Immigrants - Le cas autrichien

Immigrants : Le cas autrichien L'Autriche a, en 2016, fait parler d'elle avec des élections présidentielles tumultueuses en toile de fond desquelles on retrouvait un sujet central : l'arrivée massive d'immigrants et la gestion de la situation. Son cas est particulièrement intéressant en regard de son histoire et de sa situation géographique particulière en Europe. Cette vidéo qui date de fin 2015, rappelle la situation : L'Autriche est un point de passage vers l'Allemagne (en 2015 environ 1 million de personnes ont transité via ce pays) mais également une destination pour une partie de ces personnes (90 000 en 2015, dont 10% de mineurs isolés). L'Autriche a été l'un des plus grand pays d'accueil proportionnellement à sa population. Après l'Algérie il semblait essentiel de faire un focus sur ce pays. Deux politiques opposées qui se succèdèrent Revenons d'abord aux chiffres. Ce petit pays de 8,5 M d'habitants a été directement confronté au phénomène dés le début de la crise puisque sur la fameuse route des balkans (il suffit de regarder une carte d'Europe). Si le pays a été parmi les plus généreux en matière d'accueil en 2015(1) avec 90 000 demandes d'asile enregistrées, il y a eu un basculement de cette politique début 2016. La décision de l'Autriche fut alors de se prononcer pour un refus de la politique des quotas et un souhait de fortement limiter l'accueil. Hans Peter Doskozil, ministre de la Défense déclara :"Nous assumons déjà une énorme part avec 37.500 demandeurs d'asile pour cette seule année [2016]. Pourquoi l'Autriche devrait-elle accueillir les réfugiés venant de Grèce ? Cela reviendrait à envoyer un message erroné"(2). Deux grandes étapes (même s'il faut nuancer ce découpage) donc face à cette crise. La première a consisté en une forme de solidarité avec l'Allemagne. Puis vinrent les premières difficultés face à l'afflux de populations, et puis les élections présidentielles de 2016 dont la campagne fut fortement axée autour de cette question. Le 25 avril 2016, à la surprise générale, ou plutôt à la surprise des médias et autres experts qui n'ont décidément pas tapé dans le mille en 2016 (entre le Brexit, l'élection de Trump, Fillon... zéro pointé) le candidat du FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs, Parti libéral d'Autriche qualifié d'extrême-droite quasi unanimement), Norhert Hofer, obtint 36,4% des voix, réalisant ainsi le meilleur score de cette formation depuis la guerre. Les dirigeants autrichiens qui n'avaient pas écouté leurs citoyens s'inquiétant de la situation ont reçu une gifle. A l'évidence, les mesures prises par le gouvernement autrichien début 2016 pour éviter de revivre la situation de 2015 n'avaient pas suffit à convaincre l'électorat. L'Autriche, terre d'imigration, oui mais... L'immigration en Autriche a été importante au 20ième siècle. La seconde guerre mondiale a eu pour conséquence de mettre sur la route des millions de personnes. L'Autriche en accueilli près d'1,5M dans les deux décennies qui suivirent, temporairement ou non. Tchèques, polonais, juifs en transit vers Israël, avec la fuite du communisme pour principale raison. Plus tard, le conflit yougoslave créa de nouvelles vagues et l'Autriche durcit sa politique face ce qui était déjà nommé une « crise des demandeurs d'asile ». Car aux immigrants d'ex-Yougoslavie et d'Europe de l'Est (Tchécoslovaquie, Roumanie, Hongrie et Pologne principalement), s'ajoutaient ceux de Turquie et ceux de plus lointaines contrées (Iran, Bangladesh, Pakistan) qui devinrent d'importantes « pourvoyeuses » en immigrants. Le nombre d'immigrants venant d'Afrique crû également fortement durant ces années. En 2002, 36 990 demandes d'asile furent enregistrées ne tenant pas compte de près de 17 000 demandes effectuées à l'ambassade d'Autriche au Pakistan. Les autrichiens n'en sont donc pas à leur première crise. Entre tradition d'accueil et restrictions Le pays n'a eu de cesse d'osciller dans sa politique entre ouverture et restrictions parfois sélectives (Roumanie). A la fin des années 90, l'Autriche a mis en place une politique de naturalisation des immigrants faisant passer ce nombre de 17 786 en 1998 à 31 731 en 2001(4). Mais en 2002, la coalition FPÖ-ÖVP (Österreichische Volkspartei) fit trois réformes importantes : une restriction pour l'immigration de travail afin de répondre aux besoins réels du pays, des ajustements pour faciliter l'emploi des travailleurs saisonniers, et enfin des mesures spécifiques pour les immigrants non-européens consistant en des exigences de maîtrise de la langue, connaissance de la loi, de la culture et de l'Histoire du pays. Autre exemple de cette ambivalence, l'Autriche a limité dans les années 90 le regroupement familial tout en prenant des mesures pour une meilleure intégration des populations. 2016, la bascule Pour en revenir à notre époque, en février 2016, beaucoup de choses ont changé. On peut appeler cela le principe de réalité. Face aux décisions unilatérales de la Chancelière Merkel et au sentiment de surtout subir une situation complexe à gérer, face à la submersion de ses frontières, l'Autriche a changé de ton. En pratique, 9 ministres des Affaires Etrangères se sont réunis afin de mettre en place des mesures de filtrage des immigrants. 9 ministres des pays sur la route des Balkans. 9 ministres... mais ceux d'Allemagne ou de France n'étaient pas de la partie. Le nombre d'immigrants a été plafonné à 37 500. Un décret d'urgence a été étudié pour refouler les immigrants et renoncer de fait au droit d'asile, ce qui a alarmé le HCR.(5) Finalement l'an dernier le pays a accepté 36 030 demandes émises par des immigrants venus en majorité d'Afghanistan, d'Irak et de Syrie.(6). Le quota fixé pour 2017 est similaire (35 000). La fin d'année 2016 a finalement écarté Norbert Hofer (FPÖ) du pouvoir, celui-ci ayant reconnu sa défaite au second second tour - avec tout de même 46,5% des voix - alors que l'ensemble du système médiatico-politique avait fait barrage contre lui. Un sujet qui va s'éteindre ? On peut supposer que non car certaines données, certaines réalités ne peuvent être balayées du revers de la main. La population est en partie inquiète. Beaucoup dénoncent l'insécurité dans le centre de Vienne. Et puis il y a les agressions sexuelles(7) particulièrement traumatisantes qui ont commencé à indigner une partie de la population dés le nouvel an 2016(8) et fait déclarer à Herbert Kickl (député du FPÖ) : « Il nous faut digérer le fait, que parmi la masse des immigrés illégaux accueillis sous des panneaux “Bienvenue aux réfugiés se trouvaient quelques personnes confondant les femmes avec un gibier potentiel. » Rebelote il y a quelques semaines lors du nouvel an en Autriche(9), malgré les mesures(10). (11 : Source Euronews). D'autres affaires particulièrement sordides ont profondément marqué l'opinion autrichienne comme ce réfugié irakien qui, profitant d'un dispositif d'intégration, a sauvagement violé un enfant de 10 ans dans les vestiaires d'une piscine se justifiant d'une « urgence sexuelle »(12) Avec ces agressions violentes (d'autres plus troubles comme celle de Patricia par un groupe mené par une certaine Léonie qui a enflammé FB avec des millions de vues(13)) qui ont choqué le pays et les arrestations pour des projets d'attentats, le sujet n'est pas prêt d'écarté. Pour preuve l'Autriche a récemment proposé la création de centres de réfugiés hors de l'UE. Le social-démocrate Hans Peter Doskozil à propos de la politique d'asile européenne a déclaré : « nous devons l'admettre et être honnêtes envers nous-mêmes sur le fait que l'UE a des capacités limitées pour accueillir d'autres migrants. Nous devons arrêter l'immigration illégale » ce qui n'a pas manqué d'indigner le luxembourgeois Jean Asselborn ... mais il est vrai qu'en matière d'accueil leur spécialité à eux est davantage les établissements bancaires. Sources :

