagé la possibilité de reconfiguration des relations internationales à la suite de l'élection de Trump. Pierre Gentillet émet une hypothèse intéressante : les Etats unis pourraient se désengager des conflits en Europe et s'entendre avec la Russie au moyen orient , notamment en Syrie , des mesures qui contribueraient à baisser nettement les tensions internationales par la prise en compte par l'administration américaine du statut de grande puissance de la Russie , de sa politique extérieure et de ses intérêts de sécurité nationale propre. Ce serait la ligne Flynn. Mais parallèlement, on pourrait assister à une montée des tensions avec la Chine par le renforcement de la stratégie de « containement », notamment en renforçant la présence militaire dans le pacifique, en se trouvant des alliés fiables à la périphérie de la chine ( le premier dirigeant étranger à rencontrer Trump est le chef de gouvernement Japonais Shinzo Abe ) , et en tarissant les voies d'approvisionnement énergétique pour pouvoir bloquer la croissance chinoise . La révision des accords nucléaire avec l'Iran préconisée par Trump pendant la campagne aurait pour objectif le maintient des sanctions contre ce pays pour limiter le développement de ses relations économiques avec la Chine. Ce serait la ligne Phares (Walid Phares est le conseiller diplomatique de Donald Trump connu pour son hostilité envers l'Iran ). Source : Radio Sputnik
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/sapir-valdai-geopolitique.jpg

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