Il convient désormais de commencer à se préoccuper de la question du « dé-confinement » et de sa gestion. Un texte, rédigé par Henri Sterdyniak, circule à ce sujet et je le remercie de me l’avoir communiqué. Je voudrai, ici, chercher à explorer d’autres perspectives. La première concerne le « réveil de Blanche-Neige », autrement dit les conditions de retour à la normale. La seconde est un réexamen du coût budgétaire de l’épisode de confinement.
I. Le réveil de Blanche-Neige
La sortie du confinement prendra la forme d’un réveil, et non d’une « reconstruction » comme l’a très maladroitement dit l’inénarrable Nicolas Bouzou. Or, ce réveil va se heurter à la fois à des problèmes d’offre et des problèmes de demande[1].
A. La question de l’offre : cette question prend une double dimension, interne et externe. D’un point de vue interne, et en supposant que la levée du confinement se fasse à la même date sur l’ensemble du territoire métropolitain, la principale question résidera dans la capacité des PME et TPE à reprendre leur activité, après être restées entre 6 semaines à 8 semaines sans rentrées d’argent. En effet, si le gouvernement se préoccupe d’amoindrir les charges financières pesant sur ces entreprises, une diminution de ce qu’elles devraient payer n’est pas l’équivalent d’une rentrée d’argent frais. Or, bien souvent, cette rentrée est nécessaire pour qu’un nouveau cycle d’activité puisse reprendre. Bien sûr, on peut tabler, dès que cela redeviendra possible, sur une forte hausse de la fréquentation des restaurants et bars. Mais, cela ne concerne qu’une petite partie des PME/TPE. Le gouvernement italien a estimé que 12% des PME pourraient faire faillite à la suite du confinement. Si l’on transpose cela pour la France, ce chiffre est inquiétant, à la fois pour le tissu économique et pour l’emploi, car les PME sont le principal employeur, et de loin, de l’économie française.
D’un point de vue externe, une grande partie des pays qui exportent vers la France connaissent les mêmes problèmes que nous. Le dé-confinement ne sera certainement pas à la même date suivant ces pays. La désynchronisation du retour à l’activité économique risque de fortement perturber certaines chaînes de production. L’exemple qui vient immédiatement à l’idée, et il est loin d’être le seul, est celui de l’industrie automobile. Compte tenu de ce que les pays de l’Europe centrale et danubienne sont, pour l’heure, relativement moins touchés que la France, l’Italie et l’Espagne, on peut penser qu’ils émergeront des procédures – plus ou moins strictes – de dé-confinement après nous. Il en sera de même pour des pays comme l’Inde ou les Etats-Unis. Or, leurs contributions sont importantes dans de nombreuses branches de la production. Nous importons pour à peu près 31,3% du PIB. Il est donc clair que dans de nombreuses branches, la production ne pourra pas revenir à son niveau d’avant le confinement avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.Lire la suite