Source : The Atlantic, Fred Kaplan, octobre 2001
La crise de Berlin de 1961 n’est pas restée gravée dans la mémoire américaine, pourtant ce fut un épisode qui a rapproché les États-Unis et l’Union soviétique d’un conflit nucléaire. Des documents récemment disponibles révèlent que la Maison-Blanche de Kennedy a élaboré des plans détaillés pour une première frappe nucléaire contre les Soviétiques, et que le président Kennedy a sérieusement étudié cette option.
Fred Kaplan, octobre 2001
Il y a quarante ans, le président John F. Kennedy siégeait dans la salle du Cabinet avec ses principaux adjoints à la sécurité nationale, pour y discuter de l’idée de lancer une première frappe nucléaire contre l’Union soviétique. Ce n’était pas une discussion théorique. Le Premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev menaçait de prendre le contrôle de Berlin-Ouest. La guerre semblait non seulement possible, mais probable. Les chefs d’état-major interarmées avaient déterminé que les États-Unis et leurs alliés européens ne pouvaient pas défendre Berlin-Ouest uniquement avec des armes classiques. La guerre nucléaire est donc devenue l’alternative à la reddition. Au cours de l’été 1961, un petit groupe de fonctionnaires du Pentagone et de la Maison-Blanche avait élaboré un plan pour une première frappe qui allait pratiquement détruire l’arsenal nucléaire soviétique, minimisant ainsi les risques de représailles. Le plan était concret et très détaillé. Il précisait les trajectoires de vol que les bombardiers américains devaient emprunter, à quelles altitudes ils devaient voler et quelles cibles ils devaient atteindre, ainsi que le nombre de bombes nucléaires qu’ils devaient utiliser. Et il a conclu que la mission était réalisable, qu’il y avait une « probabilité raisonnable » de réussite.
L’existence de ce plan a d’abord été révélée dans un chapitre de mon livre, The Wizards of Armageddon (1983) [Les sorciers de l’Armageddon], mais ce compte-rendu reposait presque entièrement sur des entrevues avec d’anciens fonctionnaires. Sauf pour un ou deux memoranda hautement circonstanciés, tous les autres documents qui existaient au sujet du plan étaient enfermés dans les coffres-forts. Le plan de la première frappe était mentionné dans deux ou trois autres récits, mais il a été rejeté comme un scénario fait sur le coin d’une table, que Kennedy n’a probablement jamais vu.Lire la suite
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