Violences gratuites : Une autre approche - Maurice Berger (Sud Radio)

Le 8 janvier 2020, Maurice Berger, auteur de "La violence gratuite en France", était l'invité de Valérie Expert sur Sud Radio. Cette entrevue rare dans les médias mérite d'être écoutée très attentivement. Présentation de l'auteur : Maurice Berger est médecin, spécialisé en psychiatrie générale (1975) et pédopsychiatrie (1977). Assistant-chef de clinique en psychiatrie adulte pendant deux ans et demi, en 1979, il a fondé le service de pédopsychiatrie du CHU de Saint Etienne. Il a crée deux hôpitaux de jour, une unité de Placement Familial Thérapeutique, et une Unité d'Hospitalisation à Temps Complet pour enfants âgés de 2 à 12 ans, dédiée en grande partie aux soins des enfants très violents. Il est également HDR en psychologie clinique et fût professeur associé de psychopathologie de l'enfant (Université Lyon 2) dans les années 90. Membre de plusieurs commissions interministérielles concernant la protection de l'enfance, il a aussi été consulté pour l'élaboration de lois à l'étranger (Brésil). Ses principaux champs de recherche sont la thérapie familiale d'orientation psychanalytique, la compréhension et la prise en charge des troubles du développement cognitif et de l'hyperactivité avec troubles attentionnels, les processus psychiques liés à la séparation chez les enfants adoptés ou retirés à leurs parents pour être placés ou confrontés au divorce de leurs parents, les conséquences des différentes modalités d'hébergement chez les enfants petits en cas de divorce. Depuis 35 ans, il mène des recherches sur les conséquences, au niveau affectif et cérébral, des maltraitances et des négligences chez l'enfant, et sur leur traitement, en particulier dans le domaine de la prise en charge des enfants et adolescents très violents. Auteur de 19 livres traduits en 7 langues, 107 articles dans des revues à comité de lecture, il a donné plus de 300 conférences dans le monde. Son approche de la question des "violences gratuites" en France (qui explosent) : Ce qu'il nous dit ici est très rarement relayé dans les médias.
Pour lui, les causes de l'hyper-violence, la psychopathie (même si le terme n'est pas employé ici, c'est bien de cela dont il s'agit) d'une partie de la jeunesse en France n'ont pas pour causes principales la précarité des familles ou le phénomène de ghettoïsation. Il est l'un des rares à récuser cette approche exclusivement matérialiste en permanence mise en avant par les pouvoirs publics pour expliquer (quand ils décident d'arrêter de le nier...) le phénomène des "violences gratuites" qui est en forte progression ces dernières décennies. La proportion qu'il donne s'agissant de ce phénomène est, à mon sens, inédite : dans les centres* où sont pris en charge ces adolescents ("de plus en plus jeunes" nous dit-il) de 14-16 ans, selon lui, 88% sont d'origine maghrébine et 8% d'origine européenne ; soit une surreprésentation absolument phénoménale.

Autres proportions aussi éloquentes qu'inquiétantes : 50% des jeunes qui commettent des violences gratuites sont incapables de déchiffrer les expressions du visage de l'autre et 69% ont assisté à des violences au sein de leur famille entre 0 et 2 ans. Puisqu'il est question du poids des violences conjugales ici et, disons-le clairement, d'un lien que fait le Professeur entre violences gratuites et immigration, il me semble utile d'apporter quelques données importantes pour mieux comprendre. D'après les statistiques officielles, 25% des garçons subissent des violences physiques au sein de leur famille en Algérie. D'après l'Office national des statistiques de l'Algérie (données récentes), 68% des femmes acceptent que leurs maris les battent. Dans " The global gender gap report" de 2013 (Forum Économique Mondial), 14 des 15 pays les plus mal classés quant à l'égalité Hommes-Femmes sont à majorité musulmane, cette dernière donnée ne tenant pas compte de nombreux pays où les indicateurs sont inexistants. Évidemment, il ne s'agit pas de prétendre que l'on pourrait transposer ces réalités à notre pays, mais nous les citons ici parce qu'elles donnent des indications quant au contexte culturel, aux us et coutumes en place dans certaines cultures. Nous pourrions en ajouter bien d'autres sur les taux de mariages forcés, les crimes dits d'honneur pour illustrer que cette violence intra-clanique est bien plus profondément ancrée dans certaines cultures que dans d'autres. Les causes de cette violence gratuite sont, selon le Professeur Berger, multiples et il estime primordial de sortir de la mono-causalité comme de l'explication encore très répandue et avancée de manière pavlovienne : la supposée plus grande précarité des familles concernées. ll pointe surtout un manque d'empathie des parents dés la prime enfance dans certaines familles, un climat de violence intra-familial et un fonctionnement clanique enfermant l'enfant dans un non-développement de sa propre pensée (absence d'imagination, de projection, d'empathie...) et ses conséquences sur le développement affectif des enfants qui y sont soumis. On peut aussi observer comment le discours dominant illustre systématiquement ce type de problématiques. Dans cette émission grand public qui date d'il y a au moins 12 ans, mais comme dans tous les spots de campagnes de préventions sur différents phénomènes (harcèlement sexuel, violences conjugales, agressions gratuites, etc), on peut remarquer des récurrences. La qualité de la video qui suit est exécrable mais le document est malgré tout intéressant à bien des égards... En conclusion, Maurice Berger, dénonce sans ambiguïté une "chape idéologique" sur cette question des violences gratuites (le sont-elles totalement d'ailleurs... on peut compter sur les sciences sociales pour ne pas y répondre) qui empêche selon lui de progresser dans la lutte contre le phénomène. On nous explique depuis des décennies que "non, la France ne s'ensauvage pas", que " c'est un fantasme" (souvenons-nous du traitement réservé à Laurent Obertone chez Ruquier il y a quelques années...). A l'évidence ce discours de déni qui prévaut et les explications au phénomène ne sont plus tenables, chiffres à l'appui. * On ne sait pas ici s'il s'agit de données nationales. Sources : Site personnel de Maurice Berger pour la présentation et chaîne YT de Sud Radio à laquelle il est chaudement conseillé de s'abonner.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/maurice-berger-enfants-violents.jpg

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