Yves Thréard (Le Figaro) : « Je déteste la religion musulmane »

Invité à débattre, lundi 14 octobre 2019, dans Le Grand soir sur LCI, sur le thème "Voile : le gouvernement est-il ambigu ?", Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro, a tenu des propos jugés véhéments (par les Inrocks) envers les musulmans. Il affirme notamment : « Je déteste la religion musulmane (…) On a le droit de détester une religion, on a tout à fait le droit de le dire », assure que « L'islamophobie, ça n'existe pas », et cite une anecdote : « Il m'est arrivé, en France, de prendre le bus ou un bateau où il y avait quelqu'un avec un voile, et je suis descendu ». Les Inrocks ont dénoncé « un énième discours islamophobe (...) sur une chaîne d'information en continu ». Que tirer de cette nouvelle polémique médiatique ? D'abord, il devrait être admis de tous, dans un pays démocratique (ou, du moins, qui se veut tel) comme la France, que l'on peut aimer, détester ou être indifférent à n'importe quelle idéologie, qu'elle soit politique ou religieuse. Mais, précisément, si Thréard a fait cette sortie (qu'il savait sans doute être scabreuse), c'est que nous sommes engagés sur une pente dangereuse, qui nous mène tout droit vers l'interdiction de ne pas aimer ou de détester une et une seule idéologie, à savoir l'islam. Nul n'aura le moindre problème s'il déclare dans les médias détester le christianisme, le bouddhisme, le socialisme, le communisme, le libéralisme, le fascisme, le nazisme, le nationalisme ou le mondialisme. A la réflexion, il y aurait plutôt deux idéologies qu'il est quasiment aujourd'hui interdit de détester, si l'on ajoute à l'islam le judaïsme. Mais alors que, la détestation du judaïsme mène tout au plus à une éviction du monde médiatique, la détestation publique de l'islam peut, plus sérieusement, vous coûter la vie, si un fanatique se met en tête de vous faire la peau. Yves Thréard a donc sorti une phrase outrancière, mais qu'il n'aurait probablement jamais sortie dans un contexte plus apaisé où la critique de toutes les idéologies ne poserait aucun souci. S'il a tenu à prononcer ces mots peu agréables à l'oreille (« Je déteste la religion musulmane »), c'est qu'il pressent vraisemblablement qu'une telle déclaration ne sera peut-être plus permise dans un futur proche.
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