« On nous demande de risquer notre vie sans aucun respect » : face au Covid-19, des élèves-infirmières à 1,08 euro de l’heure

Source : Marianne, Thomas Rabino
Partout en France, des étudiants en école d’infirmières sont appelés en renfort. Mais un salaire de misère et un statut flou alimentent leur colère.
Le 30 mars dernier, les étudiants des Instituts de formation des soins infirmiers du Groupement de coopération sanitaire du pays d’Aix (IFSI-GCSPA), qui comprennent quatre écoles dans la région Sud, recevaient un courrier électronique de leur encadrement. Son objet ? Un appel à la mobilisation pour faire face à l’épidémie de Covid-19 à la suite d’une demande de renfort formulée par l’Agence régionale de santé : « Les volontaires seraient les bienvenus d’autant plus si vous avez déjà fait un stage en réa », précisait le mail.
Dans la foulée, les candidatures affluaient. Voilà près de trois semaines que la situation se présente dans la moitié-Nord du pays : si dans les Hauts-de-France, le Conseil régional leur alloue une indemnité de 1.400 euros net, il s’agit là d’une exception, au grand dam de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI). Unique représentante de la filière, l’organisation appelle néanmoins à « répondre à l’appel de solidarité nationale », tout en rappelant que ses membres « ont des droits ». C’est sur ce point que le bât blesse.
Dans la région Sud comme ailleurs, les étudiantes sont en effet appelées officiellement à exercer les tâches d’aides-soignantes, mais aussi pratiquer des gestes infirmiers. Pour cela, les élèves de 2e et 3e année (proche de l’obtention de leur diplôme) sont respectivement payées 1,08 euro et 1,42 euro de l’heure, soit le barème prévu en période de stage. Pourtant, toutes ont validé à l’issue de leur première année d’étude un diplôme d’aide-soignante qui permet déjà d’effectuer des vacations pendant leurs temps de repos, et de toucher ainsi le salaire correspondant. La pandémie y met un terme et pose un cruel dilemme : soigner et renoncer à toute considération salariale, ou manifester son désaccord et être accusé de porter des revendications dans un contexte de crise.Lire la suite

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