Nous autres européens, sommes des peuples judéo-chrétiens. Nos racines celtes, en effet, ne nous ont-elles pas été dérobées ? La civilisation celte a tout d'abord été écrasée par l'Empire de Jules César, véritable boucher ayant causé la mort de plus d'un million de personnes lors de son passage en Gaule. Tel fut le prix de l'assimilation. Depuis lors, de Nicée en 325 à celui de Vatican II (1962-1965), l'Église a certes réutilisé un certain fond des us et coutumes celtes à son profit, mais elle a surtout fait main basse sur l'histoire des peuples, devenus païens. À commencer par le roman des invasions dites "barbares" du IIIè siècle, puis avec les invasions Vikings au cours du VIIIè siècle, qui coïncident par ailleurs avec le rejet, en 845, de l'autorité royale par le prince breton Nominoë. Ces Vikings terrorisant la France catholique d'alors n'étaient-ils pas les ultimes défenseurs d'une certaine forme de la Tradition passée ? À cette même époque, une véritable traite des blancs débuta en Occident devant s'étaler du VIIIè jusqu'au XVIIIè siècle, finissant de consumer à petits feux les reliquats de la spiritualité passée. Seules les pierres ne mentent pas et notamment celles des Notre-Dame, qui continuent à attirer les foules venues du monde entier, s'interrogeant inlassablement sur leur façade si singulière. Ne seraient-elles pas les ultimes vaisseaux encore présents d'une science et d'une tradition sacrée venue du fond des âges ?
Le Paganisme en général (et l'Odinisme en particulier pour les peuples d'Europe du Nord) est réapparu ces dernières années comme une réponse à la crise morale et spirituelle du matérialisme galopant issu des religions abrahamiques. Les personnes qui s'intéressent à ces racines essentielles, mais pourtant des plus occultées en France et en Europe, sont néanmoins systématiquement raillées. Si le personnage d'Oleg de Normandie peut faire sourire, en Espagne, ils sont déjà plus de 15 000 convertis à l'odinisme. Ces partisans des idées païennes peinent pourtant à convaincre. Ces héritiers "odinistes" contemporains seraient-ils trop tranchés et bornés dans leurs vision idéalisée d'une tradition perdue reconstituée de toute pièce ? On peut leur reprocher le fait de tout mélanger en mettant notamment sur un même plan culture celte et odinisme. Il n'empêche que les moments d'anthologie ne manquent pas, notamment à partir de 20:40 minutes, où Oleg compare une cathédrale à une belle voiture. Nous retrouvons comme motifs odiniens récurrents sur la cathédrale : - Trois anneaux entrelacés, qui forment comme un "trèfle à trois feuilles". En effet, il s'agit bien de "trèfle" pour l'explication orthodoxe : " Traditionnellement le trèfle à quatre feuilles porte bonheur. Cependant le trèfle commun, à trois feuilles, symbolise la Trinité (le Père, le Fils, l'Esprit saint) dans le catholicisme. " Oui mais pourquoi un trèfle ? Cette explication magique est bien pratique. D'autant plus que ce trèfle est omniprésent dans les édifices gothiques. Ils peuvent renvoyer de façon implicite à la Triquetra, composée de trois vesica piscis, officiellement réutilisée par l'Église pour symboliser la Trinité. Mais cela pourrait aussi être une référence aux anneaux borroméens. Les anneaux borroméens constituent, pour les chimistes et les mathématiciens, un ensemble déroutant, mais digne d'intérêt : ils se composent de trois cercles entrelacés, dont le nom provient de la famille Borromée qui l'utilisait comme symbole dans ses armoiries, au XVe siècle. On la trouve par ailleurs, par exemple, sur l'église de San Pancrazio, à Florence, édifiée en 1467. Les Vikings utilisaient une version triangulaire, plus ancienne, dont l'un des exemples les plus célèbres figure sur le lit d'une femme éminente, morte en 834. Les anneaux borroméens, du fait de leur structure sont un mystère car il est impossible d'en créer avec des cercles plats dans l'espace ordinaire. En 2004, des chimistes de l'université de Californie ont réalisé un anneau borroméen moléculaire