Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 25-03-2019
« Une puissance est un État qui dans le monde se distingue non seulement par son poids territorial, démographique et économique mais aussi par les moyens dont il dispose pour s’assurer une influence durable sur toute la planète en termes économiques, culturels et diplomatiques… enfin les capacités diplomatiques et militaires achèvent de constituer la puissance en super-puissance » écrit Gérard Dorel1. C’est ainsi que la géopolitique définit le concept de puissance. Hubert Védrine qualifiait en son temps l’Amérique « d’hyperpuissance » comme il existe des hypermarchés dans le domaine de la grande distribution ! « Nous aurons ces grands États-Unis d’Europe, qui couronnent le vieux monde comme les États-Unis d’Amérique couronnent le nouveau » (Victor Hugo). Force est de constater, en ce début de XXIe siècle, que si les États-Unis existent dans la réalité en tant que puissance, les États-Unis d’Europe ne sont qu’une simple espérance, un vœu pieu, une baudruche qui ne cesse de se dégonfler. Et rose, elle vécut ce que vivent les roses, l’espace d’un matin, pourrait-on dire en plagiant François de Malherbe.
Crise économique, crise financière, crise sociale, crise de confiance, crise migratoire, crise entre ses membres, sans parler d’un « Brexit » qu’elle ne réussit pas à contrôler… constituent les symptômes d’un mal profond dont l’Union ne parvient pas à se soigner efficacement. L’Europe a des velléités de s’occuper de tout mais en définitive elle ne traite de rien. « On tricote, cela se détricote, on retricote » …2 C’est qu’en dépit de ses déclarations lénifiantes, fait défaut à la construction européenne la volonté de puissance (un tropisme français que ne partagent pas ses partenaires) et, par voie de conséquence, lui manquent les leviers de la puissance3. Toutes choses qui constituent (encore) les attributs indéniables de la puissance américaine en dépit de son déclin annoncé4. Dans ce contexte, il nous appartient de procéder à un rapide tour d’horizon des dimensions importantes de la puissance des États-Unis, en ce début de XXIe siècle, tout en tentant, lorsque cela paraît possible, de les comparer avec celles de l’Union européenne tout en conservant à l’esprit que comparaison n’est pas raison.
LA PUISSANCE MILITAIRE : LE SABRE
Nul ne conteste aujourd’hui le fait que les États-Unis sont la première militaire au monde loin devant la Chine et la Russie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. À y regarder de plus près cette puissance militaire s’exerce directement et indirectement.Lire la suite
Source