Un colloque international sur la conscience et l’invisible s’est tenu à la Maison de la Mutualité de Paris le 3 février dernier. Un évènement unique en Europe, approchant de la performance. Organisé par les éditions Guy Trédaniel et la Fondation Denis Guichard, avec le soutien de partenaires divers dont l’INREES, l’évènement fit salle comble. Pas moins de 1700 personnes ont répondu présentes, malgré un tarif fort élevé, signant ici l’intérêt grandissant pour les phénomènes dit extraordinaires.
Intelligemment animée et coordonnée par Jean Staune, de l’université interdisciplinaire de Paris, cette journée fut aussi dense que riche par son contenu. De grands spécialistes de la question se succédèrent sur la scène : le Dr Jean-Jacques Charbonier ; Emmanuel Ransford, Sylvie Dethiollaz, Claude Charles Fourrier, Frédéric Lenoir et Nicolas Fraisse ; le Dr Raymond Moody ; le Dr Eben Alexander et le Dr Patrick Theillier. Patrice Van Eersel et Jocelin Morisson furent également présents pour animer la table ronde de clôture.
Nous revenons aujourd’hui sur l’intervention du Dr Jean-Jacques Charbonier.
Avez-vous déjà entendu parler des expériences de mort imminente ? Oui, probablement, surtout si vous suivez avec assiduité toutes les publications du Cercle des Volontaires… En effet, en 2013, nous vous présentions Au-delà de notre vue, un documentaire sur ce sujet, dans lequel le Dr Charbonier était d’ailleurs interviewé.
Ces récits pas tout à fait comme les autres, dans lesquels des personnes lambda, de n’importe quelle religion, pratique, croyance ou même athées ou agnostiques, évoquent l’existence d’un au-delà suite à une mort clinique ; les personnes qui en parlent disent souvent en revenir transformées. Grâce aux progrès de la réanimation, ces témoignages sont de plus en plus nombreux. Et à phénoménologie particulière, concepts nouveaux.
Le Dr Charbonnier est un habitué de la question. Médecin anesthésiste et réanimateur, il aime à se présenter comme un électron libre, n’appartenant à aucun mouvement sectaire, philosophique ni religieux. C’est aussi un homme heureux. Après de nombreuses années à explorer ces phénomènes qu’il rebaptise « expériences de mort provisoire », il nous présente sa modélisation de la « conscience intuitive extra-neuronale » (CIE), qu’il oppose à la conscience analytique (CA). Il soutient que l’être humain ne peut se réduire à une pensée bio-chimique, car comment expliquer que certaines personnes en état de mort clinique, donc avec un cerveau qui ne fonctionne plus (ceci ayant été formellement démontré il y a de nombreuses années comme étant effectif après 15 secondes d’arrêt cardiaque), seraient capables de décrire leur réanimation mais aussi ce qu’il se passe aux alentours, voire même à distance de leur corps ?
Le 15 décembre 2014 est devenu, dit-il, une « date qui restera dans l’histoire de la médecine ». Sa proposition fut discutée dans la thèse de doctorat en médecine de François Lallier (1) qu’il dirigea sur le sujet. Ce travail fut récompensé par la mention « très honorable » et par les félicitations du jury. En somme, un document officiel d’État reconnaît enfin l’existence de ce nouveau paradigme !
