Comment le roi et l'Eglise catholiques ont condamné Jeanne d'Arc au bûcher

Parmi les pages sombres de l'histoire de France, et du catholicisme (les deux étant souvent liés), on trouve le meurtre de la pucelle d'Orléans, par le feu du bûcher, le 30 mai 1431, à Rouen. Mais ce crime ô combien atroce et symbolique n'est jamais considéré comme de la responsabilité de l'Eglise ni du roi de France, alors que tel est bien le cas. Les catholiques vivant aujourd'hui sont souvent fiers de Jeanne d'Arc, cette très jeune femme, pucelle, qui entendit des voix de Dieu pour aller sauver la France d'un funeste destin, et rétablir le roi Charles VII dans ses fonctions royales. Elle y parvint miraculeusement, non sans souffrir lors de plusieurs combats féroces contre les Anglais. Cela a été assez souvent noté par les historiens, à cette époque il était littéralement impossible qu'une femme, qui plus est une si jeune femme, prenne la tête des armées françaises, gagne bataille sur bataille face à nos ennemis les plus coriaces, et finalement contribue à mener le roi au sacre à Reims. Et malgré tout cela, ni le roi sacré, ni l'Eglise catholique ne prirent la défense de Jeanne lorsqu'elle fut capturée par les Bourguignons, alors alliés des Anglais, ni quand les Bourguignons la vendirent comme un vulgaire sac de viande aux Anglais. Pire encore, c'est l'Eglise catholique qui condamna Jeanne au bûcher, pour hérésie, allongeant la liste déjà très longue des horreurs commises par l'Eglise contre la France. "Le procès débute le 21 février 1431. Environ cent vingt personnes y participent, dont vingt-deux chanoines, soixante docteurs, dix abbés normands, dix délégués de l'université de Paris." (1) Toute l'Eglise est donc mouillée, de l'évêque Cauchon (un nom prédestiné) qui condamna Jeanne pour hérésie, jusqu'à la Sorbonne, alors bras armé intellectuel de l'Eglise, qui interdit entre autres des milliers de livres qui n'étaient pas assez conformes avec le dogme catholique. On retrouve dans ce procès, dont les minutes ont été gardées, le péché originel de l'Eglise : faire passer l'homme avant Dieu. "Le tribunal lui reproche par défaut de porter des habits d'homme, d'avoir quitté ses parents sans qu'ils lui aient donné congé, et surtout de s'en remettre systématiquement au jugement de Dieu plutôt qu'à celui de « l'Église militante », c'est-à-dire l'autorité ecclésiastique terrestre." (1) Jeanne en appela au Pape, qui fit la sourde oreille. Il faut dire qu'il s'agissait de Nicolas V, responsable entre autres de la bulle légitimant l'esclavage et qui allait lancer 3 siècles de traite transatlantique. L'Eglise tenta de se rattraper ensuite en revenant sur son jugement, lors d'un procès en réhabilitation, 26 ans après, mais c'était trop tard évidemment. Même l'évêque Cauchon était déjà mort. L'un des principaux symboles chrétiens en France de résistance à l'oppression a donc été mis à mort de façon cruelle par l'Eglise catholique, avec le roi très catholique de France complice de ce meurtre abjecte. Mais cela n'empêche toujours pas les catholiques, ignorants ou aveugles, de continuer à parler de Jeanne d'Arc comme d'un symbole de la France catholique. Ce serait risible si ce n'était tragique. ----- (1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc#Le_proc.C3.A8s_et_la_condamnation_.281431.29
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/jeanne-captive-poesy.jpg

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