Musique française 1/6 - La variété

Introduction Voici une série consacrée à la musique française. Il n'y aura pas trop de bourrée auvergnate ou de Stubenmusik, il faut faire des choix ... c'est ainsi que je me justifierai à l'adresse des amoureux des flonflons, de la valse musette, et de l'accordéon (chauffe Marcel, il y en aura quand même).
A lire Madame de Staël, nous, français, raffolerions surtout de l'expression de notre vanité et de son corollaire, le mépris de l'étranger jugé inférieur en qualité. J'aime à croire que cette pauvre femme n'y entendait rien tant sa lecture ne m'a guère enseigné autre chose que le constat de la nature profonde d'un mouvement dont elle fut l'archarnée promotrice. Ce laideron réformé dont la bancaire et helvètique fortune héritée garantissait une existence confortable et lui permettait la diffusion de leçons de morales et autres considérations futiles, était néanmoins une femme de goût et qui ne peut laisser totalement indifférent tout amoureux des arts. Et il convient aussi d'affronter les dires de la bougresse, voire l'écouter persifler depuis ses appartements tout son mépris du peuple français sans glapionner, car à la lire elle aimait aussi faire luir les nobles sentiments chez l'humain, et faire valoir un raffinement aux antipodes des bourgeoisades de son temps [NDA : le bourgeois, au 19e siècle, désigne un imbécile, un homme sans esprit ni délicatesse, c'est du moins l'expression de mépris que croyaient avoir inventé les Romantiques].
Madame de Staël aimait et pratiquait les arts et il m'est difficile de dissimuler que l'expression de ceux-ci au travers du romantisme connut ses plus profondes tournures comme ses plus spectaculaires envolées. L'école française du piano, représentée ici plus bas par Samson François, vit perdurer ce paradoxe très français du rejet de l'ancien régime tout en en maintenant les subtilités et le raffinement. La musique française Je vais tenter une définition de la musique française au travers de cet article, quitte à me faire taper sur les doigts, et voici celle que je peux oser à la lumière des constats que j'en fait. Tout d'abord je me dois d'admettre que cette entreprise est en apparence vaine tant on pourra objecter que tout dépend des périodes considérées, des aires géographiques retenues, des styles, etc. On serait donc tenté d'affirmer hâtivement qu'il n'existe point de musique spécifiquemet française, mais de la musique tout court. Mais une telle conclusion ne pourrait être retenue à la lumière de l'Histoire des arts et par ailleurs semble tellement motivée par cette détestable auto-flagellation qui s'exprime à outrance ces derniers temps que je m'en garderai bien. Car en réalité le français s'aime bien, il aime à se détester parfois, mais s'aime bien. Et c'est précisément en accord avec nos racines (germaines, latines, celtes ...) que les pièces rapportées trouvèrent depuis des siècles leur place dans le puzzle constellaire de nos identités mutantes, les enrichissant, les complexifiant à chaque instant.
Nous nous aimons, et c'est heureux, tout autant que nous aimons l'autre. Nous ne voulons juste pas que cela se sache. Alors nous avons tendance à siphonner les sentiments ambivalents de tous ces exilés débarqués sur notre sol par nécessité ou inspiration, jusqu'à finir par être convaincus qu'ils furent en réalité toujours nôtres : probablement que c'est un peu cela le génie français, cette capacité à assimiler, au sens biologique, faire siennes les âmes des autres contrées au cours des siècles en les combinant harmonieusement à nos enracicements. A ce stade, une mise au point s'impose déjà : on va se passer de la pomade dans ces articles (6 en tout), pour sûr, car en même temps c'est l'été, période propice à l'étalage excessif des crèmes épidermes, jusqu'à ce que les surfaces engraissées deviennent lisses et même grasses. Et puis n'en a-ton pas un peu besoin ? Quelques évidences Notre hexagone est au centre du continent tel l'astre solaire illuminant de son appétent universalisme ses voisins catalans, aragonais, teutons, helvètes, wallons, italiens et j'en passe et bien au-delà d'eux. Ce polygone diforme est en réalité au centre du monde, n'ayons crainte de le déclamer ... ne le faisons-nous pas depuis des siècles ?
