Remaniement : entre Verts dans la pomme et repris de justice !

Alors que notre Président François Hollande avait dû précipitamment réagir à la défection de Christiane Taubira le 27 janvier dernier, en faisant appel à un fidèle de Manuel Valls, Jean-Jacques Urvoas, pour la remplacer, c’est à un remaniement plus large que nous venons d’assister il y a une semaine.
De nouveau en partie contraint par des contingences extérieures (l’état de santé de Laurent Fabius, la nécessité de l’exfiltrer face au fiasco syrien, et les soucis de sa progéniture avec les institutions judiciaires américaines) ce remaniement a surpris autant par son ampleur que par sa nature.
Avec quatre nouveaux ministres (soit davantage de changements qu’entre les gouvernements « Valls 1 » et « Valls 2 »), c’est bel et bien ce qu’il convient d’appeler le gouvernement « Valls 3 » qui vient de voir le jour sous nos yeux !
Musique maestro ! Voici le 3ème temps de la valse de Manuel !

Les Verts sont dans le fruit !

L’une des sensations de ce remaniement est évidemment le retour en grande pompe (funèbre ?) des Verts. Jetés en avril 2014 avec l’eau de l’Ayrault, les voici qui rejoignent le gouvernement Valls que leur propre bureau exécutif avait refusé à l’époque d’intégrer (au grand dam d’ailleurs de Jean-Vincent Placé et de Barbara Pompili… on y revient).
De nouveau les Verts sont dans le fruit, et le fruit est une pomme ! Celle de la discorde ! Difficile en effet de ne pas voir dans ce choix le double objectif machiavélique du locataire de l’Élysée de porter un coup fatal à un parti déjà moribond, et de tuer dans l’œuf toute idée de primaire ou de candidatures solitaires « à la gauche de la gauche ».

Emmanuelle Cosse – Ministre du logement

Les esprits taquins disaient d’elle qu’elle avait réussi à présider Act Up sans être homosexuelle, et les Verts sans être écolo… Preuve est faite qu’elle est aussi capable de prétendre exercer un ministère dans un pays qu’elle veut voir disparaître… Comme elle le déclarait dans l’émission « mots croisés » il y a deux ans, Emmanuelle Cosse est une ayatollah du fédéralisme européen qui veut voir les nations se dissoudre dans cette grande « nation sans peuple » que serait l’Europe. C’est beau d’y croire ! Mais le problème est qu’elle ne se contente pas d’y croire ! Elle promeut aussi à longueur de journée ces idées mortifères pour nos nations européennes (parfois millénaires comme la France).
Et il suffit de jeter un œil à son compte Twitter pour bien comprendre le sens de ses priorités :

24h après sa nomination, son profil twitter n’était pas encore à jour. Le lendemain, son nouveau poste était apparu… en bonne place… juste après « amatrice de rugby ».

Jean-Vincent Placé – Secrétaire d’État chargé de la réforme de l’État

Prime à l’obstination pour Jean-Vincent Placé, qui, au micro de Jean-Jacques Bourdin, lors du précédent remaniement, répondait  à la question de savoir s’il y aurait des Verts dans ce nouveau gouvernement : « Il n’y en aura pas, et surtout pas à titre personnel, ce serait lamentable en vérité » (c’est ici). Le voici au gouvernement ! Et qui plus est, à titre personnel puisqu’il a quitté EELV en septembre dernier. Encore un donc, pour qui un remaniement vaut bien un reniement… Que dire de plus sur lui ? Quand on n’a pas en main toutes les cartes pour gagner, il faut parfois la jouer placé…

Barbara Pompili – Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité

Plus discrète ces derniers temps, la nouvelle Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Barbara Pompili avait, comme Jean-Vincent Placé et François de Rugy, quitté EELV en septembre, non sans quelques hésitations, puisqu’elle avait suivi ses deux collègues de quelques semaines. Faut-il en conclure que la trahison lui pose davantage de cas de conscience qu’à Jean-Vincent Placé ? Une chose est sûre, cela conforte François de Rugy comme le grand perdant du bal des traîtres.

Un repris de justesse et un repris de justice

Ce gouvernement est décidément né sous le signe du retour !

