Gilets jaunes : « Molière du déshonneur » à Emmanuel Macron et Franck Riester

Des Gilets jaunes s'invitent à la cérémonie des Molières, France 2 coupe la séquence au montage
Des gilets jaunes sont montés sur la scène lors de la cérémonie des Molières qui a eu lieu lundi soir aux Folies-Bergères, pour dénoncer la politique d'Emmanuel Macron et du ministre de la Culture Franck Riester. Ils se sont directement adressés au ministre de la Culture, Franck Riester, présent dans la salle, en dénonçant les coupes budgétaires pour la culture. L'un d'eux a pris le micro et a dit : "Mesdames messieurs, Bonsoir.
C'est avec une conviction acharnée que nous, gilets jaunes, intermittentes, intermittents, chômeuses, chômeurs, précaires, tenions à être présentes et présents ce soir, et que nous avons ainsi tout fait pour parvenir jusqu'à vous.
En effet, dans ces temps incertains, il devient de plus en plus difficile de vivre décemment de son art ou de son savoir-faire, et de bénéficier du chômage quand nous n'avons pas d'emploi. Et il y a quelques mois, notre gouvernement nous a annoncé sa volonté de faire encore quatre milliards d'euros d'économie sur notre dos, nous peignant dès lors un avenir encore plus incertain et miséreux.
C'est pour ces raisons que nous désirions viscéralement participer à cette cérémonie pour, nous aussi, décerner deux prix spéciaux. Deux Molières : un digne Molière d'honneur aux oublié·e·s de nos cérémonies officielles et un bien triste Molière de déshonneur. D'abord notre Molière d'honneur.
Nous voudrions que celui-ci s'adresse aux très nombreuses et nombreux techniciennes, techniciens et artistes qui ne parviennent pas à bénéficier du régime de l'intermittence ou qui le perdront dans quelques mois. Car oui, ici, on le sait tous et toutes sans vraiment en parler, notre art repose sur ces multitudes de précaires, ces gens qui font la chasse aux petits boulots, aux cachets comme on dit entre nous.
Ici c'est donc bien l'art et les artistes que l'on célèbre en grande pompe ! Mais quelle ironie que d'assister à tout ce décorum, ces dorures, ce champagne pour rentrer chez soi plus tard dans son 10m2, le frigo vide parce qu'on nous retire tous nos droits.
Alors, donc oui, nous parlons de CHEZ les techniciennes, techniciens et artistes dans la galère, POUR les techniciennes, techniciens et artistes dans la galère, POUR les chômeuses et chômeurs attaqué·e·s par le gouvernement, les gens qui ont le frigo vide le quinze du mois, celles et ceux qui n'ont même pas de frigo, celles et ceux qui sont privées d'emploi parce qu'ils et elles sont noirs, trans, gays, lesbiennes, ou handicapés, ou tout simplement trop femmes, trop elles, trop eux. C'est à elles, à eux, à nous, que revient ce Molière d'honneur ! Qu'il nous rende la dignité qu'on voudrait nous ôter ! Maintenant le Molière du déshonneur !
Incontestablement et à l'unanimité du jury, il revient en premier lieu à monsieur Macron et à son gouvernement. Monsieur Franck Riester, ici présent ce soir, vous en êtes le représentant.
Nous vous remettons le Molière du déshonneur parce que vous participez à cette grande fête, et en même temps vous coupez partout dans les budgets de la culture.
Nous vous remettons le Molière du déshonneur parce que vous logez au sein de votre gouvernement un monsieur Castaner. Monsieur Castaner qui, depuis des mois, donne l'ordre à la police de tout mettre en place pour empêcher une partie du peuple français de manifester, sans scrupule aucun pour toutes et tous les estropié·e·s d'une grenade ou d'un tir de flashball. Aujourd'hui, en France, il devient difficile d'aller manifester sans avoir, logées au fond du cœur et de la cervelle, toutes ces images de violences policières qui circulent et terrorisent. Alors, incontestablement, ce Molière du déshonneur vous revient pour cette grave et inconsolable atteinte à notre liberté. Cette fois-ci, c'est acté, c'est proclamé publiquement par vingt mille artistes en soutien aux gilets jaunes : plus personne n'est dupe dans cette affaire.
Pour reprendre leurs mots d'ordre, nous ne sommes pas dupes.
Non.
Nous sommes déterminé·e·s à changer le système incarné par monsieur Macron.
Comme le dit notre appel national des gilets jaunes, acté à Saint-Nazaire, le 7 avril 2019, nous sommes solidaires de toutes les luttes et nous appelons à les amplifier.
Mesdames et messieurs les techniciennes, techniciens et artistes, présents et présentes ce soir, ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! Allons gilet-jauner nos festivals cet été !
Le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple.
Merci." Des applaudissements ont envahi la salle, l'humoriste Blanche Gardin, dont on sait son soutien au mouvement, s'est notamment levée pour les applaudir. C'est alors qu'ils ont chanté la célèbre chanson « On est là, on est là, … » entraînés en cela par les ovations du public, puis, toujours sous les applaudissements, ils ont finalement quitté la salle en chantant la chanson non moins célèbre : « Emmanuel Macron on vient te chercher chez toi… ». France 2 qui retransmettait l'émission en différé, a choisi de couper la scène au montage ; son porte-parole justifiant ce geste en déclarant que : « Les intermittents ont agi sans autorisation. Ils ont pu s'exprimer devant le ministre de la Culture mais ils ont pris en otage l'antenne ». Il a oublié de dire que la salle a très largement applaudi leur intervention…

On est là Et Molière nous en voudra pas Publiée par Gilets jaunes intermittent·e·s chômeur·e·s précaires sur Lundi 13 mai 2019

#31eNuitDesMolières#GiletsJaunes #Intermittents #Chômeurs #Précaires pic.twitter.com/G8Ek6RVlII — GiletsJaunes Intermittent•e•s Chômeur•es Précaires (@LejeuneJojo) 13 mai 2019

Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/gilets-jaunes-ceremonie-des-molieres-france-2.jpg

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