Cette nouvelle modélisation de la conscience repose sur une observation : une personne est « inconsciente » pour l’observateur, lorsqu’elle est immobile et qu’elle ne bouge pas, comme par exemple durant le sommeil, un coma, une anesthésie générale, un arrêt cardiaque ou une mort clinique… Or, dans un certain nombre de cas, ces personnes perçoivent des informations : 35 % des personnes qui se réveillent d’un sommeil physiologique rapportent des souvenirs (on pourrait évoquer ici les rêves). Dans les comas, 5 % des personnes disent avoir « vu » ce qu’il se passait autour de leur corps inanimé (description des visiteurs, de plusieurs détails environnementaux). Pour les anesthésies générales, 2 % disent avoir assisté à leur intervention ou avoir « vu » ce qu’il se passait au même moment dans une salle adjacente. Pour les expériences de mort clinique, la proportion passe de 12 à 18 % de personnes qui disent avoir vécu cette fameuse incursion dans l’« au-delà » et avoir perçu ce qu’il se passait atour de leur corps physique, pour s’élever à 65 % chez les enfants ! Il se pose légitimement la question de savoir pourquoi cela ne concerne pas la totalité des cas et conclut que c’est à cause de notre conscience analytique, cérébrale, reliée à nos cinq sens, qui censurerait toutes informations qui ne seraient pas conformes à nos apprentissages. Cela expliquerait pourquoi tant d’enfants, moins conditionnés, vivent ce type de phénomènes par rapport à la proportion des adultes.
Le Dr Charbonier est humble. Il prévient que sa modélisation est probablement fausse ou incomplète et que des recherches futures pourraient largement la préciser, mais bien plus réaliste que le modèle de la pensée rationaliste qui dit que seul le cerveau est aux commandes. Il va également plus loin, et suppose que la CIE agit sur la CA pour nous donner des informations et que le cerveau serait simplement un filtre réducteur. On peut considérer selon lui que cette CIE est immortelle et reliée à un champ d’informations plus vaste qu’il appelle conscience universelle (déjà évoquée par d’autres sous les termes d’annales akashiques ou de champs morphogénétiques).
Cette conscience universelle justifierait pourquoi tant de découvertes se réalisent au même moment par des personnes différentes et à distance, ou comment certains artistes qui ne se connaissent pas seraient inspirés de la même manière dans la confection de leurs œuvres.
La CIE expliquerait également les informations médiumniques que certaines personnes reçoivent de leurs défunts, mais également les intuitions et les perceptions reliées au temps comme la prémonition, la voyance ou la vision à distance. La télépathie serait ici une connexion entre deux consciences intuitives, comme par exemple une mère qui se connecte à la CIE de son enfant en cas de danger.
Il précise qu’à chaque fois que la CA s’allume, la CIE s’éteint… et que plus le niveau d’instruction est élevé, plus la CA est forte et empêche la CIE de s’allumer.
Il raconte avec humour, comment le titre d’un article de journal : « L’hypnose, la solution à tous vos problèmes » fut le signe pour lui d’emprunter cette voie afin de mettre en application sa théorie. Il organise en effet, depuis trois ans, des ateliers de transcommunication hypnotique avec des défunts, qui ne désemplissent pas ! Le principe est assez simple, n’a selon lui rien d’ésotérique ni de dangereux, et se base sur la fréquence des ondes cérébrales qui reflète l’état de vigilance et de conscience. Les participants sont installés confortablement avec un casque audio et un bandeau sur les yeux. Leur cerveau, par une simple induction hypnotique sur fond musical, passe de 24 à 14 Hertz, ce qui permet l’émergence de cette CIE. Sa recherche est prometteuse : sur les 320 participants qui ont déjà testé la méthode, pas moins de 65 % pensent avoir été en contact avec un défunt… 22 % affirmant avoir reçu des informations précises de l’être disparu.
Afin d’étayer son propos, Le Dr Charbonnier nous lira deux témoignages, bouleversants, de personnes endeuillées ayant testé la méthode et pour qui visiblement, l’expérience fut plus que salutaire.
Il conclura sa brillante intervention en citant Einstein qui disait : « innover, c’est penser à côté » et ajoutera que le chemin de la connaissance est celui du partage, de la tolérance et de l’amour !
Stéphanie
Pour en savoir plus : CHARBONIER J-J, La conscience intuitive extraneuronale, un concept révolutionnaire sur l’après-vie reconnu par la médecine, Guy Trédaniel, Paris, 2017.
Notes
(1) Etude de 118 personnes en état de mort clinique sur trois ans, dont 18 vécurent une EMI. Voir Lallier F., Facteurs associés aux expériences de mort imminente dans les arrêts cardio-respiratoires réanimés, thèse de doctorat en médecine, Reims, 2014.
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