Jean-Marc Ayrault, le repris de justesse

« Valls 3 » ! Avec son petit nom de « trilogie cinématographique », ce nouveau gouvernement ressemble au mauvais remake d’un « block buster » qui ne « casse pas des briques »… Le Super Ayrault a vieilli et le scénariste aura bien du mal à nous faire croire encore à ses super pouvoirs. Jean-Marc Ayrault rejoint le Ministère des Affaires Étrangères. Le Quai d’Orsay, lui, confirme une fois de plus sa fonction d’usine de « recyclage » (ce qui ne devrait pas déplaire à nos écolo-colabobos). Après Alain Juppé, et Laurent Fabius, c’est notre troisième ex-Premier Ministre à y faire un galop en y perdant du galon.
Mais quelle mouche peut bien avoir piqué notre Président pour appeler à ce poste Jean-Marc Ayrault ? Celui-là même dont le principal fait d’armes dans le champ de la politique extérieure est d’avoir dévoilé par erreur le secret de la prise d’otage des deux journalistes français Nicolas Hénin et Pierre Torres en Syrie lors d’une interview tout à fait anodine, à l’antenne d’Europe 1, comme le rappelle cette vidéo (à 7 min 10). Tout un symbole ! Alors me dira-t-on : « il parle allemand » ! oui, c’est vrai, il parle allemand…

Jean-Michel Baylet, le repris de justice

L’expression peut paraître un peu définitive, mais d’après le Larousse, c’est bien à un « repris de justice » que nous avons affaire au poste de Ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales. Jean-Michel Baylet a en effet été condamné en 2003 à six mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende pour abus de biens sociaux et recel d’abus de biens sociaux dans une affaire liée au journal dont il est propriétaire… La Dépêche !
Sa mise en examen pour ces faits, en 1997, avait empêché sa nomination dans le gouvernement de Lionel Jospin (comme le rappelle ici l’Express). Sa condamnation, elle, ne semble pas avoir posé le moindre cas de conscience à notre Président. Il est vrai que ce dernier n’avait pas hésité en 2012 à nommer Jérôme Cahuzac au poste de Ministre délégué au Budget (et à ce titre en charge de la lutte contre l’évasion fiscale) alors que celui-ci avait été reconnu coupable d’avoir embauché au noir une clandestine payée en liquide 250 euros par mois… (pour 40 h par semaine, sans aucun respect donc pour le besogneux travail législatif de sa collègue Martine Aubry). Les faits sont rappelés avec beaucoup de légèreté dans cet article de… La Dépêche (ironie du sort !). Une chose est sûre, une fois de plus, la « République exemplaire » de Hollande redéfinit un concept d’exemplarité à géométrie variable.
Plus étonnant, cet article du NouvelObs nous apprend que la propre mère de Jean-Michel Baylet, Evelyne Isaac, a également été condamnée à un an de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende dans cette même affaire. Il faut dire que le journal est une véritable affaire familiale. La page Wikipédia d’Evelyne Isaac précise que celle-ci s’entoura à la direction du journal de fidèles tel que René Bousquet (grand ami de François Mitterand et haut fonctionnaire collaborationniste sous Vichy) et qu’il lui a souvent été reproché d’utiliser La Dépêche comme relais de la carrière politique de sa progéniture. Collusion entre pouvoirs politique et médiatique qui n’a pas manqué d’amuser Le Point qui a noté le surprenant engouement du journal pour ce remaniement, et bien sûr, en premier lieu, pour le nouveau Ministre de l’Aménagement.
Côté cœur, Jean-Michel Baylet fut marié à Marie-France Marchand-Baylet, qui n’est autre aujourd’hui que… Madame Laurent Fabius ! Comme le monde est petit ! Plus drôle encore, Laurent Fabius qui vient de quitter son poste de Ministre des Affaires Étrangères se voit ainsi séparé de sa femme qui, elle, dispose toujours d’un bureau au « Quai » et qui aime à jouer les maîtresses de cérémonie en invitant les délégations étrangères au domaine de La Celle-Saint-Cloud, comme le révèle ici l’Express ! Nous sommes incontestablement dans le « beau monde ».

