Mardi 36 mars 2016 : une (R)évolution à Paris ? Suivez-la en direct !

Les manifestations du 17, 24 et 31 mars se prolongent un peu partout en France. À Paris, ils sont des milliers à occuper la place de la République tous les soirs. Une atmosphère révolutionnaire a clairement envahi la capitale, notamment grâce aux réseaux sociaux.

Février 2016. Le projet de loi El-Khomri provoque la colère d’une grande partie de la société civile. Des lycéens bloquent leur lycée, des étudiants se réunissent dans leurs facultés, les syndicats appellent à la grève générale, et ceci dans toute la France.
Pour Frédéric Lordon, économiste, cette proposition a été le déclencheur : « Il nous manquait réellement un petit quelque chose pour faire précipiter à grande échelle tout ce qui est en suspension depuis si longtemps. » (Propos recueillis par Lucas Rochette-Berlon : voir ici à 6:55)

On le doit à quoi et à qui ce soulèvement ?

On peut déjà parler de l’action des médias alternatifs en ligne. Ils sont de plus en plus nombreux et sont souvent stigmatisés. Pourtant ces médias font des travaux généralement de qualité, avec très peu de moyens. Leurs pages Facebook et Twitter permettent l’accélération des prises de conscience en relayant des articles, des vidéos, des interviews, des conférences, etc. On peut citer comme exemple Mr Mondialisation qui représente à merveille cette convergence des luttes (écologie, réelle démocratie, anti-racisme, etc.) avec près de 800 000 fans sur Facebook
À noter également l’action d’un collectif de Youtubeurs : Dany Caligula (qui a présenté sa candidature aux présidentielles), Usul, Bonjour Tristesse, Osons Causer ou bien encore Le Fil d’Actu qui ont participé pleinement à cet éveil des consciences en créant le hashtag « #Onvautmieuxqueça ». Près de 300 000 vues aujourd’hui pour un mouvement inédit qui a libéré la parole de ceux qui souffrent au travail.

Au-delà de la crainte de récupération politique, il faut quand même reconnaître l’action de certains politiciens et intellectuels. Les paroles de Gérard Filoche, membre du PS, dans différents médias de masse, ont été relayées en masse sur les réseaux sociaux. Isabelle Attard (députée sans parti) et Julien Bayou (EELV) ont soutenu François Ruffin, réalisateur de « Merci Patron »,  dans sa série « Merci Myriam », en allant manifester devant le Ministère du Travail. De son côté, Frédéric Lordon enchaîne des discours de motivation des foules. Edgar Morin, philosophe hautement reconnu, a déclaré : « Le temps est venu de changer de civilisation ».

Quelle direction pour ce mouvement ?

Les Nuits Debout ont rassemblé des milliers de personnes quasiment tous les soirs à République, depuis le jeudi 31 mars. L’un des moments les plus marquants est sûrement ce rassemblement du dimanche 3 avril (ou 34 mars) : 23 000 personnes se seraient rassemblées sur la place de la République. Et jusqu’à 100 000 personnes ont suivi les prises de parole et échanges sur Périscope, grâce au relai d’un particulier nommé Rémy Buisine.
Suite à cela, une carte a été mise en ligne avec des Assemblées Générales tous les jours à 18h sur Paris. Les rassemblements devraient s’étendre à d’autres villes en France.
Certains ont même fait la démarche de « constituer », cette pratique que prône Étienne Chouard qui consiste à s’entraîner à écrire des lois et imaginer notre destin commun. C’est une pratique qui est apparemment très réclamée. On appelle ça tout simplement la démocratie. Selon moi, c’est un grand espoir de voir des gens vouloir prendre leur destinée commune en main. Cela va-t-il durer ?

Le risque, c’est peut-être l’instrumentalisation de la lutte par des groupuscules, parfois violents. Nous savons que des policiers en civil peuvent infiltrer les manifs. De nombreux intellectuels et militants dénoncent l’attitude de certains antifas (comprendre « antifascistes »). Jean Bricmont, actif sur FB, l’a lui même reconnu dans un commentaire, soutenu par plus de 40 personnes, sur une publication d’Anthony Rêveur (militant pour la souveraineté nationale et populaire, proche d’Etienne Chouard) :

Les policiers ont également un rôle. On a vu les dégâts qu’ils peuvent causer. Il faut espérer que cela ne s’envenimera pas. Le problème avec les CRS, c’est que… c’est leur métier. Difficile de contester ses supérieurs quand on a une famille à nourrir. C’est malheureusement au détriment d’initiatives populaires comme Nuit Debout.
À signaler également que la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est exprimée contre ces Nuits Debout. C’est affligeant. Les gens ont besoin de se rassembler et on les en empêche, prétendûment parce que ce mouvement « privatise l’espace public ». Mais en laissant un petit groupe de dirigeants décider de tout, qui privatise ? La rue est à tout le monde.
Anne Hidalgo (Source : AFP)
2Pac disait : « Ils ont de l’argent pour la guerre mais ne peuvent pas nourrir les pauvres. » Dans cette phrase, tout est résumé. L’élite politico-économico-médiatique nous impose un monde suicidaire : la dégradation des sols (et donc de nous-mêmes) par les pesticides et les guerres qui instrumentalisent les peuples.
Vouloir empêcher un mouvement de démocratie directe, comme ça se faisait à Athènes, en débattant sur la place publique, est une énième preuve que nos dirigeants sont loin d’être démocrates. Ça emmerde les puissants, les riches, les dirigeants, les cumulards, les PDG. Pourtant, on ne veut pas vous embêter. On veut juste partager pour que tout le monde survive. Parce que y en a « ras-le-cul » de croiser des mendiants dans le métro.
« C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser. » (Montesquieu)
Tendresse et éducation populaire.
Shaman
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