Au-delà des proclamations et des complaintes de principe sur la liberté d'expression qui s'amenuise en France, quelles sont les données factuelles et mesurables aujourd'hui à notre disposition ? 1) Respect de la liberté de la presse en France : classement mondial Voici pour commencer le classement de Reporters sans Frontières concernant la liberté de la presse dans le monde par pays tel que nous le rapporte Michel Onfray L'ensemble des données qui vont suivre ci-dessous se trouvent détaillées sur le site RSF Résultats : sur les 188 pays observés, la France arrive à la 34 è position ayant perdu 2 places depuis un an. Pour le pays des "Droits de l'Homme', voilà qui fait un peu tache et on comprend que les médias mainstreams n'aient pas spécialement envie de mettre en avant une telle réalité... (On notera que les premiers pays respectant le plus la liberté de la presse sont les pays scandinaves) Les indicateurs ayant permis d'effectuer ce classement sont au nombre de sept et ont une cotation entre 0 et 100 : > Le pluralisme : Mesure le degré de représentation des opinions dans l'espace médiatique > Indépendance des médias : Mesure la capacité laissée aux médias de fonctionner en toute indépendance des pouvoirs politiques, gouvernementaux, économiques et religieux > Environnement et autocensure : Analyse les conditions d'exercice des activités d'information > Cadre légal : Mesure la performance du cadre légal qui régit les activités d'information > Transparence : Mesure la transparence des institutions et les procédures impactant la production d'informations > Infrastructures : Mesure la qualité des infrastructures soutenant la production de l'information > Exactions : Mesure l'intensité des violences sur la période 2) Evolution de la liberté de la presse en France depuis 2002 Voici un graphique montrant l'évolution de la liberté en France en terme de classement mondial depuis 2002 :
> La France occupait alors le 11è rang mondial en 2002 pour chuter brutalement chuter à la 39è place en 2014 puis aujourd'hui à la 34è en 2020. Nous trouvons le détail des explications dans le lien ci-joint " L'indépendance des médias remise en cause Le rôle des médias a été fondateur dans la démocratie française jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Mais depuis 1945, les médias apparaissent aux yeux de certains comme étant complices des pouvoirs : contrôle politique durant les Trente Glorieuses puis contrôle économique depuis les années 80. « Comme, depuis vingt ans, les groupes de médias français ont connu une période de privatisation, de concetration et de redistribution de l'actionnairat menée tambour battant, les journalistes ont le sentiment d'être les otages d'une alliance entre le pouvoir politique et les propriétaires des médias. » C'est ce qu‘affirme Patrick Eveno dans son ouvrage Les médias sont-ils sous influence ? : nous serions passés d'une dépendance politique à une dépendance économique. L'actionnariat des médias a glissé sous le contrôle des grands groupes industriels pour la plupart. Ce sont des milieux interpénétrés, des « élites ». Internet a cependant permis l'émergence d'une presse indépendante comme le site d'informations Mediapart par exemple, qui n'est pas financé par la publicité." 3 - Lobbies et lois mémorielles En parallèle de l'indépendance des médias, nous pouvons également évoquer les lois antiracistes et, tout particulièrement les lois dites mémorielles qui se sont instaurées en France notamment à partir de la loi Gayssot qui constitue en quelque sorte la matrice de toutes celles qui ont suivi. Voici une excellente intervention de la juriste et spécialiste de droit constitutionnel Anne-Marie Le Pourhiet qui dénonçait alors les lois mémorielles lors d'une réunion sur la mission d'information des lois mémorielles en 2008 à l'Assemblée Nationale. Extraits : http://lexpublica.over-blog.com/2013/12/lois-m%C3%A9morielles-lois-sc%C3%A9l%C3%A9rates-%C3%A0-l-assembl%C3%A9e-nationale-loi-gayssot-anne-marie-le-pourhiet-%C3%A0-l-assembl%C3%A9e-nationale-sur-le-r "Le moins que l'on puisse dire est que le législateur français et contemporain ne se conduit plus tout à fait selon ces grands principes qu'il renie quotidiennement. Beaucoup de parlementaires sont moins des représentants de la nation que ceux de lobbies en tout genre, tirant la couverture publique vers leurs intérêts catégoriels. La lecture des débats et des documents parlementaires fait souvent frémir, tant la « novlangue » et le totalitarisme orwellien s'y répandent. En particulier la lecture des débats sur la loi de 2004 créant la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité) et réprimant les propos prétendument sexistes, homophobes ou handiphobes est de ce point de vue assez terrifiante. C'est un lavage de cerveau, une obsession purgative et répressive, comme d'ailleurs la décision-cadre européenne de 2007 dont il a été question. Alors bien sûr comme dans tous les bons systèmes totalitaires, on ne se contente pas de réprimer, on essaye de n'avoir à l'avenir plus besoin de réprimer par l'éducation adéquate des enfants : les cerveaux des écoliers deviennent ainsi le lieu privilégié d'intervention de lobbies de toutes sortes....Le plus grave, c'est la question de violation de la liberté par les lois à caractère pénal qui sont ainsi votées : c'est bien sûr l'atteinte à la liberté d'expression, à la liberté de la presse, et bien sûr l'atteinte aux libertés scientifiques et universitaires en particulier. Jusqu'à présent, le Conseil constitutionnel n'a été saisi au fond que de la loi réprimant les outrages publics au drapeau et à l'hymne nationaux, pour laquelle malheureusement il n'a pas eu la même éthique voltairienne que la Cour suprême américaine : il a laissé passer.... Alors on m'a été interrogé aussi sur les conséquences pénales des lois qui utilisent les notions de génocide ou de crime contre l'humanité. Leurs conséquences pénales me semblent évidentes il s'agit de la poursuite et de la condamnation des auteurs de ces crimes et de ces génocides. En revanche, pour moi les délits de négation ou de minimisation de ces actes sont des délits d'opinion, inacceptables en démocratie libérale ; de ce point de vue je reste comme beaucoup de juristes et d'historiens absolument hostile à ce type de délits. Alors il n'y a évidemment pas de bonnes lois mémorielles pour moi : elles sont toutes mauvaises. Le Parlement doit rester à sa place, s'abstenir de gouverner nos mémoires et nos cerveaux. Cela éviterait de temps en temps des textes un peu ridicules" Tout est dit !
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/onfray-liberte-presse.jpg
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