dont les cercles se croisent à l'échelle nanométrique et composé de six ions métalliques. Les chercheurs s'intéressent aujourd'hui à l'utilisation des anneaux borroméens moléculaires dans des domaines aussi divers que la spintronique (technologie qui exploite le spin et la charge des électrons) et l'imagerie médicale. (1) - La rune Odal, qui se retrouve notamment à Chartres, ainsi que sur certaines constructions gothiques. - La rune Hagal. Le X traversé soit par une ligne verticale ou horizontale, constitue l'étoile à six branches, qui est un symbole que l'on retrouve dans de nombreuses religions. Nous trouvons l'étoile à six branches chez les Hébreux, où l'on appelle l'étoile de David, ainsi que dans le panthéon tibétain et panthéon hindou. Pour ceux qui se réclament du paganisme contemporain, l'Odinisme est la religion organique des peuples de l'Europe du Nord. Elle était, jadis, reconnue pour ses qualités et reflétait la conscience d'une unité entre l'homme, la nature et le cosmos. (2) Quand le christianisme fut introduit en Europe, l'Odinisme ne disparut pas ; il survécut au cœur même de la nouvelle croyance. Ses traditions furent conservées (christianisées), ses fêtes empruntées (détournées), ses dieux et héros devinrent les saints du calendrier. Le druidisme et l'odinisme ont fusionné dans pratiquement toute l'Europe au moyen-âge ; dans les zones occupées par les romains, des druides exerçaient encore dans la clandestinité des forêts, ces derniers allaient ensuite adopter le dieu Odin des kelto-germains libérateurs (les « barbares »), sans pour autant renier leur filiation druidique. (3) Cela peut encore aller plus loin... L'odinisme est ainsi, pour certain, un modèle matriarcal. Les nones vierges étaient des prêtresses, pratiquant la médecine, la magie, l'astronomie, dirigeant les rituels et initiations. Elles se révélèrent être des guerrières redoutables lors de la guerre de Cent ans. Elles avaient une place centrale tant politique qu'économique. (4) Au délà de la présence indubitable d'un symbolisme celte ou odinien présent dans beaucoup d'édifices religieux occidentaux, la question est de savoir ce que sous-tend ce syncrétisme. Comment pourrait-il être signifiant pour l'homme du XXIè siècle ? Dieu aux multiples facettes, Odin (en vieux nordique Odhinn, Woden en anglo-saxon ou Wotan en germanique ancien) est une figure énigmatique. Roi des dieux, dieu de la guerre, dieu chamane, dieu des runes, Odin est également considéré comme le dieu de la sagesse, de la poésie et de la magie. La racine Woth veut dire « fureur sacrée » et exprime l'idée d'extase, de dépassement de soi. Pour Arnaud d'Apremont, l'odinisme est le symbole de la persistance d'une tradition, la tradition nordique qui aujourd'hui renait de ses cendres à l'instar du shintoïsme qui a lui aussi perduré à travers les multiples bouleversements de l'histoire. Sources : (1) https://www.futura-sciences.com/sciences/dossiers/mathematiques-histoire-mathematiques-10-dates-cles-1057/page/2/ (2) http://www.odinic-rite.org/francophonie/2010/etre-odiniste-cest-vivre/ (3) https://www.pagans.eu/les-symboles-odiniques-revelation-du-langage-des-anciens-batisseurs-1-anneaux-et-triquetra/ (4) https://www.morpheus.fr/revelations-sur-les-mysteres-de-la-cathedrale-de-chartres/ Quelques idées de lectures : - Prudence Jones et Nigel Pennick, Une histoire de l'Europe païenne, Dervy, 2019.
- Anne-Laure et Arnaud D'apremont, B.A.-BA des runes, Pradès, 1998.
- Alexandre Skirda, La traite des Slaves du VIIIe au XVIIIe siècle, Vétché, 2016. - Luciano Canfora, Jules César : Le dictateur démocrate, Flammarion, 2012.
- Maurice Guignard, Les architectes odinistes des cathédrales, les chanoinesses et les évêques odinistes dans les diocèses saxon-normands, fascicules de 7 volumes.
- Gérard De Sède, Le mystère gothique : des runes aux cathédrales, Robert Laffont, 1976.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/notre-dame-chretienne.jpg
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