Attaque de drones israéliens contre un quartier résidentiel au Liban : plus aucun colon ne doit se sentir en sécurité, menace Nasrallah

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 25 août 2019, à l'occasion de la commémoration annuelle de la Deuxième Libération du Liban face aux groupes terroristes takfiris parachevée le 25 août 2017. Traduction : lecridespeuples.fr Note du traducteur : Contrairement à ce que suggèrent de nombreux médias, ce discours n'a pas été programmé suite à l'attaque israélienne, car il s'agit d'une célébration annuelle. Nasrallah ne pouvait que mentionner les frappes contre le Hezbollah survenues la veille au Liban et en Syrie, mais ce discours ne constitue pas une réponse à ces actes d'agression. L'usage du Hezbollah, confirmé en janvier 2015 suite à l'attaque israélienne à Quneitra, est de riposter sur le terrain avant de prendre la parole. Transcription : [...] J'en viens à Israël. Priez sur Mohammad et sur sa famille. [Audience : O Mon Dieu, prie sur Mohammad et sur sa famille !]. Ce qui s'est passé la nuit dernière est très dangereux, et je vais expliquer en quoi, car il faut que (la fermeté de) notre position soit à la hauteur de l'événement et du danger. Que personne ne minimise la chose et la considère avec désinvolture. Je proposerai mon analyse (après un rappel des faits). Voilà ce qui s'est passé : dans la nuit d'hier, dans les cieux de la banlieue sud de Beyrouth, un drone très moderne est entré – je le précise bien car ce drone est entre nos mains, et on le montrera peut-être aux médias ; plus tard, on se mettra d'accord avec les instances sécuritaires officielles à ce sujet ; nous possédons également les débris du deuxième drone (kamikaze). Ce n'est pas du tout le type de drone qu'on peut louer dans les villes ou les villages pour filmer les mariages et les célébrations, pas du tout. C'est un drone militaire très moderne, qui fait presque deux mètres de long, de technologie militaire très pointue. Le premier drone est entré de nuit dans la région ciblée, à savoir une certaine rue du quartier Ma'wad dans la banlieue sud de Beyrouth. Le premier drone était un drone de surveillance qui n'avait d'autre rôle que de recueillir des informations, car il ne contenait aucun engin explosif. Il est descendu très bas, jusqu'à se retrouver entre les immeubles. Cela signifie qu'il filmait sa cible de manière très précise, ou du moins essayait de le faire. Comme l'ont annoncé les relations médiatiques du Hezbollah, nous n'avons pas abattu ce drone. Ce sont des jeunes du quartier qui, en voyant ce drone de deux mètres de long volant si bas, entre les immeubles... Plus je vais parler franchement et clairement, plus ce sera facile de comprendre, car il faut se baser sur les vérités, et non sur les illusions ou les suppositions. Ces jeunes ont donc commencé à jeter des pierres sur ce drone, qui est alors tombé. Soit il est tombé à cause d'un défaut technique, soit du fait des jets de pierre, et on voit clairement sur le drone qu'il a été abîmé par une pierre. Le drone est donc tombé au sol. Après un moment très bref, c'est-à-dire une à deux minutes maximum, un autre drone est arrivé de manière agressive et a frappé un certain endroit. Donc il ne s'agit pas d'un drone qui se trouvait là pour observer, et qu'ils auraient fait exploser du fait d'un incident, en aucune manière. Ce qui s'est passé hier soir est une attaque par un drone kamikaze contre une cible située dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. Voilà la description précise qu'on peut faire à partir des données de terrain. Pourquoi disons-nous que c'est dangereux ? Le fait qu'il n'y ait eu aucun tué et aucun blessé, par la grâce de Dieu, ne rend pas cet incident moins dangereux. Bien sûr, des immeubles ont été touchés, leurs vitres et leurs façades ont subi des dégâts, de même que les meubles des appartements, des bureaux... Il y a eu des dégâts matériels. Par la Grâce de Dieu le Très-Haut et l'Exalté, cette attaque s'est produite durant la nuit de samedi à dimanche, et vous savez que les samedis et dimanches, on peut jouer au football sur les voies principales de la banlieue sud de Beyrouth (les rues sont désertes), car la plupart des habitants passent (le week-end) au sud ou dans la Bekaa. C'est un bienfait de Dieu le Très-Haut et l'Exalté. Car sans cela, en toute certitude, il y aurait eu des martyrs et des blessés. Dieu le Tout-Puissant nous a comblés de Sa bonté la nuit dernière. Il y a eu une forte explosion, que