Lorànt Deutsch défend la langue et l'identité françaises avec passion

Un Lorànt Deutsch passionné et passionnant quand il s'agit de conter l'histoire de la langue française. Cette langue étant le socle de notre identité ("un marqueur d'unité nationale"), avec notre patrimoine historique et culturel.

C à vous - 23 octobre 2018 "Les Anglais ont parlé français pendant 500 ans" ; "l'identité c'est quelque chose qui est beaucoup plus rassembleur que clivant" ; "dans la langue française il y a plus de 600 ou 700 mots arabes ; "ce qui serait pas mal c'est de rendre obligatoire l'origine, l'histoire des mots, l'histoire de la langue française, parce que on irait de surprise en surprise, et surtout on serait vraiment renseignés sur qui nous sommes, d'où nous venons... et on n'aurait pas à en rougir, je peux vous le dire !"

Pour Lorànt Deutsch : « La langue française est plus forte que nous » — "Il est le nouveau défenseur de la langue française, dont il conte l'histoire dans « Romanesque ». Pour lui, l'usage prévaut. Mais que va dire l'Académie…" (Le Point | accès réservé aux abonnés...) Pour Alain Rey, linguiste et lexicographe, cofondateur du « Petit Robert », le livre de Lorànt Deutsch est plaisant à lire, mais comporte quelques inexactitudes… (Le Point | accès réservé aux abonnés...) Aussi sur AgoraVox :

Livres : ROMANESQUE Lorànt Deutsch | Michel Lafon

« Première surprise : l'ancêtre du français, ce n'est pas le gaulois mais le « roman », la langue romaine issue du latin de Jules César, le vainqueur de la Gaule ! En effet, au fil des invasions et de nos propres conquêtes, ce latin s'est transformé et enrichi de multiples apports : germaniques avec les Francs, nordiques avec les Vikings, arabes au moment des croisades, italiens à la Renaissance… avant de devenir un français triomphant dans toutes les cours d'Europe au xviiie siècle, grâce à nos philosophes. Entre-temps les troubadours ont inventé l'amour et les femmes écrivains réclamé leur émancipation, les grammairiens se sont occupés de la syntaxe et la réforme de l'orthographe a déjà rendu quelques linguistes fous ! Enfin, l'école obligatoire acheva de permettre à tous les citoyens français de communiquer. Aujourd'hui, l'abus des termes anglais, les mots issus de la culture urbaine et les raccourcis de nos Smartphones inquiètent les puristes… Ils ont tort : le temps fera le tri. Et de ce bouillonnement créatif continuera d'émerger une langue vivante, ouverte à tous : la langue française est une langue d'accueil. »

Pour Jean-Michel Delacomptée, « Notre langue française » est en danger Notre langue française Jean-Michel Delacomptée | Fayard

« Rappelant sa vocation à la fois esthétique et politique, ce riche essai parcourt la tumultueuse histoire de notre langue française avec la conviction que son haut degré d'exigence, que certains trouvent incompatible avec l'idée qu'ils se font de la « modernité », est pourtant à l'origine même de son pouvoir émancipateur. Conçue, à l'origine, pour être écrite avant d'être parlée, la langue française a toujours obéi à une double vocation, politique et esthétique. Politique par sa volonté d'égalité vers le haut, esthétique par sa dimension foncièrement littéraire.
Des Serments de Strasbourg à l'ordonnance de Villers-Cotterêts, du bouillonnement de la Pléiade à la rigueur de Malherbe, ce riche essai traverse, pour s'en émerveiller, l'histoire de notre langue – possessif pluriel en forme de prière laïque.
Car l'auteur s'inquiète. Il craint que la standardisation, l'obsession de l'égalité par le bas, la technicité triomphante, la novlangue, le déracinement, ne portent au français un coup fatal.
Indifférent aux sempiternels procès en passéisme, il soutient que la progressive rupture du lien qui unit notre langue à ses origines politique et littéraire va, dans un proche avenir, ruiner sa vigueur, son identité, son esprit. Qu'en abandonnant la quête d'exigence et de beauté qui a fait sa force, nous la privons de son pouvoir émancipateur. Et que, si nous continuons à la saccager, nous détruirons avec elle non seulement notre idéal républicain et notre culture, mais notre civilisation elle-même. »

En complément : Alain Rey : « L'écriture inclusive est vouée à l'échec » (par Alice Develey | Le Figaro) Extrait :

« — Vouloir injecter un débat sur l'égalité des sexes dans la langue est donc voué à l'échec ? — Il y a dans les signes deux catégories qui ne sont pas du tout le masculin ou le féminin. On trouve un genre marqué (le féminin) et un genre non marqué (le masculin). Quand la forme est régulière, on ajoute un « e » après le nom ou une terminaison au mot le plus simple. C'est exactement la même chose pour le singulier et le pluriel. Or, on ne va pas faire une écriture inclusive pour débattre du fait qu'en français il n'y ait pas, comme en grec, de duel. En grec, il y a un genre qui permet de différencier le « un », le « deux » et ce qu'il y a « au-dessus de deux ». En français, cela n'existe pas. On a le « un » ou le « pluriel ». On pourrait très bien dire, idéologiquement, que c'est insuffisant et qu'il faudrait ainsi avoir un genre supplémentaire. Mais ce n'est pas possible ! Agir sur le féminin, dans les apparences, comme le fait l'écriture inclusive, c'est exactement la même chose que vouloir modifier les règles du pluriel en français. Ce n'est donc pas la peine de s'agiter. Imposer un changement brutalement dans la langue n'a aucun sens. C'est voué à l'échec. On le constate d'ailleurs au Canada. L'affaire de l'écriture inclusive est une tempête dans un verre d'eau. Dans six mois, plus personne n'en parlera... »

Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/laurent-deutsch-langue-francaise.jpg

Source