L’ouvrage d’Alexandre Devecchio, Recomposition[1], se veut un plaidoyer pour la démocratie sous la forme d’une enquête sur les mouvements populistes qui se déploient aujourd’hui en Europe et aux Etats-Unis. L’auteur décrit donc ces différents mouvements, non sans laisser entendre une sympathie à leur égard, et conclut son ouvrage par un appel à Réconcilier le peuple et les élites pour sauver la démocratie. Vaste programme pourrait-on dire, en paraphrasant une phrase bien connue.
Ce livre, comme tout ouvrage, contient de très bons passages. Il en contient beaucoup, ce qui le fait émerger de la littérature ambiante. Il en contient aussi de moins bons, de plus discutables. Mais, on ne doit pas oublier qu’il s’agit de l’œuvre d’un journaliste et non celui d’un chercheur, d’un universitaire. Il convient donc d’écarter d’emblée des critiques qui porteraient sur l’imprécision de certaines définitions, de certaines affirmations.
L’important est donc sa thèse centrale, qui se décline en deux étapes. Dans la première, Devecchio décrit la montée des mouvements populistes comme une réaction pro-démocratie engendrée par les dérives que connaissent les principaux pays dits « démocratiques », dérives qui trouvent – mais ce point n’est guère explicité – leur origine dans la globalisation et la « sécession » voulue des élites. Ce point n’est guère contestable, même si plus de précision eut sans doute été nécessaire. La deuxième étape consiste à prétendre que ce sont les mouvements conservateurs qui incarnent le mieux ce populisme, et que ces derniers ont intérêt à trouver une forme d’accommodement raisonnable avec les élites, accommodement qui réinjecterait de la démocratie dans les systèmes « démocratiques » moribonds sous peine d’arriver à un chaos, à une forme d’anomie planétaire. Cette étape classe Devecchio comme un « réformiste » et non un « révolutionnaire », et on ne lui en fera pas le reproche, mais c’est aussi celle qui accumule le plus de questions tant sur la méthode d’enquête que sur le fond.Lire la suite
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