Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 19-08-2019
En Orient-ations de cette semaine, Guillaume Berlat nous rappelle opportunément le 75ème anniversaire du Débarquement de Provence et de ses héros d’Afrique : bonne opportunité pour se pencher à nouveau sur le mare nostrum et ses évolutions récentes. Mauvaise nouvelle : la Méditerranée menace de mourir et de se transformer en cloaque.
Entre les 28 minutes quotidiennes de bobologie et des soirées Thema, souvent très désorientées idéologiquement, Arte fait parfois des efforts. Ainsi, dernièrement, la chaîne franco-allemande a rediffusé un documentaire exceptionnel : « La Méditerranée va-t-elle passer l’été ? ». Paquebots de croisière de plus en plus monstrueux, nourris au fuel lourd ; trafic incessant de cargos chargés de produits dangereux ; tourisme de masse ; marinas luxueuses ; bétonnage à tout-va ; industries polluantes… La Méditerranée ne cesse d’attiser les appétits de pays en recherche de nouveaux profits. Elle renferme 10 % de la biodiversité marine mondiale. Mais – semi-fermée – elle ne renouvelle ses eaux que tous les cent ans.
Le réalisateur Alexis Marant livre ainsi un travail de deux ans : « Le rapport ‘MedTrends’ du WWF sur la Croissance bleue, paru en janvier 2016 et le doublement de la capacité du canal de Suez ont motivé notre enquête. Le business des croisières est récent, mais le nombre des passagers a été multiplié par quatre ces vingt dernières années. Les 29 pays du bassin méditerranéen n’ont pas tous les mêmes enjeux ni le même stade de développement. On a vu une mobilisation autour du thon rouge, mais aucune instance ne supervise l’ensemble du bassin. De même, il n’existe pas de vraies routes maritimes, de rails montants ou descendants. Dans le chapelet d’îles et de rochers de la mer Égée, cargos et paquebots naviguent comme bon leur semble ».
L’organisation maritime internationale (OMI) a, pourtant instauré un « Statut de zone maritime particulièrement vulnérable », dont on dénombre une vingtaine dans le monde, obligeant les États à prendre différentes mesures de protection. Au cours d’une interviouwe particulièrement surréaliste, le ministre grec des Affaires maritimes – Panagiotis Kouroumplis – avoue tout ignorer d’un tel statut, préférant nous livrer l’habituelle langue de bois : « tout va bien… ne vous inquiétez pas, nous veillons au grain ! ».Lire la suite
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