  1. Le Monde : http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/02/25/refugies-l-autriche-se-desolidarise-de-l-allemagne_4871288_3214.html
  2. OE24 : http://www.oe24.at/oesterreich/politik/Doskozil-will-bei-EU-Verteilung-nicht-mitmachen/226774700
  3. France Info : http://geopolis.francetvinfo.fr/autriche-l-immigration-au-coeur-de-la-victoire-electorale-de-l-extreme-droite-104787
  4. http://www.eurofound.europa.eu/sites/default/files/ef_files/pubdocs/2009/496/en/1/EF09496EN.pdf
  5. Europe 1 : http://www.europe1.fr/international/migrants-le-hcr-salarme-dun-possible-renoncement-au-droit-dasile-par-lautriche-2840182
  6. Ouest-France : http://www.ouest-france.fr/europe/autriche/autriche-forte-chute-du-nombre-de-demandeurs-d-asile-4736914
  7. Le Parisien : http://www.leparisien.fr/faits-divers/autriche-enquete-apres-une-serie-d-agressions-sexuelles-au-nouvel-an-05-01-2017-6527988.php
  8. Le Monde : http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/12/en-autriche-aussi-des-plaintes-deposees-pour-agressions-sexuelles_4845539_3214.html
  9. Atlantico : http://www.atlantico.fr/decryptage/bis-repetita-autriche-confrontee-vague-agressions-sexuelles-nouvel-cologne-josephine-huetlin-daily-beast-2928627.html
  10. Sputnik : https://fr.sputniknews.com/international/201612211029283895-alarmes-anti-viol-migrants-autriche/
  11. Euronews
  12. Les observateurs : http://lesobservateurs.ch/2016/11/08/autriche-le-refugie-irakien-viole-un-enfant-de-10-ans-et-evoque-une-urgence-sexuelle/
  13. Heute : http://www.heute.at/news/oesterreich/wien/chronik/Ich-bin-das-verpruegelte-Maedchen-aus-dem-Video ;art85950,1368923
  14. IBTimes : http://www.ibtimes.co.uk/migration-row-heightens-over-austrias-policy-dump-refugees-outside-eu-1599842

    Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/autriche_migrants.jpg

    Source