Avec ses bouts de terres, émergeant de tous les océans, et ses territoires sous toutes les latitudes, sa faconde, ses utopies universalistes, son incommensurable arrogance bien placée, la France est en réalité le phare du monde. Les rosbifs ne règnent que par le commerce et ne sont nulle part chez eux hormi leur île désolante sur laquelle on ne finit par échouer que par absolue nécessité. Pour nul autre pays du monde les spectateurs d'un match de football américain universitaire de quatrième zone ne délaisseraient momentanément leur popcorn pour faire silence face à la barbarie qui assassine nos concitoyens. Les autres peuvent bien mourir, pas les français, pas leur esprit et le souffle de liberté qu'ils incarnent.
On nous hait parfois mais ce sont des larmes qui coulent bien plus que de fielleuses considérations à notre endroit quand cette espèce rare qu'est le français - qui n'est pas une race, mais bien mieux comme le dirait Bainville, une nation - se trouve être menacée. Si nous sommes autant aimés - "ahhh le Frrrrance, l'amourrrr" - que moqués c'est bien que ce pays et ses habitants ne ressemblent à nuls autres. Bon j'arrête là les banalités putacliquesques (j'aurais pu aussi parler des reptilo-frankistes, mais je crains les conséquences ... ces gens-là ne sont pas humains) ; une dernière tout de même, l'auto-dénigrement systématique ne nous ressemble pas plus que le tandem composé de mollusque 1er et de ce catalano-hystérique de petit mussolinien d'opérette mieux connu sous le nom de "Manu-la-tremblote" ne nous représentent. A propos de ces aboyeurs perrorant leurs slogans belliqueux à qui ne veulent plus les entendre et qui osent se parer de vertus factices tout en souillant les fonctions que nous avons collectivement eu la faiblesse de leur confier, à propos de ces deux ânes bâtés et serviles disais-je, on ne peut s'empêcher malgré tout de penser qu'ils incarnent une partie de nous-mêmes, quand bien même ils incarneraient pour l'essentiel la minable cohorte de cloportes qui tapent aux portes du pouvoir espèrant entrer dans l'Histoire comme un morbak dans la culotte d'un zouave. Je m'éloigne, mais disons que ... fallait que ça sorte. Et que serait la France sans ses révoltes ? Il y aura donc 6 chapitres. 6, car nous ne sommes, en dernière instance, que les gones d'un système de pensée complexe, plus hexadécimal - son ultime caractère étant le F - que bianire. Six ... et unis. Chapitre 1 : La variété Non, pas la variété, variétoche, en tant que genre musical, et pas non plus au sens pianistique (en gros tout ce qui n'est pas jazz ou classique étant grossièrement réduit à ce terme) mais la variété des styles pratiqués. Ce qui importera ici c'est qu'un sang impur abreuve nos sillons, fussent-ils micros, et de montrer un échantillon de l'infinie variété des créations. On a pas de pétrole mais de quoi compenser et de toute façon trop de mots pour se nifer et se terrer comme des vers. La musique française est à mon sens ainsi, ouverte, plurielle et surtout belle. Pour bien faire (mais j'ai pas envie) il faudrait détailler les origines, mais il y a des livres pour cela. Et puis la méthode, c'est davantage le truc de nos cousins germains, à nous il reste le discours de celle-ci, ce qui n'est pas rien. Les expressions ici seront populaires et savantes, et comme du ruisseau à la cour du roy il n'y a qu'un pas, il devient dérisoire de chercher les frontières dans tout cela. Un air (les paroles sont sous la description) de chez nous magnifiquement interprété par un artiste surprenant : Uniweria Zekt Magma Composedra Arguezdra, c'est le nom du groupe, bienvenu sur leur planète et si vous n'appréciez pas le voyage, autant être clair, c'est un aller simple, non remboursable. Un conseil, mettez le son à fond, vos voisins ne vous en voudront pas : Un autre standard : On enchaîne avec des pointures dans leur domaine et un morceau envoi du pâté