Le maire de Béziers, Robert Ménard, était invité de l'émission Salut les Terriens sur Canal Plus ce samedi 26 novembre 2016. L'élu biterrois a quitté le plateau à grand fracas lors de l'intervention de l'humoriste Tom Villa, après que celui-ci l'ait comparé, tout en sous-entendus, à Adolf Hitler. Voici le texte de sa chronique, sans doute grassement payée, où chaque pause laisse deviner une certaine suite :
« Robert, toi le maire de Béziers tu nous as bien... [pause] prouvé, que dans la vie il faut toujours croire en ses rêves. Tu t'es dévoué, en prenant ce poste, car franchement, à part des emmerdes, qui d'autre aurait repris cette ville de... [pause] 75 000 habitants. Des réformes chocs et des décisions fermes, bientôt, tu iras plus loin que l'Hérault, et un jour tu seras connu dans l'univers comme le célèbre Adolphe... [pause] Sax, l'inventeur du saxophone. »
Notons qu'avant la reductio ad Hitlerum, Tom Villa avait insulté la ville de Béziers, en faisant rimer dans l'esprit du téléspectateur "emmerdes" avec "cette ville de..." merde. Nouvelle illustration d'un parisianisme puant pour lequel la province est peuplée de ploucs, de sous-citoyens, la fameuse "France périphérique" du géographe Christophe Guilluy abandonnée depuis des lustres (entre autres) par nos amis du think tank du PS Terra Nova. Irrité, Ménard s'est donc levé : « Allez, c'est fini, je m'en vais ». Thierry Ardisson a bien tenté de le rattraper, en vain. « Non, tu vas te faire foutre, ça suffit, c'est terminé », lui a lancé le maire de Béziers en quittant le plateau. La séquence a été diffusée ce samedi par Thierry Ardisson sur son compte Twitter :
Robert Menard a quitté le plateau, Baffie le remplace au pied levé #SLT pic.twitter.com/KM0AjCP8Of — Thierry Ardisson (@T_Ardisson) 26 novembre 2016
L'affaire ne s'est pas arrêtée là. Aussitôt après son départ, Robert Ménard a tenu à faire tourner, également sur Twitter, l'enregistrement de la voix de Thierry Ardisson, qui l'a appelé sur son téléphone portable pour l'insulter ; l'animateur de Canal Plus traite par deux fois le maire de Béziers de "grosse tête de con" :
Toujours aussi classe, @T_Ardisson ... #slt @lesterriens pic.twitter.com/9W74ceegT2 — Robert Ménard (@RobertMenardFR) 26 novembre 2016
Ce même jour, "l'homme en noir" a rendu compte de son clash avec Ménard sur RTL, omettant étrangement d'en donner la raison (la comparaison avec Hitler) : On note la belle connivence dans la diabolisation joyeuse de l'ancien patron de Reporters sans frontières :
- Ardisson : J'ai dit à Baffie, "comme Ménard est parti, c'est toi qui va le remplacer". (...) On lui dit "à partir de maintenant tu deviens Ménard"... - Jade : Tu es Ménard... - Ardisson : Tu es Ménard... - Jade : Ah déjà ça fait peur ! Ah, ah, ah, ah !
Etre Robert Ménard, cela fait donc peur... se permettent de dire en choeur nos animateurs. Ces paroles, d'une extrême violence, dites en toute innocence et dans de grands éclats de rire, je crois qu'il n'y a rien de pire. Imagine-t-on un instant que quelqu'un dise : être Martine Chambaraud (vrai nom de Jade, collaboratrice de longue date d'Arthur sur Skyrock, Fun Radio, etc.), ça fait peur. Moi, ça ne me ferait pas rire, je trouverais cela méchant et cruel. Mais telle est bien la logique de la diabolisation : une fois que vous avez diabolisé (déshumanisé) quelqu'un, vous pouvez tout lui faire, tout vous permettre, c'est open bar... Revenons un instant sur Tom Villa, dont j'ignorais jusqu'à ce jour l'existence (et que j'aurai dès demain matin oublié). Sa fiche Wikipédia nous apprend qu'il a fait les premières parties d'humoristes comme Gad Elmaleh, Anne Roumanoff ou Mathieu Madénian (celui-là même qui avait traité de "fils de pute" les électeurs du Front national). Il a aussi participé au Jamel Comedy Club. Bref, il a été à bonne école pour apprendre à bien penser et à bien rigoler. Ce qui attriste, c'est qu'à 27 ans, on sorte des blagues bien plus vieilles que soi... armes de propagande politique qui ne marchent plus depuis belle lurette. Pablo Mira, Toma Villa... tous ces chroniqueurs-humoristes semblent sortis du même moule, tous en mission pour défendre un système vermoulu qui prend l'eau de toutes parts. Aussi drôles que ces célébrités ultra-favorisées (Deneuve, Darmon, Biolay...) qui ont récemment pris la plume contre le "Hollande bashing"... Quant à Ardisson, cet ancien monarchiste, jadis catho tradi, pro-colonisation, adepte de l'historien controversé Bernard Lugan, anti-immigration, anti-avortement, qui n'hésitait pas à rencontrer très cordialement Serge de Beketch sur Radio Courtoisie... il a mis beaucoup d'eau dans son vin pour réaliser son ambition avouée, à savoir gagner le maximum de pognon. En regardant en 2016 une émission d'Ardisson, on a l'impression de regarder une émission du siècle dernier, plus du tout en phase avec le mouvement profond de l'Histoire. Ça sent la fin de règne... Celle d'une caste, aveugle au monde qui l'entoure, qui profite à fond de ses privilèges (grand bien lui fasse), sans se rendre compte que la branche sur laquelle elle est perchée est pourrie, et qu'elle va bientôt tomber. Et, en bas, tout en bas, il y a la populace qui ne rit plus depuis bien longtemps aux blagues à la Toma Villa et autre Pablo Mira... Les humoristes au service du pouvoir, cela n'a jamais fait rire personne. Ménard le sait et en joue à fond. Il fait partie de ces personnalités qui font les vierges effarouchées dans des médias qu'ils connaissent mieux que personne, et dont les pratiques douteuses, voire ignominieuses, ne peuvent guère les surprendre. Faux naïf, Ménard joue encore le jeu médiatique pour profiter de l'effet "médias bashing". Son clash ne peut que lui servir. Brexit, Trump, Fillon... Tout concourt à montrer que les grands médias (porte-voix de l'oligarchie) cristallisent un rejet populaire qui ne peut que continuer à enfler.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/menard-ardisson.jpg