Finlande, Danemark, Norvège ont adopté des mesures draconiennes afin de réduire les interactions sociales et tenter de ralentir la propagation du Covid-19. Mais l'exception scandinave et même mondiale est la Suède avec une "stratégie" (si l'on peut la qualifier ainsi...) similaire à celle de la France au début de l'épidémie. Contre l'avis d'un nombre croissant de scientifiques Suédois et autres, le gouvernement du social-démocrate Stefan Löfven mise sur la responsabilisation individuelle des citoyens et l'immunité collective. Ainsi les écoles primaires, garderies, commerces non essentiels, bars, restaurants restent ouverts ainsi que les espaces publics : les rassemblements de plus 500 personnes sont depuis peu interdits et, dans l'enseignement secondaire et universitaire, les cours sont donnés à distance. Seules les personnes âgées ont été invitées à se mettre en confinement mais... sur la base du volontariat et il est simplement conseillé aux familles de ne pas leur rendre visite. Voilà pour les mesures. Le pays compte pourtant 2286 infectés avec une forte accélération ces derniers jours, 36 morts dont 11 dans les dernières 24 h mais pour le moment la Suède conserve la stratégie initiale du Royaume-Uni et des Pays-Bas qui ont tablé sur cette immunisation de masse afin d'affronter le virus. La France avait fait de même... enfin... en France, nous avons surtout assisté à une improvisation totale avec des décisions (maintien des élections par exemple) et des discours sans queue ni tête voire délibérément mensongers comme ceux de la Ministre Buzyn, sans parler des bêtises de N'Diaye, des cas d'exceptions du confinement (les "banlieues" pour lesquelles, selon des propos de L. Nunez d'apès le Canard Enchaîné, l'État aurait tout simplement renoncé à faire respecter une mesure qui est imposée partout ailleurs) avant de faire marche arrière et d'adopter rapidement des mesures plus contraignantes pour ralentir une contamination exponentielle de leur population, le tout dans un contexte hospitalier tendu depuis des années. Un mathématicien de l'Université de Lund en Suède, Marcus Carlsson, a critiqué la stratégie suédoise en matière de lutte contre la COVID-19 : "Pourquoi est-il nécessaire de mettre ma famille en danger pour mener une expérience insensée impliquant 10 millions de personnes ?" a-t-il demandé. Une pétition circule en Suède pour que le gouvernement revoit sa copie en urgence. "Des représentants officiels du gouvernement [suédois] ont été confondus en train de citer de manière erronée les résultats d'une récente étude scientifique sur le corona. Pourquoi font-ils cela et où est-ce que ceci nous emmène ?" demande-t-il : https://www.theguardian.com/world/202... Voici sa vidéo (en anglais) : Certains Suédois observent ce qui se passe en Italie et Espagne (entre autres) avec inquiétude et il semble que le 1er Ministre l'ait bien compris en évoquant dans son allocution de dimanche dernier la possibilité d'un changement : « Je veux que vous soyez prêts pour plus de mesures à venir, parfois décrétées à la dernière minute et interférant parfois encore plus avec la vie quotidienne ». L'épidémiologue Anders Tegnell explique que l'approche de la Suède vise « à assurer une progression lente de la maladie », pour éviter que les personnes infectées ne mettent trop de pression sur les ressources en soin de santé. Selon lui, la pandémie « va se calmer naturellement en mai prochain pour reprendre à l'automne ». La stratégie ou plutôt le pari très risqué est donc celle de l'immunisation naturelle de masse, à savoir laisser le virus se répandre dans une partie de la population, particulièrement celle qui est le moins à risque de développer des complications pour atténuer les effets du coronavirus sur la population. Mais les critiques pleuvent, celle récurrente notamment de faire passer l'économie avant la santé. Attendre que plus de la moitié de la population tombe malade, avec un taux de mortalité entre 1 et 5 % selon les pays (probablement bien moins puisque quantité de personnes ne sont pas dépistée), c'est prendre le risque de laisser mourir un grand nombre de personnes vulnérables. Mis à part le traitement que préconise le Pr Raoult (menacé de mort selon des informations du Canard Enchaîné par un confrère), aucun traitement ou vaccin n'existe. Boris Johnson a fait radicalement machine arrière face à des simulations catastrophiques évoquant 250 000 victimes et les Pays-Bas infléchissent leur politique lentement mais la Suède (pays de fous ?) demeure une exception mondiale. L'afflux massif de patients dans les hôpitaux est un risque considérable que le gouvernement suédois semble ne toujours pas considérer malgré les exemples dramatiques italiens, espagnols et dans une moindre mesure français. Il reste beaucoup d'interrogations sur ce Covid-19, notamment sur l'immunité à long terme : « Pour le Sras, coronavirus proche du Covid-19, des études ont montré que les anticorps pouvaient baisser au bout de deux ans, précise la spécialiste Mircea T. Sofonea. Ce qui veut dire que pour ce virus proche, l'immunité n'est pas garantie à vie. Attention, ce n'est pas pour autant transposable au Covid-19, qu'on découvre seulement depuis décembre. Personne ne peut vous dire si les personnes qui ont été contaminées auront une mémoire immunitaire persistante dans un an. Nous avançons dans le brouillard. » Idem pour la possibilité de mutation : « Rien ne dit qu'une immunité de groupe soit suffisante si la pandémie continue dans d'autres pays, qu'elle y circule à bas bruit. Et revienne dans quelques mois avec des mutations telles que notre immunité ne la reconnaîtrait pas. » Ainsi, la grippe réapparaît chaque hiver avec des souches différentes, voilà pourquoi il faut se refaire vacciner chaque année. En Italie, le directeur de la Protection civile italienne, Angelo Borrelli, dans un entretien accordé au quotidien La Repubblica, a estimé, mardi 24 mars, que près de 640 000 personnes pourraient être contaminées, pour 64 000 cas confirmés. Le bilan est de plus de 6 800 morts donc environ 1% de létalité si l'on se fie à son estimation, sans parler de la surmortalité générée par l'encombrement des centres de soin. Les autorités suédoises jouent-elles volontairement avec la santé de la population ? Les responsables politiques suédois semblent surpasser les nôtres question irresponsabilité... et ce n'est pas une petite performance, mais elles se contentent de suivre les recommandations de leur Agence Publique de Santé et celle-ci a le discours suivant : "En Suède, la plupart des mesures pour se proteger de l'infection sont prises sans recours à la force. L'expérience ici montre qu'il est préférable qu'une personne bien informée, impliquée comprend, respecte les recommandations et prend ses responsabilités plutôt que de mettre en place des mesures coercitives" a statement from the Public Health Agency said. Nous verrons bien... Sources : Le devoir, le Figaro, thelocal.se, The Guardian (entres autres)
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/sweden-coronavirus.jpg
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