Source : Graham E. Fuller, 07-02-2018
Au fil des ans, « l’endiguement » a été un instrument politique clé par lequel les États-Unis ont cherché à isoler, affamer ou excommunier des régimes de la « communauté internationale » qui refusent d’accepter l’ordre mondial dominé par les États-Unis.
Pourtant, la grande ironie aujourd’hui est que cette politique très américaine d’endiguement semble maintenant caractériser la façon dont de nombreuses grandes puissances dans le monde en sont venues à penser leur façon de traiter les États-Unis. Ces États n’utilisent pas le mot « endiguement », mais l’intention est toujours la même ; ils perçoivent la nécessité de « contenir » ou de contraindre Washington, limitant ainsi les dommages que les États-Unis peuvent infliger à leurs intérêts nationaux sans s’engager dans une confrontation directe avec eux.
L’endiguement a été un moyen raisonnablement sensé de traiter avec des États hostiles qui ne peuvent être facilement vaincus militairement, sauf à un coût militaire potentiellement énorme pour les États-Unis eux-mêmes, surtout si le risque est une guerre nucléaire. Pendant de nombreuses décennies, l’Union soviétique et la Chine ont été « contenues » en raison de leur idéologie jugée radicale et de leur hostilité à l’ordre mondial dominé par les États-Unis. Ces deux États ont également soutenu de nombreux mouvements révolutionnaires radicaux de gauche dans le monde entier qui s’opposaient idéologiquement aux États-Unis. (Souvent, ces mouvements avaient de bonnes raisons d’être hostiles et révolutionnaires, fréquemment en raison de conditions intérieures terribles dans leur propre pays – et sous des régimes souvent soutenus par Washington. Cuba, le Chili et le Nicaragua viennent à l’esprit, bien que les États-Unis aient finalement fait des efforts pour les renverser après leurs révolutions).
Au cours des dernières décennies, les États-Unis ont appliqué des politiques d’endiguement à l’Irak de Saddam et à l’Iran. L’endiguement de la Corée du Nord a été une politique de longue date, sans doute plus sage que la plupart des autres options. En effet, l’endiguement continu de Saddam en Irak n’aurait-il pas été la politique la plus sage par rapport à la boîte de Pandore déclenchée par l’invasion et l’occupation de l’Irak par les États-Unis et ses vastes retombées régionales ? Mais le confinement soulève aussi des questions approfondies. La première est qu’une fois sur la « liste de confinement » des États-Unis, il est souvent difficile pour un État d’en sortir, à moins d’être la cible d’un « changement de régime » parrainé par les États-Unis. On devient un « régime voyou ». Et le plus grand problème avec le fait d’être « endigué » est que, d’une certaine manière, cela devient une prophétie auto-réalisatrice d’hostilité durable.Lire la suite
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