beaucoup des habitants de la banlieue sud de Beyrouth ont pu entendre. Ce n'était pas une petite explosion. Cette attaque de drone kamikaze contre une cible dans la banlieue sud de Beyrouth est le premier acte d'agression depuis le 14 août 2006. Car en ce qui concerne la frappe qui a eu lieu sur Jenta il y a quelques années (en février 2014), on peut se dire que ce point est situé à la frontière syro-libanaise. Mais aujourd'hui, il s'agit d'une agression claire et au grand jour. Bien sûr, tous les médias israéliens parlent de deux drones kamikazes, ou d'un drone kamikaze qui a frappé la banlieue sud de Beyrouth. Maintenant, si quelqu'un au Liban, dans le monde arabe ou sur les chaines TV satellites veut prétendre qu'il ne s'agit que d'un incident local (mineur), ne concernant que le Liban, avec des drones que n'importe qui peut acquérir, c'est parfaitement faux. Nous vous montrerons ce drone avec la grâce de Dieu, et vous aurez la certitude que ce n'est pas un drone qu'on peut acheter sur le marché. Dans les faits, Israël même reconnait, via ses déclarations officielles et tout ce qu'on peut lire dans les médias, avoir perpétré cette incursion aérienne. C'est une violation flagrante des règles de confrontation qui ont été établies après la guerre de 2006. C'est la première violation claire et majeure. Je ne vais pas parler des autres violations, que ce soit contre notre espace aérien, notre territoire, tout cela pouvait être toléré (provisoirement). Mais il s'agit là d'une violation majeure et dangereuse, et c'est Dieu qui, dans Sa bonté, a empêché qu'il y ait des victimes. En ce qui nous concerne, Netanyahou et ceux qui ont pris cette décision se fourrent vraiment le doigt dans l'œil s'ils croient qu'on peut ignorer une telle attaque. Certains pourront nous dire qu'il n'y a pas de martyrs ni de blessés, seulement des dégâts matériels, et qu'on peut donc passer l'éponge. Mais là n'est pas la question. Le fond du problème, c'est que cette incursion... Ecoutez-moi bien, que les Libanais m'écoutent attentivement : si on se tait sur cette violation, cela ouvrira la voie à un scénario très dangereux pour le Liban. Car tous les deux ou trois jours, on verra une voiture piégée... Pardon, on verra un drone piégé, un drone kamikaze cibler tel bâtiment, tel endroit, tel champ, tel terrain, telle mosquée, tel complexe... Au prétexte que c'est une frappe de drone, et qu'on ne peut savoir (avec certitude) d'où elle vient, (nous serions condamnés à ne rien faire). En d'autres termes, ce sera une répétition du scénario qui se déroule actuellement en Irak. A présent, que le monde entier m'écoute attentivement. Je vais parler de manière très précise. Il y a un scénario implémenté en Irak depuis plusieurs semaines. Dans différentes régions, des stocks d'armes des Unités de Mobilisation Populaire (UMP) sont repérés par des drones, et juste après, des explosions y retentissent. Que le drone ait tiré un missile ou qu'il s'agisse d'un drone kamikaze, c'est ce que l'enquête révèlera. Une explosion, deux explosions, trois explosions, quatre explosions... Toutes pour le moins revendiquées de manière implicite par Israël, qui s'en vante. Car Netanyahou a besoin de telles opérations maintenant, j'en parlerai dans un instant. Ce processus a suivi son cours en Irak : un premier dépôt d'armes, un deuxième, un troisième, un quatrième, un cinquième... Et ils continuent sur cette voie. Maintenant, la manière dont l'Irak va se comporter face à cela, qu'il s'agisse du gouvernement, de l'armée, des UMP ou du peuple irakien, c'est leur problème, et je ne m'ingère pas dans leurs décisions. Mais en ce qui nous concerne au Liban, nous ne permettons pas qu'un tel scénario nous soit imposé. Nous n'acceptons pas de subir la même chose. C'est absolument impossible. Et nous ferons... Vous êtes habitués à de telles déclarations de notre part (et vous en connaissez le sérieux). Nous ferons absolument tout ce qui est nécessaire pour empêcher qu'un tel scénario soit imposé au Liban. Tout ce qu'il faut faire pour l'empêcher, nous le ferons (sans aucune hésitation, et quelles que soient les conséquences). [Audience : A ton service, ô Nasrallah !] Tout cela est entre nos mains, et nous en sommes parfaitement capables. L'Etat libanais assume ses responsabilités et condamne (l'attaque d'Israël), c'est bien. Il considère que ce qui s'est passé est une agression, c'est bien. Il porte plainte à l'ONU, c'est bien. Il parle aux Etats-Unis et à l'Europe (pour qu'ils