Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 19-08-2018
En dépit de la pause estivale, le bulldozer à communication de la présidence de la République s’est mis en marche, mettant à contribution son clergé médiatique répétant ad nauseam les fameux éléments de langage concoctés par les excellents « spin doctors » de Jupiter. Après avoir fêté le 75èmeanniversaire du débarquement des troupes françaises en Provence le 15 août 2019 à Saint-Raphaël, Emmanuel Macron reçoit en son Fort de Brégançon, le 19 août 2019, le président russe, Vladimir Poutine. Il entend procéder avec lui à un tour d’horizon complet de la situation internationale à quelques jours du G7 de Biarritz dont il est la puissance organisatrice (cénacle dont la Russie a été exclue depuis l’invasion de la Crimée). Un indispensable retour en arrière s’impose pour comprendre les raisons qui poussent Emmanuel Macron à passer d’une phase des grimaces et d’ostracisme à l’égard du méchant Poutine à une phase de sourires à l’endroit du bon Poutine.
LE TEMPS DES GRIMACES : LE MÉCHANT POUTINE
La dernière visite du Tsar à Versailles, peu après la présidentielle de mai 2017, s’était mal passée. Jupiter avait publiquement humilié son hôte à Versailles, l’accusant explicitement d’être à l’origine des informations malveillantes le concernant diffusées sur les réseaux sociaux pendant la campagne électorale. Ni très fair play, ni très diplomatique comme façon de traiter ses invités. Une longue période de glaciation diplomatique s’en suivit. Toutes les occasions étaient bonnes pour déverser des tombereaux d’injures sur l’autocrate russe. Fort de sa relation privilégiée avec Donald Trump, de son rôle de leader autodésignée d’une Europe qu’il décidait de refonder à sa main (Cf. son discours de la Sorbonne), de ses excellentes relations avec Angela Merkel, il n’avait que faire de ce mal dégrossi qui occupe le Kremlin. Toutes les occasions étaient bonnes pour le punir de son invasion de la Crimée, de le vilipender pour sa façon de transformer la Russie en démocrature, de lui faire savoir qu’il ne jouait aucun rôle en Syrie. De minimis non curat praetor, pourrait résumer sa pensée et sa posture diplomatique. Lorsque l’on est le leader du monde du XXIe siècle, on ne s’abaisse pas à traiter avec une telle brute que Vladimir Poutine qui sent la barbouze à plein nez, l’autocrate de bas étage.
Mais, au fil des mois, les mouches ont changé d’âne comme le disait l’ex-commentateur de matchs de football, Thierry Roland. C’est que le nouveau leader du monde libre se voit contester dans son rôle. Donald Trump le considère comme quantité négligeable, multipliant les avanies à son endroit. Angela Merkel évoque une atmosphère de confrontation avec Jupiter. Xi Jinping s’adresse à la chancelière lorsqu’il veut parler Europe. Au sein de l’Union européenne, la voix de Jupiter est de plus en plus inaudible. En Syrie, c’est Vladimir Poutine qui mène le branle avec Iraniens et Turcs, Emmanuel Macron se contentant de regarder passer les trains. En Libye, la duplicité diplomatique française saute aux yeux. En Afrique, la Chine tisse ses routes de la soie et la Russie nous supplante en RCA. Et, l’on pourrait multiplier à l’envi toutes les déroutes du plus jeune président de la République sur la scène internationale au cours des derniers mois. Le roi est nu. Il n’amuse plus tant son arrogance indispose les dirigeants sérieux qui ont une stratégie claire. La diplomatie du perron, du mégaphone est inefficace en dépit des coups médiatiques à répétition mais à un coup que les communicants s’évertuent à mettre en scène. Mais, rien n’y fait. Pinocchio prêche dans le désert. La charrue avant les bœufs n’a pas creusé le sillon espéré. Conséquence, la moisson est maigre, pour ne pas dire inexistante.Lire la suite
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