Source : Arena, Felicity Ruby, 27-09-2019
Une visite à la prison de haute sécurité de Belmarsh
Publié le 27 Septembre 2019
Je n’ai connu Julian Assange qu’en détention. Depuis neuf ans, je lui rends visite en Angleterre pour lui apporter des nouvelles d’Australie et de la solidarité. À Ellingham Hall, j’ai apporté de la musique et du chocolat, à l’ambassade de l’Équateur, j’ai apporté des chemises en flanelle, la série Rake et du sorbet Wizz Fizz [spécialités australiennes, NDT ] des feuilles d’eucalyptus, mais à la prison de Belmarsh, on ne peut rien apporter, ni un cadeau, ni un livre, ni un bout de papier. Puis je suis retournée en Australie, un pays si lointain qui l’a abandonné à presque tous les égards.
Au fil des ans, j’ai appris à ne pas demander « Comment vas tu? », parce que c’est évident qu’il est détenu, souillé, calomnié, diffamé, privé de liberté, piégé – toujours plus à l’étroit dans des couloirs toujours plus froids, plus sombres et plus humides – poursuivi et puni pour ses publications. Au fil des ans, j’ai appris à ne pas me plaindre de la pluie ou à évoquer une belle journée, car il est à l’intérieur depuis si longtemps qu’un blizzard serait une bénédiction. J’ai aussi appris qu’il n’est pas réconfortant mais cruel de parler de couchers de soleil, de kookaburras [oiseaux d’Australie NdT], de voyages en voiture ; il n’est pas utile de lui assurer que, comme moi et mon chien, il retrouvera des traces d’animaux de la jungle quand il reviendra, même si j’y pense presque tous les jours.Lire la suite
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