[RussEurope-en-Exil] Le mouvement des Gilets Jaunes : de la protestation à la colère, de la colère à la crise politique, par Jacques Sapir

Deux sondages, qui viennent d’être publiés, nous disent l’impact de la colère des Gilets Jaunes, mais aussi le désarroi politique d’une grande partie des français. Ce désarroi est, aujourd’hui, la seule chose qui permet au pouvoir, et au Président de la République, de pouvoir surnager. Ce désarroi leur permet de maintenir une apparence de légitimité et d’autorité. Mais, rien ne dit qu’il se maintienne. Ce qui a été pris comme une « revendication catégorielle » est en train de devenir une véritable crise sociale et politique. A travers la question du pouvoir d’achat, elle est en train d’unifier différentes catégories de français. Par son enracinement symbolique dans les territoires périphériques, elle représente la colère des oubliés, colère à laquelle peuvent s’adjoindre de nombreuses catégories de la population, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais, c’est une crise dont le rythme de développement reste encore relativement lent. Nul ne sait comment se passera la journée du 24 novembre. Elle peut être perturbée par des incidents qui ne seraient pas de la responsabilité des Gilets Jaunes. Néanmoins, ce qui est d’ores et déjà clair est que cette mobilisation ne sera qu’une étape dans le développement de cette crise politique.

Un mouvement largement soutenu

La première chose qui frappe, dans le sondage IFOP-Fiducial[1], est le soutien dont bénéficient les Gilets Jaunes dans la population, et ce en dépit de campagnes de presses systématiquement haineuses à leur égard. Il est symptomatique que même la mesure la plus controversée de ce mouvement, les actions de blocage des routes et des voies d’accès, rencontre 66% de sympathie et seulement 22% d’opposition.
Tableau 1
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