L'Histoire de la ville débute avec les ... français. Antoine de Lamothe-Cadillac, un aventurier et visionnaire, qui en 1701 fonde le Fort Pontchartrain du Détroit, première pierre de la ville, même s'il s'agit d'un fort militaire que les britanniques occuperont par la suite (de 1760 à 1796, soit bien après le traité de Paris qui mit fin à la guerre de l'indépendance des EAU en 1783). Dans les années 1930, Détroit était la quatrième plus grande ville des EUA. Mais dés les années 1950 la population a commencé à baisser, puis chuter inexorablement. Entre 1950 et 2013, elle a été divisée par plus de deux. Voilà une ville, symbole par excellence de l'absurdité industrielle, qui a connu et connaît encore une histoire tourmentée, du fordisme au sloanisme, de la ségrégation raciale aux pires émeutes (en 1967), du miracle industriel au pire effondrement économique qu'une ville américaine n'aient jamais connu. En 2011, c'est la faillite. Le nombre de maisons en ventes pour parfois quelques centaines de dollars (voire encore moins) est tout bonnement terrifiant. Une carte pour mieux comprendre. La ségrégation y sévit toujours, comme ailleurs aux EAU. La eight Mile Road (que tout le monde connait avec le film « 8 mile » racontant la vie d'Eminem est un exemple particulièrement symbolique de cette séparation raciale. http://detroithistorical.org/learn/encyclopedia-of-detroit/eight-mile-road. La crise a engendré la saisie de près de 70 000 habitations en 3 ans. La crise ? A Détroit, ce mot ne sied pas. Le mot juste est « effondrement ». Bienvenu à Détroit, « Motor town », connue dans le monde entier pour son industrie automobile, mais aussi popularisée, notamment dans le cinéma, comme capitale du crime : l'action du film Robocop s'y déroule. Axel Foley, le turbulent « flic de Beverly Hills » aux méthodes peu conventionnelles et incarné par Eddy Murphy en est originaire. « Grosse Pointe Blank » avec John Cusack se déroule principalement dans une banlieue blanche de Detroit (Grosse Pointe). Plus récemment on peut citer l'excellent « Gran Torino », de et avec Clint Eastwood dont l'action se déroule à Highland Park, dans la banlieue là encore. Un vrai décor bien plus authentique que les studios d'Hollywood pour séries post apocalyptiques à la Walking Dead. La ville connaît une criminalité 10 fois supérieure à la moyenne nationale. Etant en faillite, il manque de tout et la population, à l'image des maisons et des immeubles, est délaissée. Le mythique Tiger Stadium où on allait assister aux matches de baseball dans une ambiance typique a été réduit en un amas d'acier par les bulldozers. L'éclairage public est défaillant, la sécurité un privilège pour quelques quartiers seulement (ça n'a pas tellement changé depuis les années 70 de ce point de vue). Sa réputation repose bien sur une réalité. Selon une étude du Dailymail de 2016, Detroit est la 28ième ville la plus dangereuse au monde et la 3ième pour les EAU, derrière St Louis (Missouri) et Baltimore (Maryland). A ce stade de la lecture, on pourrait se contenter d'y voir le symbole de cette Amérique en pleine décadence, et que de toute façon ce miracle industriel n'aurait pas pu durer ; voilà bien une ville qui n'est que très rarement visitée car pas vraiment prévue dans les cicuits organisés pour touristes. Et pourtant le Michigan vaut le détour. Traverse city est l'une des 10 plus belles destinations aux EAU selon plusieurs quotidiens (cette vidéo très … promotionnelle en montre un aperçu). Et puis Détroit c'est l'Amérique dans toutes ses réalités, ses excès et ses espoirs. On peut découvrir la ville et un bout de son histoire au travers du très beau film de Florent Tillon : La ville se relève, lentement et elle vit une sorte de « Reset » typiquement américain, impensable chez nous où l'État providence serait immédiatement perçu comme le bouc émissaire idéal, la source de tous les malheurs. Les milieux d'affaire reprennent un peu confiance, mais surtout l'espoir d'un changement arrive peu à peu au travers d'une nouvelle manière de considérer la société. Dans une Amérique des fast food, de la sur-consommation, des mall géants et de l'automobile, Detroit et ses initiatives citoyennes (Do it ourselves) et sa solidarité est peut-être la leçon à retenir (lire cet excellent article). « If you want a free place to live, come to Detroit » : Il y aurait beaucoup à raconter, mais on ne peut évoquer Détroit sans parler de musique. Siège de la Motown (« Motown » est la contraction de « Motor Town ») qui a fait émerger Stevie Wonder, les Temptations, Diana Ross, The Jackson 5 et tant d'autres artistes célèbres dans le monde entier, la ville a été très active sur plusieurs scènes musicales. Stevie Wonder dont ce fut la ville de son enfance s'est présenté en 1993 pour devenir le premier magistrat de la ville mais sans succès. Voici un premier document avec quelques artistes qui ont fait le succès de la Motown dont Smokey Robinson. La personne qui s'exprime ici (à partir de la 2ième minute) n'est autre que Berry Gordy, fondateur emblématique du label qui a lancé ces artistes, beau-frère de Marvin Gaye. Passez directement le curseur à 7 minutes 45 secondes pour écouter l'immense Stevie Wonder. Ce qu'il dégage dés qu'il se met à chanter relève de la magie : Il faudrait des dizaines d'articles rien que pour parler de la Motown tant Détroit a vu débuter les plus grands artistes de Soul, mais outre ce style, c'est aussi une ville de Rock (Iggy Pop, MC5, etc. plus récemment le duo The White Stripes), une scène importante du punk, de techno, les artistes qui viennent de Détroit ne manquent pas. Pour les plus jeunes, on citera évidemment Eminem avec un morceau de circonstance : Pour ceux qui aiment ce style, l'excellent groupe The Suicide Machines : On terminera avec le Detroit Symphony Orchestra interprétant L'Arlésienne Suite N)1 de Bizet à l'Orchestra Hall, Detroit, Michigan, le ... 9 novembre 2014 (pas fait exprès pour la date ...) I love Detroit !
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/ville-detroit-doc.jpg
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