avec notamment un chorus mémorable de Louis Scalvis. Henri Texier, le contrebassiste embarque tout le monde dans l'aventure : Voici un titre de son dernier album sorti en 2016, à voir en concert prochainement(1) : Puis un film, pour une fois à écouter : Toujours sans transition, voilà un immense artiste, François Samson. Pourquoi lui ? Parce que c'est un interprète de génie, et celui qui en son temps a remis mon compositeur fétiche en pleine lumière ... et de quelle manière : Le document suivant est particulièrement touchant, l'interprète et l'artiste se ressemblant ; et le spectacle, aux ultimes lueurs, de cesser : On reste dans le génial avec Erik Satie interprété par un pianiste de grande qualité (sur la chaine AgoraVox qui a eu le bon goût de le relayer), très simple et d'une beauté ... : Le poète ultime : Aparté : Suivant les conseils d'une jolie demoiselle (si ça se trouve c'est en réalité un vilain barbu édenté et chauve ... mais on va garder la première hyothèse) la suite sera constituée de liens. Pour revenir à du léger, voici l'un des tout premier morceau de rock en français : en l'écoutant on comprend pourquoi ce texte sulfureux de Boris Vian interprété par la non moins sulfureuse égérie fellinienne, Magalie Noël, décédée l'année dernière, fut interdite à la radio ... on est en 1956, le ras-de-marée va pas tarder à déferler sur l'hexagone : Après une chanson qui célèbre la chair, une autre qui invite à la réflexion. Les Collabos, incontournables dans leur genre. On en parlait il y a peu avec un amateur de Ravel qui est souvent dans les parages, une oeuvre, jouée sur une Rolls, au pouvoir bien étrange, celui de faire oublier sa destination (même si avec quelques bpm de moins ça passe mieux). Un réunionais à découvrir, Johann Berby, juste pour montrer un bout de son talent. Un peu de chant basque avec ce morceau. Et puis un monument en France. Francis Lemarque. Un peu d'Armorique avec ce standard qui réunit toues les générations Tout en finesse, vieille tradition, la grivoiserie - et encore je fais soft, des enfants lisent - aux senteurs bestiales et mélopées gotainairiennes. "On connait une nation aux hommes qu'elle produit, mais aussi à ceux dont elle se souvient et qu'elle honore." JFK, voici un ... chanteur, deux en fait. Un peu d'étrange avec cet excellent groupe parisien. On revient sur une de mes valses favorites Et traversons l'océan, avec ce morceau coloré et plaisant, avec ses cuivres ensoleillés : Bashung, autre grand absent ... Loudblast, avec un morceau qui va vous faire un peu aimer le métal (au pire vous pourrez toujours vous rincer l'oeil). Vous pouvez d'ailleurs retrouver Stéphane Buriez dans l'émission UD2M sur la confidentielle Enorme TV. Un artiste qui vaut le détour (oui je fais partie de ces blaireaux qui aiment aussi Patrick Sébastien, enfin à doses homéopathétiques). L'immense Michel Portal avec des musiciens de Mineapolis ; les deux albums qu'il a fait avec eux sont excellents. Le MC des ghetto le plus phénoménal. Nostalgie, de l'autre côté du mur ... Seth Gueko, pour la reprise, le texte et l'humour. Très peu connu : un groupe de métal français de la bonne époque : On appréciera ici la batterie d'excellente qualité. Et puis Serge Gainsbourg. Voilà, pour l'introduction de la série. Forcément, impossible de mettre tous les continents, des incontournables passent à l'as, et je compte sur vous pour corriger, tout ceci n'est que question de goût et puis ... d'espace. On terminera, évidemment, comment faire autrement, avec ce morceau intemporel, un titre cru, simple, jusqu'à la caricature, mais on aime. Ah j'oubliais, aoustiennes salutations à mes augustes camarades HDR bâtisseurs de l'impossible, zicos, facteurs, informaticiens, gaïannais, voix-turistes, psys ... "que la vie soit un feu d'artifice et la mort un feu de paille", DVG. 1er 4 août 2016,
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