La motion votée à l’unanimité par le parlement italien et concernant la création de Bons Ordinaire du Trésor de faible montant nominal (dits « Mini-BoTs») est une décision importante mais ambiguë[1]. Elle peut être considérée comme une politique de consolidation fiscale, aidant à la fois à financer un déficit public alors que l’UE montre les dents contre l’Italie, tout comme elle peut être considérée comme la possibilité de la mise en œuvre d’un scénario à deux monnaies pour ce pays et le prélude à une sortie de l’Italie de l’Euro. Le fait qu’elle survienne à la suite de la spectaculaire victoire de la Lega et de son dirigeant, Matteo Salvini, mais aussi à la suite de l’annonce de menaces de sanctions de l’UE contre l’Italie[2], est symptomatique. On peut y voir une réponse du berger à la bergère, mais aussi un peu plus que cela.
Il convient, alors, de rappeler que la possibilité de mettre en œuvre des devises parallèles avait déjà été présentée comme un outil pour résoudre le problème de la Grèce par Y. Varoufakis[3]. Ce mécanisme peut permettre d’obtenir plus de liberté tout en restant dans la zone euro tout comme il peut servir pour gérer une éventuelle rupture avec cette même la zone euro et le retour à une monnaie nationale. De fait, les devises parallèles ont une longue histoire en économie. Autrefois, les pièces émises par différents pays ont circulé librement dans un pays donné. La question a été soulevée en particulier lorsque le papier-monnaie a été introduit et lorsque les Banques Centrales ont obtenu le monopole d’émission. Les expériences avec des monnaies parallèles ne sont pas abondantes au XXe siècle[4], mais elles existent néanmoins, et la dynamique d’un système à deux monnaies mérite attention[5].
Claudio Borghi, Président de la Commission du Bilan de la Chambre des Députés italiens
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