Depuis quelques années, la France est coutumière de polémiques suivant un schéma bien déterminé : des informations partent de plateformes de site à sensibilité droitarde et identitaire, sont ensuite relayées par des cadres du Front National pour enfin déboucher dans la presse « mainstream » à sensibilité gauchiste. Ces informations souvent manipulées de toute part donnent alors naissance à une polarisation de l'opinion et à une polémique. On évoquera les cas des « viols de masse » à Cologne, de l'affaire Théo ou dernièrement du festival « interdit aux blancs ». Il y'aurait tout une analyse à faire de ce phénomène qui est déjà bien rodé bien qu'il n'en soit qu'à ses balbutiement (car il montera certainement en puissance) mais ce ne sera pas l'objet de cet article. Une nouvelle polémique monte depuis mercredi selon ce schéma caractéristique, celle de la député qui préfère « Nique la France » à « Vive la France » ou qui défend la chanson « Nique la France » , « qui veut pouvoir niquer la France » ou encore selon d'autres interprétations de la député coupable de ne pas avoir crié « Vive la France » dans un studio de radio ou encore de la député qui ne se soumet pas aux injonctions journalistiques de lui faire crier « Vive la France ». C'est de cette polémique qu'il sera question dans l'article. Que s'est-il passé exactement ? Danièle Obono était conviée au grand oral des Grandes Gueules et voici l'extrait de l'émission d'où partira la polémique : La pétition dont il est question dans la vidéo était lancée par « les Inrocks », faisait suite à la mise en examen du chanteur Saïdou du groupe ZEP (Zone d'expression populaire) et du sociologue Saïd Bouamama pour « injure publique » et « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence », suite à une plainte de l'Agrif (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française et chrétienne), association que les médias mainstream qualifient d'extrême droite. En cause, un ouvrage et un rap satirique « Nique la France », sortis en 2010 dont le refrain est : « Nique la France et son passé colonialiste, ses odeurs, ses relents et ses réflexes paternalistes. Nique la France et son histoire impérialiste, ses murs, ses remparts et ses délires capitalistes. » Il y'a plusieurs niveaux de lecture de cette polémique.
- La défense de la liberté d'expression
A la question « En tant que députée, êtes-vous fière d'avoir signé ? », Daniel Obono répond : « Pour défendre la liberté d'expression de ces artistes, oui. Parce que ça fait partie des libertés fondamentales. » Elle précise également ne pas cautionner ce rap mais assume le fait d'avoir défendu ces artistes. Rappelons ici un des principes de la liberté d'expression : elle ne vaut que pour la personne qui pense autrement, quand bien même on la méprise et si on veut l'empêcher de s'exprimer, c'est que l'on s'oppose à cette liberté ! Il sera donc impossible pour les véritables défenseurs de la liberté d'expression de s'insurger de ce qu'une citoyenne, même élue de la République, puisse défendre ce principe philosophique. Particulièrement ces personnes qui s'insurgent, au nom d'une atteinte à la liberté d'expression , des condamnations de Dieudonné, de Boris Le Lay, d'Hervé Ryssen et d'autres personnes classées à l'extrême droite et étiquetées « raciste » dans les médias mainstream. On pourrait par la même occasion demander à madame Obono si elle serait prête à signer une pétition en défense d'une de ces personnes, ce qui permettrait de vérifier la sincérité et la cohérence de sa position. D'autant que dans une interview, elle s'exprime ainsi : « J'ai apporté mon soutien au groupe ZEP, dont l'album s'appelle « Nique la France ». Je l'ai défendu au nom de la liberté d'expression. Je ne reprends pas le terme, pour ma part. Mais je crois indispensable de défendre la licence créative pour les artistes ».
- L'injonction au patriotisme
Il semble pour beaucoup évident qu'une personne occupant une fonction publique dans une nation doive avoir un fort sentiment d'attachement à cette dernière. Mais ce qui n'était qu'une lapalissade pour les humains des siècles passés ne l'est plus aujourd'hui (pour des raisons qui seraient trop longues à développer dans cet article), particulièrement en occident et en France. Certains le regretteront, d'autres moins mais la bizarrerie de cette polémique tient au fait que dans ce contexte général d'affaissement du patriotisme au profit d'idéologies cosmopolites, surtout parmi les élites, ce soit à Madame Obono qui est faite cette injonction au patriotisme. Pour laver l'affront d'avoir signé la pétition, la députée se voit enjoindre de dire, là, sur le plateau : « Vive la France ». « Vous pouvez dire "vive la France" ? » lui demande la grande gueule. Elle répond : « Je peux dire « vive la France », mais pourquoi, en soi ? Je ne me lève pas le matin en disant "Vive la France" ». Sur un ton semi-accusateur et indigné, elle se verra répondre : « Vous signez plus facilement nique la France que vous ne dites "vive la France". » On peut se demander si ces grands gueules auraient fait ce genre d'injonction au député Meyer Habib qui proclame ouvertement son amour d'Israël ? Ou auraient-ils craint une forte indignation dans les médias et des attaques venant des réseaux communautaires juifs ? La réponse étant par trop évidente, on peut tout simplement se demander s'ils auraient fait ce genre d'injonction à Eric Coquerel, Eva Joly, Olivier Besancenot, Noël Mamère ou Clémentine Autain qui ont signé la même pétition que Danièle Obono ? Il faut noter qu'une mention de ses origines a été faite dans l'émission et il était admit sur le plateau que celle qui doit tant à l'école républicaine qui lui avait permis de s'élever au rang de députée devait simplement se soumettre à cette injonction. C'est de là que la polémique va démarrer pour être récupérée par les plateformes des réseaux sociaux à sensibilité dit « identitaire » et aux références ethno-communautaires qui ont fait de Danièle Obono l'incarnation de l'ennemi et le symbole du « Grand Remplacement », étiquette qui lui collera à la peau tout son mandat. A partir de maintenant, peu importe ce qu'elle fera ou dira seul comptera ce qu'elle incarne et le symbole qu'elle représentera aux yeux des uns ou des autres, toutes ses actions seront analysées à la loupe selon ce prisme. Il est facile de déduire que ce ne sera pas la première fois qu'elle sera prise sous le feu croisé des polémiques. L'ironie est que cette polémique donne de l'épaisseur à la pétition des Inrocks : le texte citait Ferré, Renaud, Aragon et s'inquiétait de la liberté d'expression à deux vitesses qui fait, en substance, que le droit des Français à critiquer la France diminue à mesure que leur peau se colore. Si Ferré pouvait « baiser la Marseillaise » et Renaud « tringler la République », le chanteur de ZEP, même arabe, peut bien « niquer la France ». Si Coquerel, Besancenot ou Eva Joly peuvent signer cette pétition, Danièle Obono, même noire, le peut aussi. Sources : zonzon25 Thebengale96
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/obono-gg-rmc.jpg