Jésus philosophe insurrectionnel

Mon passage en théologie me découragea et me ferma définitivement à l'institution religieuse. Plus tard, la rencontre avec C.G. Jung, (à travers ses ouvrages bien sur) permit une nouvelle mise en disponibilité de conscience spirituelle. Avec Françoise Dolto, freudienne et chrétienne, tout devint plus clair. Les évangiles furent l'illustration de ce que Freud nomme la libido, Jung l'énergie psychique. Cette espèce de dynamique vivante, cette énergie entre instinct et raison qui accompagne nos contradictions douloureuses. La « Bonne nouvelle » prit la forme d'une espèce de laboratoire à l'œuvre dans la psyché jusqu'aux profondeurs de l'inconscient.
Quant à Jésus, personnage central, il fut détesté, sanctionné et traité plus tard de blasphémateur et de goujat dans le Talmud. Aujourd'hui nié et réduit à la fonction de mythe par Michel O. Ce philosophe courageux politiquement qui rivalise avec Sysiphe et semble ignorer que sa sympathie pour Épicure et son immense tendresse pour son papa, font de lui un chrétien activiste authentique . Je prend les devants sur Michel, il a tenté aussi de foudroyer Freud et Dolto, une partie importante de mes racines, c'est une question de survie. Jésus l'insurrectionnel évoquait la foi, la dessinant en multiples paraboles et métaphores dans un espace intemporel de liberté et de paix. Ses apôtres suiveurs, suivaient. Ils suivent encore dans l'exclusive d'une espérance temporelle, d'un pouvoir stratégique modélisé par l'autorité, hier de l'occupant romain, aujourd'hui de tous les pouvoirs confondus. Hélas le vil troupeau, les fidèles. Et cet éternel dilemme, la dualité entre le monde spirituel et la vie civile. Déjà sous l'autorité romaine, ces païens que des sicaires activistes, zélotes déterminés, rêvaient d'envoyer au diable. Et pour toute réponse aux hérodiens, amis du pouvoir romain et les pharisiens opposants frondeurs : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Mat.22,15-22 Le tribut, différent de nos impôts de citoyens « libres », avait un caractère d'assujettissement : c'était la contribution imposée par un vainqueur à un vaincu (Rome avait conquis la Palestine par les armes). La loi et la gestion romaine annonçait déjà la vassalisation de l'ordre mondial.. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu c'est prendre ses responsabilités au service de l'homme et de tous les hommes. Ainsi, le croyant n'est pas apolitique ou anarchique, mais homme soumis aux lois de la cité et de l'état. Ce qui par certain côté souligne sa tendance servile que je réprouve dans certains cas. Cette sentance s'oppose aussi à toute ingérence inquisitoriale de la croyance religieuse dans les affaires temporelles de l'état. Jésus ne favorise pas le régime totalitaire dans lequel le dogmatisme qu'il soit théologique ou idéologique est à la racine du terrorisme d'état qu'il soit théocratique comme le régime iranien ou communiste, sous le dictât d'un secrétaire général, à la fois Dieu idéologique et César tyran. La vie civile et spirituelle interfèrent mais peuvent prospérer respectueusement. Message du poète aux futurs bâtisseurs d'hégémonie : Mt 16:18 « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » C'est la première fois que Jésus parle de sa communauté, ici il en parle comme étant non encore fondée. Sa démarche était essentiellement spirituelle, les politiciens ont fait le reste. Trois termes doivent être notés : (1) Pierre, en Grec Petros, du sens d'une simple pierre, même s'il s'agit d'un rocher ; (2) Roc, en Grec Petra, qui est le rocher solide, inamovible, d'une grande masse, éventuellement une falaise, et (3) église, en Grec ekklesia, les "appelés hors de", l'assemblée des croyants, la communauté de Jésus, le royaume des cieux sur la terre. Il n'y a probablement aucun passage dans la Bible qui ait entraîné plus de discussions. Pierre venait d'identifier Jésus, « Tu es le Dieu vivant » En clair « Sur ta déclaration je bâtirais mon église. » L'histoire des actes des apôtres, son apogée tragique, verront