Source : François-Bernard Huyghe, 07-03-2018
« Après Daech La guerre idéologique continue » d’Edouard Vuiart aborde un problème fondamental : que va devenir Daech dont la défaite sur terrain semble achevée en Syrie et Irak (sauf des poches comme avant 2013) ? Et surtout que veut-il devenir ? Comment une organisation hyperdoctrinaire a-t-elle pensé et préparé Une telle perspective historique ?.
Leurs chefs expliquent déjà que perte de leur territoire et l’effondrement de leurs forces matérielles ne sont qu’un épisode de la lutte millénaire, que le vrai triomphe appartient à celui qui conserve la volonté de se battre. Ils sont persuadés que l’appel au djihad sera renforcé par la « persécution » : le désastre apparent ne saurait dissimuler aux cœurs purs l’imminence de la victoire finale et de la fin des temps. Et Daech forme de nouveaux plans contre ses ennemis, c’est-à-dire le reste du monde. Ils justifient, ils donnent des consignes… Ces gens ne cessent d’expliquer et d’annoncer, il serait peut-être temps d’aller y voir. C’est ce que fait ce livre.
Le premier mérite est de nous mettre en garde contre l’autisme intellectuel. Il montre que l’action de l’adversaire obéit à une logique qui n’a rien à voir avec la nôtre mais qui est sans doute davantage articulée et explicite.
Il y a une dogmatique de Daech, une rhétorique, une casuistique, une géopolitique, une eschatologie, une vision du monde et une stratégie califales. Ce n’est pas parce qu’elles nous semblent absurdes qu’elles perdent tout efficace – au contraire- ni parce qu’elles nous horrifient qu’elles ne signifient rien.Lire la suite
Source