Histoire de France

S'il y a un livre pour lequel on parle de Jacques Bainville c'est bien l'Histoire de France.
On lui accole généralement Les Conséquences politiques de la paix pour désigner la lucidité de l'auteur et son génie, en précisant qu'une participation à l'Action française, une amitié avec Charles Maurras et Léon Daudet ne le rapprochaient pas des obscurs courants desquels il restait distant. La vérité est autre. Les différences, les désaccords n'empêchaient pas la simple amicalité, la grande union des consciences. Il n'est rien de plus naturel, sauf chez les tyrans qui le refusent ou ne veulent pas l'admettre. Il y a dix ans, on put encore entendre Franz-Olivier Giesbert mentionner Bainville à la télévision. Il venait de préfacer une réédition de l'Histoire et l'évocation du nom ne semblait pas heurter la moralité parisienne, garante du Bien, sans doute ignorante d'une culture confinée à l'ombre. Appelons ça un désintéressement de classe dans le vocabulaire de Karl, c'est le seul emprunt que nous ferons au maître du communisme. Jacques Bainville fut un homme d'une grande intelligence. Nous trouvons dans sa production des réflexions intéressantes, des idées élevées. Il estime justement que "le nationalisme est une attitude de défense, rendue nécessaire par la faiblesse de l'Etat". Il reproche à Bonaparte d'avoir déséquilibré l'Europe, d'être le propagateur du principe des nationalités à l'origine de l'unification allemande, conduisant aux terreurs de la première moitié du vingtième siècle. Son observation la plus connue à propos du traité de Versailles lui vaut un titre qu'il refuserait, le couronnement de prophète. Nous le comprenons grâce à lui, et avec un peu de bon sens, la France occupe une place centrale en Europe. Les effets, la persistance des erreurs françaises affectent tout le continent. Celui qui selon François Mauriac fit d'une science conjecturale une science exacte est très certainement le premier à avoir rendu l'Histoire accessible au grand public. Les ventes témoignent que ce dernier lui a montré la reconnaissance de l'entreprise. Bien sûr, des critiques vives s'accompagnaient du succès. Les universitaires n'aimaient pas qu'on s'approchât de leur domaine. Ils étaient outrés de l'amateurisme. Vieux débat entre ceux brandissant les thèses "scientifiques" et d'autres la philosophie, trop subjective aux yeux des premiers. Il n'empêche que comprendre ses contemporains, percevoir sous la peau les traits permanents des hommes nous enseigne sur l'immense passé. Cette méthode a été pratiquée par les plus fins théoriciens, tel Machiavel, et a montré sa valeur qui ne prévient pourtant pas la surdité des fonctionnaires. Les professionnels la perçoivent comme trop indécise, pas assez rigoureuse, on a l'impression qu'ils regrettent un flou trop humain - peut-être est-ce le leur. Ils en viennent à se séparer de la psychologie, à manquer finalement le plus important : l'esprit. Espérant susciter de l'intérêt, nous vous proposons cette lecture afin de vous donner le désir de poursuivre un ouvrage d'une grande qualité.
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