converger les influences vers la ville éternelle avec Pierre et Paul, un inculte et un opportuniste, certes deux braves sectaires mais sacrifiés. A l'église primitive relativement virginale succéderont plus tard les premiers papes guerriers, Constantin en tête qui lèvera le glaive et confondra l'influence heureuse et paisible de Jésus. Ceux ci n'auront rien a envier aux derniers Césars tyrans, ils réduirons les peuples barbares dans les premiers siècles de la chrétienté faisant l'impasse sur la loggia christique du jardin des oliviers. (adressée à Pierre) « Rengaine ton glaive, tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive.(Mathieu 26, 52). Ainsi, Jésus, le poète philosophe inspiré qui tressaillait devant la beauté de la nature humaine n'eut droit qu'à des chroniqueurs laconiques et des secrétaires besogneux. Devant tant de profusion poétique, les disciples débordés se contentèrent de l'essentiel. Les prétendus auteurs des évangiles, Matthieu, Marc, Luc et Jean firent œuvre d'auteurs, pénétrant la personnalité exceptionnelle du prophète discret. Comme Socrate il parlait. Il parlait dans la rue, dans les campagnes, sur la montagne, il parlait mais n'écrivait point. Au XIXe siècle Socrate revint à la mode, le père de la société de l'avoir, à travers son principale suivant Platon. Puis Aristote, lui, le précepteur du bel âtre cruel et conquérant Alexandre le Grand. Dans le même temps Jésus déclina, ça se voyait trop qu'il était un grand défenseur de la communauté de l'être, des paysans, maillotins, jacques, et autres miséreux spoliés par les serviteurs du Prince de ce monde qui maintenant régnaient. Les philosophes lumineux pour les niais et les révolutionnaires bourgeois de 89. Ainsi, tous les sans grade furent spoliés par les brigands du capitalisme en marche, systèmes politiques et religieux confondus. F. Nietzsche, Hegel et Marx ne purent que constater : La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. L'interprétation en est subtile. Ce passage du nouveaux testament suffit à placer l'enseignement de Jésus à tous les temps de la maturité humaine. Ce qui fait cruellement défaut à tous les systèmes politiques et religieux confondus. Selon Jean 8, 1-11 Des pharisiens en colère s'adressèrent à lui pour l'éprouver : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère, la loi de moïse nous dit qu'il faut lapider des femmes comme elle, maître qu'en penses-tu ? » Il enseignait en écrivant sur le sol. Comme ils continuaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d'entre vous qui n'a jamais fauté jette la première pierre contre elle. » Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol. » Il parlait. Ce jour là, exceptionnellement il écrivit et sauva une femme de la lapidation. Pour ceux qui entendent, sa pédagogie empathique démontre que l'intelligence du cœur vaut mieux que la loi, l'ordre, la morale et l'exemple. Mais ne pas s'y méprendre, il s'agit de l'expression pure du raisonnement. Chez l'être humain équilibré, il domine sur l'injonction légaliste formelle et l'émotivité de notre nature humaine complexe et contradictoire. C'est donc un vrai défi. Curieux enseignement. Il écrivit exceptionnellement sur le sol du parvis du temple. Tous les hommes attentifs savent que le sol était sablonneux. Un temps très court s'écoula. L'étrange écritoire de sable ne résista pas au vent du soir ni à l'incessant va-et-vient des passants. « Les évangiles sont lus depuis 2000 ans, ils font toujours effet de vérité au plus profond de tout être qui les lit. C'est à la recherche des sources de cette vérité que je me suis intéressée.Qu'ils soient historiques ou pas, ces textes sont un torrent fantastique de sublimation des pulsions. Des écrits qui saisissent à ce point ne peuvent être négligés. Ils méritent que formés par la psychanalyse, nous cherchions de cette dynamique qu'ils ont sous-tendue la clé. » Françoise Dolto
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/dolto-evangile-psychanalyse.jpg

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