Source : Les Crises, Éric Juillot, 23-12-2019
Dans l’ordre idéologique, la situation actuelle de la France relève d’un paradoxe : l’européisme domine de manière hégémonique les mondes politique, médiatique et académique, il creuse depuis plus de trente ans un profond sillon dans la vie politique nationale — jusqu’à en déterminer au grand jour le cours et même la finalité —, alors même qu’il est minoritaire au sein du corps électoral et que les choix politiques auxquels il a conduit se sont tous révélés néfastes, sinon catastrophiques pour notre pays [1].
À quoi tient donc la force de l’européisme, pourquoi est-il encore l’idéologie dominante, largement imperméable à ses échecs ?
Un noyau dur : « L’Europe » salvatrice et rédemptrice
Comme toutes les idéologies, l’européisme repose sur un certain nombre de croyances, érigées en certitudes absolues et rationnellement étayées par des arguments supposément objectifs. L’ensemble ne produit pas vraiment un système, où chaque idée s’agencerait dans un tout cohérent et hiérarchisé, mais ce n’est pas là une exigence indispensable à la solidité de l’édifice idéologique. En fait, le flou des contours et l’incertitude quant aux tenants et aboutissants du discours idéologique contribuent à le renforcer ; il prospère bien plus sur des éléments de croyance que sur des arguments passés au feu de l’examen critique distancié. Lire la suite
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