fassent pression sur Israël), c'est bien. Mais tout cela ne suffira pas à mettre fin au processus dangereux qui peut détruir à nouveau le Liban, le renvoyant à la situation d'avant l'an 2000 (et la Libération). Nous, la Résistance Islamique (Hezbollah), ne permettrons jamais un tel scénario, quel que soit le prix à payer (pour le stopper). [Audience : A ton service, ô Nasrallah !] Le temps où les avions israéliens pouvaient venir frapper tout endroit du Liban tandis que l'entité usurpant la Palestine restait en sécurité, dans quelque région de l'entité que ce soit, est bel et bien révolu. C'est du passé, c'est de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, j'ai lu que l'armée israélienne a affirmé à la population du nord (d'Israël) qu'il n'y a aucun danger, et que les habitants peuvent mener leur vie normalement. Aujourd'hui, depuis le village d'al-'Ayn, dans la Bekaa, en cette deuxième commémoration annuelle de la Deuxième Libération (du Liban face aux groupes takfiris), lorsque avons vaincu Daech et Al-Nosra au Liban, qui sont les groupes des Etats-Unis et d'Israël, je déclare à tous les habitants du nord d'Israël et de toute la Palestine occupée : ne vivez pas (normalement), ne soyez pas en paix, ne vous sentez pas en sécurité, et ne pensez pas une seule seconde que le Hezbollah acceptera un tel scénario (où il subirait de telles agressions dans ses quartiers résidentiels sans riposter contre les colons). [Audience : A ton service, ô Nasrallah !] Et notre première riposte... Notre première riposte... Ici aussi, écoutez-moi bien. Voici notre première riposte, qui a besoin d'un peu d'explications. Depuis 2000, et ensuite depuis 2006, nous avons vécu avec la présence (constante) des drones (israéliens) dans les cieux libanais. Nous avions la capacité de les abattre, mais nous ne l'avons pas fait, afin que personne au Liban ne vienne philosopher avec nous en accusant le Hezbollah de créer des problèmes, de mener le pays à la guerre, d'entraver le tourisme et l'économie, etc., nous faisant porter la responsabilité de tous les maux. Ok mon frère, (nous avons pris notre mal en patience), malgré le fait que la présence des drones d'observation israéliens n'est pas seulement une violation de la souveraineté libanaise, mais une mise en péril de notre sécurité. Ici, au-dessus de la banlieue sud de Beyrouth, au-dessus (du palais présidentiel) de Baabda, au-dessus de toutes les régions libanaises, du sud, où les habitants dans leurs villages entendent (quotidiennement) le bruit perturbant des drones israéliens au-dessus de leurs têtes, sans que personne ne fasse quoi que ce soit ! Depuis 2000, et jusqu'à 2019, nous n'avons cesser de demander à l'Etat et au gouvernement (de faire quelque chose), et vous vous souvenez que j'ai soulevé cette question dans de nombreux discours pour qu'une solution soit trouvée. La résolution internationale 1701 ayant mis fin à la guerre de 2006 interdit les violations israéliennes : pourquoi ne cessent-elles pas ? Dorénavant, je vous déclare que les drones israéliens qui entreront au Liban ne seront plus considérés comme des drones violant notre souveraineté ou visant à rassembler des informations, mais comme des drones kamikazes visant à réaliser des assassinats. Et par conséquent, nous avons le droit le plus strict de les abattre. La mise en œuvre de ce droit dépendra des circonstances : nous ne le ferons peut-être pas chaque jour ou chaque semaine, peut-être le ferons-nous à chaque heure, ça dépendra de notre tactique. Mais je vous le dis très clairement, même si je sais que certaines personnes en seront fâchées, mais qu'elles se fâchent ! Qu'elles se fâchent à leur guise ! Dorénavant, nous confronterons les drones israéliens dans les cieux du Liban. Nous œuvrerons à abattre les drones israéliens qui pénètrent l'espace aérien libanais. Que les Israéliens le sachent dès aujourd'hui. Nous n'attendrons absolument personne, qui que ce soit dans le monde entier. Nous ne permettrons pas que nos villes et nos villages soient un champ de tir, un terrain de chasse ou d'assassinat, ni un espace où notre sécurité peut être violée impunément. Ce temps est révolu. Et si quelqu'un au Liban est soucieux d'éviter tout problème, qu'il s'adresse aux Américains, qui parleront à Israël, et ils rentreront à la niche ! Ils rentreront à la niche ! [...] Deuxième partie sur les frappes israéliennes en Syrie, qui ont tué deux combattants du Hezbollah :
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