Un troisième maroquin pour une Franco-Marocaine

Le jeu de mot est facile, mais le clin d’œil révélateur. Le message est clair, citoyens français, vous vivez dans un monde globalisé, vous en bavez, nous en profitons. Plus que jamais notre élite mondialisée se coopte, s’adoube et flirte dans des relations consanguines… du sang  « pur » de notre caste.
La première, Myriam El Khomri, avait remplacé François Rebsamen le 2 septembre dernier au poste de Ministre du Travail, avant de se faire épingler, à peine quelques semaines plus tard, par Jean-Jacques Bourdin. Interrogée sur la législation en vigueur des contrats à durée déterminée (CDD), elle avait laissé entrevoir toute l’étendue de son incompétence en se montrant incapable de répondre (c’est à revoir ici). Myriam El Khomri qui fait de nouveau parler d’elle depuis jeudi, mandatée pour jouer les snipers du code du travail (pour les sceptiques sur la notion de « mandat », voir cette excellente vidéo de François Ruffin)
La seconde, l’inénarrable Najat Vallaud Belkacem, qui n’a pas son pareil pour esquiver les questions gênantes d’un sourire en coin mielleux, accumule elle aussi les actes de soumission au système qui l’a promue. Après avoir tenté d’imposer sa fameuse « théorie du genre » (sur laquelle elle a finalement dû faire marche arrière, mais pour combien de temps ?), la voilà à présent lancée dans la chasse aux sorcières complotistes (voir la journée « Réagir face aux théories du complot »).
Et voici donc maintenant Audrey Azoulay !
Moins connue du grand public (pour l’instant), elle œuvrait pourtant déjà, depuis septembre 2014, dans les coulisses du pouvoir, à l’Élysée même, en tant que conseillère « culture et communication » de Hollande. Proche de Julie Gayet (comme croit le savoir Jérôme Dupuis de l’Express) elle a plus d’un atout en main, puisqu’en plus d’être diplômée de Sciences-Po et de l’ENA, elle n’est autre que la fille d’André Azoulay, journaliste, banquier et homme politique marocain qui conseille les rois du Maroc (Hassan II puis Mohammed VI) depuis plus de 25 ans (un petit Jacques Attali – et un tout petit Zbigniew Brzezinski – marocain en quelque sorte…). Même s’il ne s’agit ici « que » de la culture, voilà qui devrait à n’en pas douter, une fois de plus, garantir la plus grande indépendance à notre politique nationale.
A noter qu’Emilie Lang, ancienne conseillère presse de l’Élysée (qui n’a pas, d’après nos recherches, de lien de parenté avec Jack !) et épouse de Gaspard Gantzer (conseiller en communication de Hollande), a rejoint Audrey Azoulay au ministère de la culture, remplacée à son poste par Jean-Pierre Jouyet (ancien Secrétaire d’État sous Sarkozy !) et Boris Vallaud (le compagnon de Najat…). Les rebondissements de la vie au « Château », digne de 1789, sont à suivre sur Stratégies ! Tout va vraiment pour le mieux, dans le meilleur des mondes possibles.

Celles dont on parle moins…

Ce ne sont pas six, mais pas moins de dix nouvelles têtes qui font leur entrée au gouvernement ! Ainsi, Ericka Bareigts a été nommée Secrétaire d’État chargée de l’Égalité réelle ! Voyez-vous ça ! On atteint là à l’évidence des sommets de sophisme et de vacuité intellectuelle. L’égalité réelle ! A distinguer évidemment de l’égalité illusoire ou de l’égalité inégalitaire… À quand les Ministères de la « Justice équitable » et de la « Défense qui protège » ? Mieux vaut en rire… pour éviter d’avoir en à pleurer.
Juliette Méadel (ancienne porte-parole d’un parti dont la voix ne porte plus, j’ai nommé, évidemment, le Parti Socialiste…) arrive elle au Secrétariat d’État chargée de l’Aide aux victimes. Un secrétariat d’État chargé de l’aide apportée aux victimes d’attentats. La valeur est symbolique, mais au vu de l’état du pays, et avec tout le respect que l’on doit aux victimes des attentats, nous sommes malheureusement en droit de nous interroger sur la légitimité d’un tel secrétariat…
Avocate de formation, elle a travaillé au début de sa carrière dans un cabinet anglo-saxon de conseil en fusions-acquisitions. Son mari lui, est analyste financier. À n’en pas douter, avec Juliette Méadel, Hollande a trouvé là un appui de plus pour être contre la finance ! Tout contre (pour plagier Guitry). Ancienne Directrice Générale du Think Tank Terra Nova (NDLR : quand vous créez un cercle de réflexion qui n’attire aucun adhérent, et ne publie à peu près rien… vous appelez cela un « Think Tank »), elle est la fille de Lucien Méadel qui fut directeur de Cabinet d’Edith Cresson.
Estelle Grelier, nommée Secrétaire d’État chargée des Collectivités territoriales, et Hélène Geoffroy, qui a pris la fonction de Secrétaire d’État chargée de la ville, complètent la liste des nouveaux entrants du tout dernier gouvernement Valls, qui, c’est à signaler, a donc vu l’arrivée de pas moins de sept femmes Ministres ou Secrétaires d’État.
Nico Las (TDH)
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